Margot, South Haven, Michigan
Un an aux USA en 2011
J’ai toujours voulu passer dans Trois Quatorze, alors je vous écris… Commençons par le commencement. J’étais en 3è quand j’ai décidé de me prendre en main et de faire ce dont je rêvais le plus au monde : partir une année aux USA. J’avais 15 ans et peu de gens me prenaient au sérieux. C’est vrai que j’étais jeune pour partir comme ça, mais que voulez-vous, il faut bien faire quelques expériences dans la vie, n’est-ce pas ? Alors je suis partie. Mais sans vraiment réaliser ce que je faisais. Dans l’avion entre Chicago et Détroit, là, croyez-moi j’ai réalisé. Il y avait, à ma gauche, ce grand-père endormi, sa femme à ma droite et moi au milieu qui pleurais : je n’avais pas très fière allure. J’ai vraiment douté !
Par nature, je ne me laisse pas trop dépasser par les événements, du moins en apparence, alors j’ai fait en sorte de positiver. Au début, tout allait donc à merveille : je ne savais jamais où donner de la tête, tout justement m’émerveillait. « Oh ! un Supermarché ! »… ça paraît banal, mais pour moi c’était génial. C’était un supermarché américain, c’était mieux que Walt Disney, mieux qu’un magasin de bonbons, mieux que les Galeries Lafayette, mieux que tout ! Bref, tout était bien… J’étais bien. Mais j’ai vite rencontré beaucoup de problèmes avec ma famille d’accueil. Au début, je me suis dit : « C’est passager, ça va s’arranger. » Mais les mois ont passé, les critiques se sont amplifiées, et la méchanceté aussi… J’ai demandé de l’aide partout où je pouvais, et, en attendant une autre famille, j’ai trouvé un remède magique que jamais aucun médecin ne m’avait prescrit auparavant. Il avait pour nom « Basket » ! J’ai pris ce remède. Alors que tout allait mal à la maison, j’ai trouvé dans le ballon de basket un vrai réconfort. Dans le ballon et ce qui va avec : deux super « coachs » et une équipe formidable. J’ai pris le remède à forte dose. J’avais deux heures d’entraînement par jour. Et croyez-moi, je les attendais avec impatience. Il y avait les discussions avec mes « coachs » — ces « coachs » qui sont devenus de vrais « pères » pour moi — qui cherchaient à m’aider et à me faire sourire, et puis ces jeux où je sentais toute ma colère ressortir et exploser. Après cinq mois, grâce à mes « coachs », à PIE, à ASSE, au directeur de mon lycée et à deux de mes professeurs, j’ai eu une nouvelle famille ! En fait, il s’est avéré qu’un de mes coachs a dit un soir à sa femme : « Dis donc, Chérie, tu sais la petite Française dans l’équipe, elle n’est pas bien du tout là où elle est, tu crois pas qu’elle pourrait venir vivre avec nous ? » Et trois jours après, je partais vivre avec eux ! Ce moment a été, sans exagérer, le plus beau jour de ma vie. J’ai alors repris goût à tout et j’ai profité à fond de la vie et de mon environnement. Je suis rapidement redevenue la Margot souriante que tout le monde avait rencontré à mon arrivée, j’ai eu de très bonnes notes, j’ai participé à beaucoup de choses. J’avais soudain plein d’amis, j’avais même quelques garçons à mes trousses ! Bref, j’ai recommencé à vivre. Mon père d’accueil m’a dit un jour que j’avais même l’air d’une vraie Américaine — enfin, il a quand même rajouté : « … tant que tu ne parles pas ! » Cette seconde famille a été tout simplement merveilleuse. Je ne sais vraiment pas ce que j’aurais fait sans elle. Je suis devenue tellement complice avec chacun des membres de cette famille que j’avais l’impression de les connaître depuis toujours. De jour en jour, ils me sont tous devenus de plus en plus indispensables. Chaque jour, depuis mon retour, je pense à eux, à tout ce que j’ai vécu en leur compagnie, aux nouveaux principes qu’ils m’ont inculqués… Je sais que j’ai trouvé à South Haven ce dont je manquais, ce petit truc qui me fait dire : « Tiens, c’est là que je veux vivre. »
Malgré les problèmes rencontrés, malgré mon jeune âge, malgré tous ceux qui m’ont dit : « Non, mais t’es complètement malade de faire ça ! », eh bien j’estime que j’ai réussi mon année à l’étranger. Il faut dire qu’elle fut haute en couleurs, que j’ai tout donné dans cette expérience, que j’y ai mis tout mon cœur.
À tous ceux qui hésitent à partir, je dis : « Arrêtez de penser ; dites simplement « Oui ! » Vous ne le regretterez pas. Le pire qui puisse vous arriver, c’est de pleurer un bon coup dans l’avion ! N’oubliez jamais que pour réaliser de grandes choses, il faut vivre comme si on ne devait jamais mourir.
Voilà. Je tenais à dire merci à PIE, merci à ma déléguée régionale, merci à Papa et Maman. Franchement, c’est grâce à vous tout ça !