Cette nuit, j’ai rêvé. Rien de bien original, me direzvous… sauf que j’ai rêvé en anglais. Et là je comprends que cette expérience m’est bénéfique. Il y a des hauts et des bas, ici. Mais comme dans la vie, n’est-ce pas ? J’ai atterri le 17 septembre sur le sol américain après avoir attendu de longs mois d’avoir une famille. J’étais dans les 10 derniers à être placés. Comme quoi, il ne faut jamais désespérer. Il faut plutôt s’accrocher à son rêve ; c’est ce que j’ai fait et je ne le regrette pas. Les débuts n’ont pas été simples : je me suis perdue dans l’aéroport de Philadelphie, et après une heure à la recherche de ma famille d’accueil, j’ai eu l’immense honneur d’entendre mon nom — prononcé avec un accent « so american » — sortir par tous les hautparleurs et résonner dans tout l’aéroport. « Voilà ma famille », me suis-je dit. Sauvée ! Lendemain matin, 7 heures : on file en direction du lycée, pour remplir les formulaires d’inscription afin que je commence les cours, dès le lundi suivant. Là, le surintendant me signale qu’il ne veut plus m’inscrire ! Après une bataille d’une semaine avec le « School District » je finis par intégrer le lycée — je suis quitte pour une bonne peur. Premier jour de cours : immersion totale et garantie dans un nouveau monde — les bus jaunes, les « lockers », la cafeteria, les cours, les joueurs de foot, les chorales, les profs qui te « Hug » quand tu entres en cours, les matières incroyables et inconnues en France : « Understanding Children » (un cours où on s’occupe d’un bébé), « Ceramic », « Voice Lab », « International Foods », « Robotics »…. Je me suis vite faite à l’école ; ce système me convient très bien : c’est moins compliqué qu’en France, plus accueillant (même si pour faire de vraies connaissances, ça prend du temps). J’ai maintenant un bon cercle d’amis (je ne parle pas de ceux qui disent m’adorer, et qui ne s’intéressent à moi que parce que je suis Française), je parle de tous ceux que j’aurai tant de mal à quitter en juin (et notamment tous ceux que j’ai rencontrés quand on a monté la comédie musicale de notre lycée). En écrivant cela et en pensant à eux, j’ai déjà les larmes qui me montent aux yeux. En une année, j’ai vécu deux très violentes tempêtes de neige — je n’oublierai jamais —, ma famille d’accueil m’a emmenée partout à Philadelphie, dans les montagnes Poconos, à New-York, à « Disney World » en Floride. J’ai eu beaucoup de chance, mais je ne pense pas, ceci dit, qu’il y ait de bonnes ou de mauvaises familles. Chacune a quelque chose à vous apporter. Si je pouvais revenir en arrière, rembobiner mon année jusqu’à mon arrivée sur le sol américain, si je pouvais m’arrêter sur chaque phase et sur chaque détail, m’appesantir sur les hauts et sur les bas… et si après avoir regardé et analysé tout cela de près, je devais répondre à la question : « S’il fallait le refaire, le referais-tu ? », sans hésitation aucune, je répondrais : « Oui. » J’ai le coeur lourd, car j’ai déjà atteint la moitié de mon année. Je vais profiter au maximum des mois qu’il me reste à vivre ici. Carpe Diem.
Justine, Fairless Hills, Pennsylvania, Un an aux USA en 2010