Nicolas nous entraîne au coeur de son école et de sa famille et nous aide à mieux comprendre la réalité d’un stage de préparation. Balade studieuse, distrayante et heureuse, à Topeka Kansas, avant de prendre l’avion, pour rejoindre sa résidence
Semaine 1
Lundi — Premier jour de cours. C’est très facile, j’ai trois profs : Mrs Kearns, Simmens et Mc Landon. Elles nous ont filé plein de fournitures. L’après-midi, retour dans la famille. Je fais mes devoirs en priorité. Et après, quand on me parle, j’essaie de distinguer les mots que j’ai appris. Le soir, je regarde un vieux film dans un cinéma en plein air avec toute la famille. Très vieux film. Il faisait très froid, j’ai rien compris, mais c’était fun !
Mardi — Sortie à Kansas City. On a visité le musée de la carte postale. Le soir nous avons vu un match de baseball. C’était très bien. L’équipe locale a gagné. Nos familles d’accueil sont venues nous chercher à minuit et demi – croyez-moi, il faut le vouloir pour être famille d’accueil ! Bref, toujours plus de « homework » et moins de temps pour faire autre chose.
Mercredi — J’ai perdu mon appareil dentaire de nuit. Je l’ai cherché partout, mais impossible de remettre la main dessus. J’ai peur que l’un des chiens ne l’ait mangé. J’ose pas trop aller fouiller dans le jardin autour de la niche !
Jeudi — Je mange bien, je dors bien (mais jamais en cours) et je parle bien anglais (on me fait même des compliments).
Dimanche — Le dimanche est à l’église ce que le mercredi est à la purée. Aujourd’hui donc, tout le monde va à la Sunday School, l’église des moins de 21 ans. Katie, Michael et moi nous nous retrouvons dans la salle spécialisée, à côté de l’église, où il y a des billards et des trucs comme ça. Le prêtre arrive. C’est pas un mec en soutane, non pas du tout, mais plutôt un genre voisin, en polo et jean. Tout le monde se lève et chante des chansons endoctrinantes sur le bonheur d’être chrétien, la suprématie de Jésus… Le prêtre fait un speech, on contemple la joie et la gentillesse qu’exalte le « Prince of Peace ». Chacun, ensuite, serre la main des personnes qui se trouvent autour de lui —même s’il leur a déjà dit bonjour le matin ! Moi j’ai droit au : « Comme tu es Français, je te « kiss » les joues ou je te serre la main ? » Ha, ha ! Nouveau petit speech du prêtre, où il est question d’apocalypse et d’incapacité à y faire face. L’après-midi, je fais la sieste.
Semaine 2
Lundi — Le matin, cours. Je participe à tout cela avec intérêt. Je travaille beaucoup. L’après-midi, bowling. Le bowling et moi on n’est pas trop copains. Et en plus ils ont changé le peu de règles que je connaissais. Mais, c’était bien sympa quand même.
Mercredi — Cours le matin. L’après-midi, retour dans les familles pour s’habiller en vue du spectacle du soir. Je dois enfiler un smoking. L’idée est que je ne dépareille pas du reste du public. Moi, pour ne pas me taper l’affiche, j’accepte. Cravate, et tout, et tout. Toujours est-il que le soir venu le reste de la salle arborait un humble tee-shirt, ou —dans le meilleur des cas— une robe à fleurs. Je vous laisse imaginer l’impression laissée par nos deux fançaises habillées en femmes fatales et nos amies asiatiques dans leurs robes brillantes et étoilées. Quant à moi !… Je n’en parle même pas. Enfin, j’ai beaucoup ri avec ma famille. En tout cas, le show, « La Belle et la Bête », version Disney, était vraiment impressionnant. On était ravis. Placés au premier rang, on pouvait presque toucher les acteurs. Ils étaient compétents, très compréhensibles, ça chantait en anglais, ça dansait. L’attaque par les villageois, avec les trente demoiselles déguisées en petites cuillères ne pouvait pas laisser indifférent.
Jeudi — La prof est ravie de mon travail. Ma « host family » aussi : « Goudeuh boyeuh ! ». Le soir, je discute avec eux d’un parfum de glace que je souhaite goûter le week-end suivant, et ma mère me dit : « Pourquoi attendre ? » Il est 22 heures, et nous voilà partis au « Fairy Queen » et je peux avaler ma première « Chocolate chip cookie daught ». J’avais peur d’un truc énorme et écoeurant. Ben, c’était super bon.
Vendredi — Excursion à Abilene ? J’ai vu la « Chocolate factury », elle était petite et décevante. Ensuite on a visité le musée du téléphone. Et pour finir on a vu un vrai rodéo. Spectaculaire. On est rentrés vers minuit. Douche et dodo.
Samedi — J’ai dormi jusqu’à 11 heures. J’ai fait mes devoirs. On est allés manger mexicain. J’ai enfin retrouvé le fameux appareil dentaire auquel je tenais tant. Je préfère ne pas vous dire où !
Dimanche — Eglise. Courses. Et e-mail de la mort. Au fait, j’ai reçu un mail de Papi et Mamie. Ils m’écrivent : « Tu dors bien, tu manges vite et tu ranges ta chambre. Les Américains ont plus de résultats en 3 semaines que nous en 15 ans ! » J’ai bien ri.
Semaine 3
Lundi — On en sait un peu plus sur les « affectations » : Yuka va dans l’Illinois, pas très loin de moi (il est fort possible que je la revoie). Satoko reste à Topeka, Tomo n’est pas encore placée, Lee va dans l’Ohio, tout comme Serina. Mizuki va dans le Missouri et May dans le Texas ! Aujourd’hui visite des pompiers. On pouvait enfiler le costume et prendre une photo. Normalement ça prend une minute par personne. Mais quand mon tour est venu, les pompiers m’ont fait la totale : essais avec le camion, lance à incendie, et tout et tout. J’ai posé pour 22 photos. Il faisait 40° ! L’après-midi, on a eu cours – je suis resté assidu.
Mardi — Nous avons reçu la visite de 5 professeurs de « High school ». Mercredi — Les étudiants français devaient faire des crêpes. Pendant que la pâte reposait, on est partis visiter les « Rescue missions », centre de redressement et d’aide aux drogués et aux personnes en difficulté. On ne leur a pas servi à manger, ni quoi que ce soit. On a juste observé la misère. Super ! —Oui, je sais, je deviens chrétien ! En parlant de misère, revenons aux crêpes. Ma pâte était superbe… mais la Française qui les a fait cuire… Bon je vais pas me mettre à dénigrer une compatriote.
Vendredi — Méga journée de la mort…. dans un méga centre d’attraction : «World of fun ». La montagne la plus haute et la plus rapide du monde. J’ai fait toutes les attractions de niveau 5, « Patriot » compris ! J’ai mangé la barbe à papa la plus rentable de ma vie : 25 cts !
Samedi — Rien de spécial. Grasse matinée, devoirs, télé, etc.
Dimanche — Eglise. Ça me manquait. Il paraît que je commence à ressembler à un Américain et qu’en me croisant dans la rue on ne peut pas deviner que je suis un étudiant d’échange. Je ne sais pas comment je dois prendre ça. Ma famille d’accueil m’a dit que c’était un compliment. Mon père d’accueil m’a dit que j’étais très chrétien dans ma façon d’agir avec les autres. Mon anglais s’améliore. Bref ! Sinon j’ai pris une grande décision : après les USA, j’enchaîne avec un an au Japon et un an à Taïwan.
Semaine 4
Lundi — Nous sommes allés visiter le Capitole de Topeka. C’est là que le gouverneur du Kansas règle ses petites affaires ! Ensuite nous avons visité un musée sur le racisme. C’était très intéressant. Cours l’après-midi.
Mardi — Cours le matin, famille de rêve l’après-midi.
Mercredi — Journée Japon : on fait des origamis (pliages), des onigris (boulettes de riz), assisté à une authentique cérémonie du thé, et participé à un grand concours de rapidité pour manger le riz à la baguette. Je suis arrivé en huitième de finale, en compagnie de 7 japonaises ! Je vous laisse deviner la suite…
Vendredi — Les familles nous ont rejoints à l’école. Grand festin de joie, chansons, hymnes, diplômes. J’ai reçu les félicitations de mes professeurs. Le soir, avec ma famille, on a fait un feu de camp. On a brûlé des « mashmallows » – ils m’ont offert des cadeaux. Ce fut un moment d’exception. Autant dire que le dimanche matin ne fut pas très gai. Mes « host parents » se sont levés à 5 heures pour m’amener au bus. J’ai eu mon premier « hug » (accolade à l’américaine). Je ne pouvais pas être plus triste. Dans le bus qui m’emmenait à Kansas city, j’ai versé ma première larme. Plus tard j’ai pris l’avion, mais sans grande conviction.
Pourquoi un stage de préparation ?
Parce que la demande sur les États-Unis est de plus en plus importante, et que les écoles américaines sont de plus en plus exigeantes quant à la maîtrise de la langue anglaise par les étudiants d’échange. Aujourd’hui, les « high school » s’appuient sur les statistiques – qui prouvent que des lacunes importantes en anglais nuisent à l’intégration scolaire et à l’intégration tout court – pour justifier le refus d’inscrire un certain nombre de jeunes étrangers au sein de leur établissement. En vertu du fait que le niveau général en langue est beaucoup moins élevé en France que dans de nombreux autres pays, les jeunes français(es) sont particulièrement touché(e)s par cette mesure. Nombre d’entre eux voient donc leur projet de séjour d’une année aux USA achopper sur la question de la langue.
L’objectif premier de ce stage intensif est d’amener les étudiants étrangers à un niveau d’anglais suffisant pour permettre leur intégration et pour rendre possible leur inscription dans les écoles. Audelà, il permet d’optimiser leur séjour, car le niveau qu’ils auront atteint en anglais leur permettra de bénéficier plus largement de l’enseignement de la « high school » et d’atteindre au final un niveau bien plus intéressant.
Enquête réalisée auprès de tous les participants à la Prépa’USA 2006
50% de réponses
À propos de la « Prépa’USA », ils ont dit :
J’ai bien aimé (surtout les horaires, les jeux en classes…). Je m’entendais bien avec les profs. Lorsque nous présentions notre travail devant les autres nous n’étions pas critiqués. Par contre, je ne mettrais peut-être pas autant de Français ensemble. — Aliénor
Il y avait plein de nationalités différentes. C’était bien, mais je changerais la coordinatrice. — Charlene
J’ai passé une Prépa’ super. Je me suis fait plein d’amis de tous les horizons. — Claire
Il y a trop de différences de niveau. — Sylvia
Le niveau était un peu trop facile, il faisait trop chaud dans la salle de cours, mais les excursions, les profs et les étudiants étaient bien. — Nidhal
Quelque chose de génial ! C’était notre première expérience aux USA et pour moi ça a été une des plus belles expériences de ma vie : famille, cours, culture, je n’oublierai jamais. — Carolyne
Je garderais les excursions (parc aquatique, parc d’attractions, musée, cheval, canoë), mais je respecterais le programme de cours tel qu’il est défini, car en raison des changements, pour moi, ce n’était plus assez intensif. — Sophie
On devrait faire plus de conversation et moins d’écrit. — Violaine
Les cours sont inutiles et superficiels. C’est un moyen pour l’organisme de placer les jeunes plus facilement. — Hadrien
C’est tout simplement magique. Je conseille à tout le monde de le faire. — Paul Henry
On devrait être un peu plus libres. — Fanny
Peut-être que j’organiserais différemment les après-midi : plus de choix pour moins d’activités imposées. Mais l’ambiance, les profs, et les horaires sont très bien. — Anne
Moi si je devais organiser un truc pareil, je crois que je me suiciderais ! — Baptiste
Moi, je garderais tout comme ça, en ajoutant juste un peu de grammaire. — Alexandre
Le niveau de grammaire est trop faible et les activités un peu trop enfantines. — Laetitia
C’est bien, car quand on part, on croit qu’on est mauvais, et quand on arrive là-bas, on se dit qu’il y a pire que soi. — Fleur
On pourrait rencontrer plus d’étudiants américains. — Madeline
La Prépa, je crois que ça évite de déprimer quand on commence l’école. — Caroline
J’ai passé de supers moments en compagnie de gens ouverts et accueillants. — Sarah
En 4 semaines de préparation, les participants estiment que leur niveau d’anglais est passé de : 4,4 (sur 10) à 6,9 (sur 10)
Article paru dans le journal Trois-Quatorze n°44