Au mois de septembre dernier, Trois Quatorze lance, auprès de tous ses participants au programme d’une année scolaire à l’étranger, une enquête sur les écoles étrangères. Cette enquête porte sur les structures, les horaires, les relations et les objectifs des différents systèmes éducatifs. L’idée est que chaque jeune nous présente l’école (au sens large) au sein de laquelle il vit et étudie pendant une année. Aux informations purement techniques s’ajoutent des commentaires personnels des élèves (différences avec le système français, atouts et complémentarité des enseignements). Après avoir présenté les écoles de Russie, d’Afrique du Sud, d’Allemagne et des États-Unis (voir N°29), Trois Quatorze lève le voile sur celle de Suède.
Bien que nous possédions très peu d’éléments (une seule enquête, et une expérience limitée des échanges avec la Suède), le cas de cette école nous a paru particulièrement intéressant à exposer.
Structure des études
Le système suédois est assez particulier, en ce sens qu’il offre un tronc commun à tous les élèves jusqu’à l’âge de 16 ans et une spécialisation assez poussée à partir du secondaire. A leur entrée au ‘Gymnasium’, les élèves choisissent une filière parmi les 23 proposées. Il n’existe en théorie aucune hiérarchie entre les différentes filières.
« C’est un système assez complexe à comprendre pour un(e) étranger(e), car il est assez différent de ce qui se fait ailleurs. Mais, ma foi, les gens ici ont l’air d’être assez contents de leur école.» En Suède, le système privé est très marginal, voire quasiment inexistant.
Le diplôme
Seconde particularité suédoise : il n’y a pas d’examen final à la sortie du ‘Gymnasium’. Les élèves obtiennent un diplôme, sur la base du travail effectué pendant les deux dernières années de scolarité.
En fait, les élèves ne sont pas notés avant le semestre de printemps de la huitième année de l’école de base (soit avant l’âge de 14 ans). A partir de 15 ans, ils n’obtiennent de notes dans une matière qu’après avoir suivi un minimum de 60 heures de cours dans cette matière.
La question de savoir s’il faut ou non donner des notes a fait l’objet de nombreux débats dans la société suédoise. Ceux qui critiquaient la notation estimaient qu’elle créait une mauvaise mentalité, l’émulation l’emportant sur l’esprit de coopération et le goût du savoir. Il a finalement été adopté un système de notation élaboré et discret qui n’est sans doute pas étranger au caractère très singulier de l’école suédoise.
Rythme scolaire
Le rythme annuel
L’année est divisée en deux semestres. ‘Höstermin’ (semestre d’automne) et ‘Vartermin’ (semestre de printemps).
Le rythme hebdomadaire et journalier
Les cours ont lieu du lundi au vendredi. Ils débutent à 8H40 et s’achèvent vers 16H00. Les emplois du temps sont très variables. Ils dépendent de la filière et des matières choisies.
Les matières
Il est là encore très difficile de donner des exemples tant il y a de filières et de possibilités. Au ‘Gymnasium’, une structure de base est tout de même proposée à la grande majorité des élèves (suédois, maths, anglais, histoire, instruction civique, théologie). «Mais, je n’ai vraiment pas le sentiment qu’il y ait de matière dominante.» Un point significatif : en théorie, tous les élèves d’origine étrangère (enfants d’immigrés) doivent avoir la possibilité d’étudier leur langue d’origine. Notre ‘enquêtrice’ regrette la part trop peu importante faite au sport.
Relations et attitude
Professeurs / Elèves
«Les relations sont très faciles. Il n’y a pas, comme en France, de barrières entre profs et élèves. C’est bien, mais d’un autre côté je pense qu’il faut garder le respect envers les profs.»
L’ambiance dans l’école
«Elle est très bonne et je crois que cela aide à créer des liens forts.»
Les élèves
«Ils sont heureux d’aller à l’école, et très actifs au sein de celle-ci.»
Objectifs
On considère comme très important que l’école développe la personnalité de l’élève et qu’elle aiguise son esprit critique. Un professeur ajoute que «les élèves doivent être actifs dans leur apprentissage. On cherche également à leur apprendre à vivre et à agir en démocratie, autrement dit : à jouir de leurs libertés, et à prendre des responsabilités.» Il semble que, dans le pays, on s’inquiète du niveau de connaissances des élèves et qu’on le suppose trop peu élevé. Notre participante apporte son avis à ce débat : «Je ne participe pas à tous les cours et ne suis pas dans cette école depuis bien longtemps, mais il me semble que la culture générale est assez importante.»
Complémentarité par rapport à l’école française
«C’est certainement complémentaire puisque c’est si différent.»
Une anedocte
«Ici, les adultes peuvent prendre des cours avec les adolescents et passer leur diplôme en même temps qu’eux. Ils sont même assez nombreux à le faire. Je trouve ça très bien. En France, des adultes au lycée, ce serait certainement un sujet tabou.»
Article paru dans le journal Trois-Quatorze n°30