Du 18 au 20 août et du 2 au 4 septembre, les participants aux programme d’une année à l’étranger ont suivi un stage de préparation et d’introduction à leur séjour. Au cours de ces journées, Trois Quatorze les a questionnés, histoire de voir où ils en étaient, histoire de savoir comment ils se sentaient. Mely, Antoine, Anne, Arnaud, Renaud, Julie et tous les autres nous font part, au fur et à mesure du déroulement de ces journées, de leur état d’esprit. Leurs propos, singuliers, sont mis bout à bout et tentent de témoigner du sentiment collectif.
STAGE 1ER JOUR
Vérification des passeport et des visas. Installation dans les chambres. Dernière réunion avec les parents (questions et réponses). Adieux. Repas. Réunion de présentation. Mise en place de la soirée du lendemain.
16 H – L’arrivée
‘C’est parti pour la grande fracture !’
‘Je suis hyper contente.’
‘Je suis partie de chez moi il y a deux heures. J’ai dit au revoir à tout . J’ai même dit au revoir aux arbres. J’ai comme l’impression qu’en un an tout va changer !’
‘Là, c’est vraiment l’aventure. Déjà un an aux USA c’est spécial. En plus je pars à Hawaî. Alors c’est le spécial dans le spécial.’
‘En ce moment, dans ma tête, c’est un mélange d’excitation et d’angoisse. D’un côté le goût pour l’inconnu , de l’autre le sentiment que dix mois c’est bien long.’
‘C’est comme un rêve. Mais j’ai bien conscience que je ne suis pas près de me réveiller’.
‘Moi ça va très bien. Mieux qu’il y a un mois. Il y a un mois, j’ai vraiment flippé. L’idée de partir au froid, en Alaska. Comme, en plus, je suis fille unique, j’ai plein de petites habitudes. J’aime bien ma petite chambre, ma mini-chaîne, ma petite caméra à moi, mon chien, mon chat… Tout ça j’adore. Et il va falloir dire adieu à tout ça. Et puis, si eux ils peuvent rien faire sans moi, moi je ne peux rien faire sans eux. Alors j’ai beaucoup pleuré. Ça a vraiment été l’hécatombe. Quand j’ai quitté ma maison, j’ai fait l’effort de ne pas me retourner , car sinon j’aurais tout laissé tomber. En fait j’ai peur de ne pas retrouver mes marques, car quand je pars deux jours de chez moi je ne me sens pas très à l’aise !’
‘Je connais personne. C’est l’angoisse.’
‘On est 120 à avoir tenté le même pari. Tous dans le même cas – ça aide, ç’est sympa.’
‘ Il y a deux mois, j’avais tellement peur que j’ai failli me désister. Mais je voulais pas être lâche. Alors, me voilà.’
‘Je me demande comment je vais devoir faire à l’arrivée. Est-ce qu’il faut embrasser la famille ou lui serrer la main ?’
‘Maintenant si je fais des conneries, il va falloir que j’assume.’
‘Depuis trois mois, j’ai l’impression d’être prise dans un flot. J’ai dit «Oui, je pars», sans mesurer ce que cela impliquait. je me suis juste sentie fière et courageuse (l’indépendance, tout ça…). Une fois que le dossier a été fait, je n’ai pas vu le temps passer. A un moment je me suis dit «Tiens il n’y a plus qu’un mois». Et puis il y a quinze jours j’ai compris tout ce que ça impliquait. Je sais maintenant que je ne peux plus faire demi-tour. J’ai l’impression d’être entraînée dans une rivière et que les rapides arrivent.’
‘On part sans savoir vraiment si on a envie de partir.’
‘Il me semble que j’ai vraiment du courage !’
18 H – Départ des parents. Les adieux.
‘Les gens nous disent au revoir comme jamais ils ne nous ont dit au revoir. On a vraiment l’impression qu’il fallait partir pour qu’on nous aime comme ça.’
‘Ce départ, ça donne de l’importance à tout.’
‘Partez, partez, j’ai horreur de dire au revoir.’
‘Je m’inquiète pour ma mère. On est tellement inséparables. C’est LA personne que je quitte. Moi ça va aller, mais elle ?! L’amour dont je risque de manquer là-bas, il lui manquera encore plus ici. Là, je sais qu’elle est super angoissée.’
‘Ma fille part en Californie, elle est ravie. Moi, je me sens tranquille et calme. Il faut dire que c’est la deuxième qu’on envoie. Elle et moi avons entièrement confiance.’
‘Maintenant je suis toute seule avec moi-même. Je ne connais personne, et je dois assumer.’
‘Je vais chercher à ne pas oublier la France et ceux que j’aime. Je garderai toujours un coin de ma pensée pour les miens. Je ne veux pas changer.’
‘Ca va faire du bien à mon père, il va falloir qu’il apprenne à se séparer de moi.’
‘C’est horrible. C’est moi qui ait décidé de partir. De voir mes parents en larmes, forcément ça me culpabilise. J’ai l’impression d’avoir coupé un lien très fort.’
21 H – Après la première réunion.
‘Oulala le stress de la journée. C’est vraiment bien qu’on fasse une grande soirée spectacle demain !’
‘Je réalise que ce ne sera pas facile de couper les ponts. Heureusement, j’ai prévu de faire des parties d’échec avec les copains sur Internet.’
‘Je vais me coucher, j’ai la tête énorme. J’ai déjà croisé tellement de gens que je ne connaissais pas. Tout le monde pose la même question : ‘Dans quel état tu es ?’
‘Y’en a qui ont vraiment la pêche. Ils bougent dans tous les sens . Ils ont plein d’idées pour le spectacle. J’ai l’impression qu’ils n’ont aucun souci. Je sais pas comment ils font. Je suis contente pour eux mais moi j’ai mal à la tête !’
‘Ca y’est, on est entré dans le séjour – je suis motivée – j’ai vraiment envie de partir.’
STAGE 2ÉME JOUR
Le seconde journée se décompose en trois grands moments : réunion-débat autour d’un diaporama (auquel participent des jeunes étrangers) – bilan pratique (remise des billets, rappel du règlement, assurance…) – grande soirée.
12 H – Après le diaporama.
‘Mon dieu, j’ai mal dormi. Le bruit d’abord ! Et puis, ça trottait vraiment dans ma tête. Hier j’étais inquiète de ce que je laissais, aujourd’hui de ce que je vais trouver !’
‘On sort de la réunion. Il y avait des américaines qui parlaient en anglais, j’ai rien compris. Je suis complètement flippée. Et puis, en plus, il y a plein d’étudiants qui vont partir, qui parlent très très bien. Eux au moins, ils ont un filet !’
‘Pendant la réunion, les américains étaient vraiment ouverts. L’ambiance est vraiment bonne. ‘
‘On a vraiment parlé du quotidien (horaires, sorties…). C’était bien, ça nous a plongé dans l’ambiance’.
‘Hier j’avais des grandes idées. C’était du domaine de la philosophie. Là, je suis entrée dans le vif du sujet, dans le concret !’
‘Depuis hier je comprends vraiment dans quoi je me suis lancé.’
‘Je suis un peu énervée par la réunion. C’était le dernier jour, et j’aurais vraiment préféré parler français. Mais sinon les américaines étaient bien sympas.’
17 H – Après la distribution des billets d’avions.
‘J’ai pas le moral. J’ai vraiment peur. J’ai plus de repère. J’ai le sentiment d’être abandonnée, seule. Et tous ceux qui ont le moral autour de moi, me cassent encore plus le moral. Avant mes repères c’étaient : mes parents, ma maison, mes études, le bac… Maintenant je n’en ai plus. Je crains de ne pas être à la hauteur.’
‘J’ai plus la force d’attendre.’
‘Je vois tout le monde si vif et si excité à l’idée de partir que parfois j’ai envie d’en arrêter un et de lui dire «T’es pas dans le cafard, toi ?»’
STAGE 3ÉME JOUR
Jour J. En route pour l’année !
6 H 30 – Dans le bus qui mène à l’aéroport.
‘Oh cette soirée ! Inoubliable. C’était magique ! ‘
‘Finalement ça c’est bien passé. Au début j’avais un peu le trac mais après la voix ça allait. Les spectateurs étaient sympas.’
‘On sort vraiment lessivé du stage, mais heureux. C’est cool. Heureusement que les parents ne sont pas à l’aéroport !’
‘Je suis un peu au ralenti. Radar, radar ! ‘
‘Je regarde tout, les panneaux, les affiches, je veux garder une mémoire de tout ça. C’est quand même beau Paris. J’arrive pas à croire que dans dix heures je suis là-bas ! ‘
‘Top la soirée, top. On s’est vraiment éclatés! ‘
‘Les garçons sont quand même incroyables. Hier soir dans leurs chambres il y en avait partout. Ils avaient même pas fait leurs valises. Ils étaient hyper désinvoltes. J’ai l’impression que ce départ ne les touche pas et qu’ils partent pour dix mois de vacances ! Moi, dans ma tête tout est près depuis six mois… Et si bien rangé.’
‘Au moment présent – j’ai vraiment la trouille. C’est bien concret maintenant. Et franchement – je trouve qu’hier soir c’était il y a hyper longtemps. Heureusement je suis H.S.’
‘Je suis complètement paumée. C’est bien embrouillé dans ma tête. Heureusement tout le monde est solidaire – on s’entraide et l’équipe est bien , alors, en fait , ça va. Quant à hier soir, j’étais fier de nous. Les «Men in Black» on était supers. Vraiment ! ‘
‘Je me demande quelle tête vont avoir les Taylor ?’
‘Ma famille s’appelle Mac Donald. C’est quand même incroyable’.
‘Maintenant on est vraiment une communauté : moi, PIE et les autres. Echange d’adresses et compagnie. J’ai pas dormi de la nuit.’
‘Un conseil aux prochains. Ne faites pas trop la fête les derniers temps, car au stage il faut tenir. Je dis ça pour les autres, car moi ça va.’
9H30 – Les adieux à PIE. Le mot de la fin (Au moment de passer la douane, les participants glissent un mot ou une phrase au dictaphone).
‘Merci PIE’ -‘Bon voyage à tous’ -‘Un peu les boules, mais sinon ça va’ -‘On va voir’ -‘A l’année prochaine’ -‘Bon courage en France’ -‘Bonjour au micro et salut à Trois Quatorze’ -‘On vous écrira’ -‘Coucou’ -‘Merci’ -‘Heureuse !’ -‘A partir de maintenant, j’espère !’ -‘Go on !’ -‘Bye’ -‘Gros bisous à tous’ -‘Stage inoubliable’ -‘Je crois qu’on appelle ça la peur’ -‘Très contente de partir’ -‘Great’ -‘Il faut dire quoi ? -‘Ciao’ -‘J’ai la voix cassée’ -‘Ca sera pas parfait , ça sera juste bénéfique’ -‘Au retour, j’aurai tellement de choses à dire que, pour une fois, c’est moi qu’on écoutera’ -‘Vive la vie’ -‘Quand je pense que je n’ai jamais pris l’avion. En plus, c’est loin, et je vais traverser la mer !’ -‘ Emue ! ‘ -‘C’était génial’ -‘Ravie’ -‘Pressée d’arriver’ -‘C’est terrible, je vais mourir ‘ -‘Je vous écris’ -‘Je flippe’ -‘Je comprends rien à ce qui m’arrive’ -‘L’année sera belle’ -‘C’est pas mes parents qui vont me manquer’ -‘Vivement qu’on soit arrivés’ -‘PIE c’est super bien organisé’ -‘J’espère avoir de meilleures notes en anglais en revenant’ -‘Pour l’instant ça va, pas de problème à l’enregistrement des bagages !’ – ‘Ca va être bien’ -‘J’étais mauvaise hier soir au spectacle, non ? Allez, soyez francs ?’ -‘Bonne année’
Article paru dans le journal Trois-Quatorze n°27