Je ne vous ai pas écrit avant. Je ne savais pas quoi dire. Maintenant je sais. L’année bientôt s’achève ; bientôt, c’est le retour au mode de vie que je connaissais. Je vais changer, une fois encore ! Cette année restera ma favorite : nouveaux amis, nouvelle famille, nouveaux sports. Ma vie a changé du tout au tout et j’espère pour toujours.
Je suis partie impatiente et tranquille, avec le sourire. J’ai juste dit : « Au revoir, et à dans dix mois », j’étais tellement curieuse de connaître l’autre versant du monde. Arrivée de l’autre côté – je veux dire, en arrivant à l’aéroport – je me suis retrouvée un peu perdue. Jusqu’à ce que j’aperçoive une grande pancarte avec inscrit dessus : « Welcome Adèle ! » J’ai compris alors que j’avais atterri au bon endroit, et que j’étais tombée dans une famille parfaite pour moi.
On m’a toujours dit que l’Alabama n’était pas le meilleur endroit où séjourner. Mais l’Alabama n’est pas du tout ce que l’on imagine. Ici, j’ai ma petite vie, mes amies que j’aime et que je ne veux pas quitter. Les mois passent. Le manque ne s’installe pas. Mon anglais progresse, il passe du statut d’inexistant à courant. À ce niveau, le premier jour de classe est clairement le plus dur de tous. On est perdu, déboussolé, mais, grâce à l’aide de quelques personnes, on prend rapidement des repères. Alors qu’au début on a du mal à s’orienter, on finit, après quelques jours, à se déb-rouiller seuls : on ne réfléchit plus. On ne se demande plus où l’on va, on ne cherche plus sa route : nos pieds nous conduisent seuls et l’on se laisse aller.
Mes moments favoris restent « Homecoming », « Sadie Hawkins » et la fameuse « Prom », quand on va chercher sa robe avec ses copines — ou bien, si l’on est un homme, son costard… mais sans ses copains ! — Que voulez-vous, les filles sont comme ça : elles aiment les essayages et le shopping. Dans ce pays, j’ai adoré le sport. J’ai aimé par exemple chercher à comprendre le principe du football américain. Vos amis vous expliquent, une fois, deux fois, cinq fois, mais vous ne pigez toujours rien. Et le baseball aussi, ce sportétrange — le favori des américains — qui vous laisse un peu sans voix, mais qu’il faut avoir vu et vécu pour pouvoir dire : « Voilà, ça, c’est l’Amérique ! »
En Amérique on rencontre des Américains, mais aussi des russes, des Ukrainiens, des Japonais, des Coréens… Il y a plein d’étudiants. Ils ont tous la même idée : partir, parler anglais ; la même volonté : mûrir, rêver, faire que son avenir ressemble à ce que l’on a toujours voulu qu’il soit, faire en sorte qu’il ne devienne pas forcément conforme à ce que les adultes nous ont proposé.Cette année est ma favorite. Ces changements m’ont plu. J’ai apprécié l’autonomie. Je suis heureuse de savoir que l’on peut arriver à ses fins,et qu’il faut simplement ne pas baisser les bras.
Adèle Hoover, Alabama, Un an aux USA