Le système scolaire en Chine

Au mois de septembre dernier, Trois Quatorze lance, auprès de tous ses participants au programme d’une année scolaire à l’étranger, une enquête sur les écoles étrangères. Cette enquête porte sur les structures, les horaires, les relations et les objectifs des différents systèmes éducatifs. L’idée est que chaque jeune nous présente l’école (au sens large) au sein de laquelle il vit et étudie pendant une année. Aux informations purement techniques s’ajoutent des commentaires personnels des élèves (différences avec le système français, atouts et complémentarité des enseignements). Après avoir présenté les écoles de Russie, d’Afrique du Sud, d’Allemagne et des États-Unis (voir N°29), Trois Quatorze lève le voile sur celle de Chine.

Lycée en ChineDeux participantes PIE étudient actuellement dans des lycées chinois. Elles établissent un bilan très parlant sur cette école a priori« exotique » (voire même anachronique) mais qui, aux yeux de nos enquêtrices, ne manque pas d’atouts. A savoir : les étudiantes PIE sont pensionnaires – mais leurs réflexions sont d’autant plus valables qu’une très grande majorité de jeunes chinois sont scolarisés en internat.

Structures des études

Le système est des plus simples. Le tronc est commun de l’école primaire (zhong xiao xué) au lycée (xué xiao) en passant par la junior school (gong xué). Au niveau du lycée, toutes les matières sont obligatoires. Il y a quelques variantes suivant les régions et les écoles, mais ces variantes semblent minimes. Les matières ont autant d’importance les unes que les autres. Il n’existe pas ici de hiérarchie, entre maths et musique par exemple, comme il en existe en France.

Rythme scolaire

Exemple d'emploi du temps au lycée de shengyangL’école commence à 7 h le matin et se termine aux alentours de 20 h 30 ! Il y a une coupure importante pour les deux repas, qui se prennent vers 12 / 13 h et vers 17 h 30. Les heures qui suivent le repas du soir sont le plus souvent des heures d’études (durant lesquelles les élèves font leurs devoirs du soir). Tous les élèves chinois (qu’ils soient ou non pensionnaires) les font à l’école et non à la maison. L’étude est également obligatoire le dimanche !
Avant le premier cours de la matinée (il est donc à 7 h) tous les élèves sont réunis. C’est la levée du drapeau. «Pendant qu’on hisse le fanion, on chante l’hymne national.» «Pour entrer en cours, on se met en rang.»
Vers 10 h ont lieu les exercices du matin. «Tout le monde va sur le terrain de sport, on est aligné les uns derrière les autres, garçons devant. On fait des étirements, un peu de gymnastique.» «La plupart du temps ces exercices se font en musique, on marche comme des militaires : une-deux, une-deux». On organise même, à l’intérieur des écoles, des compétitions d’«exercices du matin». «C’est la classe qui exécute les mouvements avec le plus de synchronisme et d’élégance qui l’emporte».
Les pauses de 11 h et de 15 h 30 sont consacrées à la relaxation «on se masse le cou, on se frotte les yeux», «ça dure 10 minutes, on fait ça en musique», «c’est agréable».
La place du sport semble dépendre du standing de l’école. Si le lycée est moderne, chaque classe possède sa couleur de survêtement, les filles et les garçons sont séparés, l’entraînement est poussé et sérieux. Danse, athlétisme, basket, football et ping-pong sont les sports les plus prisés. On notera qu’en Chine la danse est une matière scolaire à part entière. Ici on étudie et on travaille la danse au même titre que les maths ou l’histoire. Ce n’est, à notre connaissance, le cas dans aucune école secondaire d’un pays occidental.
Dans les écoles plus modestes les cours de sport sont plus folkloriques. «On n’a pas de vestiaires – on ne se change pas – quand le prof vient, et c’est loin d’être toujours le cas, il nous fait faire deux sauts de haies puis nous dit de faire ce que l’on veut. En général les garçons se précipitent sur le ballon et tapent dedans».
Après les derniers cours du soir, les élèves font le ménage («poussière, tableau et rebord des tableaux, tables, fenêtres et sol») «et tous les matins quelqu’un passe dans la classe pour vérifier que ça a été bien fait».
Chaque cours dure 40 à 45 minutes. Il y a une dizaine de cours par jour. Le mêmes cours se répètent tous les jours de la semaine. Chaque jour (à l’exception du lundi, jour consacré au discours) une heure de cours est donnée par un élève. «C’est très formateur», nous dit-on.
L’année débute dans les premiers jours d’août et s’achève fin juin. Elle est scindée en deux semestres (août-décembre / février-juin) et séparée par un mois de vacances. Il n’y a pas d’autres coupures dans l’année.
Nos participantes sont unanimes pour trouver ce rythme très (trop) soutenu. «La journée est trop longue, de même que la semaine, de même que l’année.» «Les élèves sont très fatigués.» «Beaucoup dorment pendant les cours. Même si les professeurs le comprennent, ce n’est pas idéal.»

Relations et attitudes

Les élèves ont un sens de la discipline très poussé. «Il y a un immense respect envers les professeurs.» «Au début et à la fin de chaque cours les élèves se lèvent et les saluent.» On trouve trace de ce respect à l’extérieur de l’école, où le professeur est considéré comme «quelqu’un de très honorable». «Je pense, nous dit une de nos enquêtrices, que ce comportement est tout à fait normal dans la mesure où, en Chine, les élèves qui peuvent pousser leurs études se savent privilégiés et font tout pour bien travailler.» Une participante nous précise : «C’est même un élève qui surveille l’étude – et, croyez moi, il est très strict ! ». Quant à la tenue vestimentaire, là encore des règles sont définies : «pas de bijou, pas de maquillage, pas de verni, pas de couleur sur les cheveux !». C’est clair, précis et ça ne supporte aucune entorse, « sauf pour les étudiants étrangers».

Ambiance : Nos Françaises la jugent très bonne, très agréable. «Les élèves sont très unis, très proches. On rit beaucoup, même pour se moquer, mais c’est toujours gentil.»

Objectifs

Le système scolaire chinois semble insister sur deux points : le goût pour les études et l’acquisition des connaissances. D’après nos participantes, il atteint globalement ses objectif. Le niveau est jugé très bon, voire excellent, et les élèves bien adaptés à ce qu’on leur propose. Une attention particulière semble être donnée au travail de groupe.
Gros point noir (en dehors du problème de la surcharge de travail) : les effectifs. «Les classes ont 40 à 50 élèves, parfois même 70 !»

Anecdote

«Nous avons souvent des réunions dans le grand amphithéâtre de l’école. Le chant y tient une place très importante : hymne national, chanson de l’école, chanson de la classe. Il existe notamment une journée des professeurs où tous les élèves, individuellement ou collectivement ,chantent. A l’occasion de cette journée ma classe nous avait demandé d’interpréter (à nous les francophones) quelque chose en français. Nous avons choisi Petite Marie de Cabrel. Mais ils n’ont pas du tout apprécié – ils ont dit que nous chantions faux. Alors nous avons improvisé une chorégraphie sur Alexandrie, Alexandra de Clo-Clo. Et là nous avons eu un franc succès.»

Article paru dans le journal Trois-Quatorze n°30