UN FILS EN AFRIQUE DU SUD
Carole et Jean-Philippe, parents de Nicolas
En image | Nicolas fête son anniversaire
Six mois déjà que Nicolas est parti. Six mois que nous vivons au gré de ses appels sur «Skype» et de ses rares e-mails. Six mois que nous le sentons changer physiquement et psychologiquement.
Il est parti, jeune adolescent de 16 ans, ne sachant trop que faire de son avenir. Indécis sur ses choix d’orientation, fréquentant plus le lycée pour rencontrer ses nombreux amis que pour réellement travailler. L’idée d’aller passer une année à l’étranger lui est venue après avoir lu un article dans un magazine. Il a fait des recherches, trouvé le site de PIE, a préparé ses arguments et nous a convaincus.
Après avoir passé avec succès les entretiens avec la déléguée, il a commencé à attendre impatiemment sa famille d’accueil. Cette attente fut pour nous source d’angoisse: chez qui allait-il aller? sauraient-ils le comprendre? prendraient-ils soin de lui? Puis la réponse est arrivée, très vite d’ailleurs, puisque dès le mois de mai, nous savions qu’il était attendu au Cap, par une famille qui avait donc retenu son profil. Bien vite, Nicolas a contacté Richard, son futur «frère» sur Facebook. Ils ont fait connaissance et nous avons pris contact avec Carmen et Simon, les parents, un soir sur «Skype». Il n’est pas exagéré de dire que nous avons immédiatement été rassurés. Ils ont posé des tas de questions sur lui, ses habitudes, ses goûts, ses centres d’intérêt. Ils ont répondu à toutes nos interrogations sur leur façon de vivre, leurs principes d’éducation, le fonctionnement de l’école, ce qu’il serait autorisé à faire et à ne pas faire. Nicolas est le premier jeune qu’ils accueillaient et ils souhaitaient vraiment nous rassurer… et se rassurer aussi! Nicolas, à n’en pas douter serait bien avec eux.
Nous avons continué à échanger jusqu’au mois d’août, moment du départ. Je ne m’étendrai pas sur les adieux à l’aéroport, moments déchirants pour nous, parents. Lui, euphorique, est parti comme s’il allait en vacances: «Salut P’pa, à bientôt M’man…». Et puis il a franchi la porte d’embarquement!
Dès son arrivée à Capetown, Carmen me prévenait que tout allait bien et qu’ils faisaient tous connaissance.
Puis la vie a repris son cours pour nous. Une maison beaucoup plus calme, 4 assiettes à table au lieu de 5… Combien de fois me suis-je trompée!
Nicolas a vite pris ses marques dans sa nouvelle vie. Lycée, sports, amis… Tout a coulé de source. Nous attendions le coup de blues annoncé par PIE, le fameux brouillard du premier mois. Rien! Il s’est adapté en quelques jours, heureux de ses découvertes, amusé de ne rien comprendre lors des cours d’Afrikaaner, confiant dans sa nouvelle famille et dans ses nouveaux amis.Les fêtes de Fin d’année se sont également déroulées sans aucun nuage: il découvrait Noël en plein été, de nouvelles traditions. Son enthousiasme n’a jamais faibli. Il profite de chaque instant, de chaque personne rencontrée, de chaque situation nouvelle et insolite, telle cette semaine passée avec son «frère» pour aider dans un camp d’enfants défavorisés des «townships» —une semaine qui l’aura marqué pour longtemps…
Aujourd’hui, il compte avec angoisse les jours qui lui restent à passer là-bas. Il a maintenant une «Mum Carmen», un «Dad Simon», un nouveau «bro», Richard. Il est vrai qu’il est difficile d’entendre son fils appeler des étrangers «Mum and Dad». Il nous explique que ce n’est quand même pas la même chose : nous, nous sommes «Maman» et «Papa»!
Son expérience nous apprend à faire confiance… à lui faire confiance: nous sommes loin et il doit se débrouiller sans nous. Cela relève, pour lui, du parcours initiatique: cette année le fait grandir. Quant à nous, nous avons délégué à d’autres parents le soin de veiller sur notre fils. Nous leur avons confié ce que nous avons de plus cher. Carmen est parfaite, elle nous donne régulièrement des nouvelles, nous envoie des photos de leur vie à l’autre bout du monde.
Beaucoup de personnes nous demandent si cette expérience n’est pas trop dure, si Nicolas ne nous manque pas trop. Oui, bien sûr, il nous manque… mais nous le sentons tellement heureux, tellement épanoui, que nous nous nourrissons de son bonheur. Nous remercions l’équipe de PIE pour son soutien, ses précieuses informations. Nous attendons maintenant les derniers conseils, ceux relatifs au retour de Nicolas. Et nous réfléchissons maintenant à passer de l’autre côté, à accueillir, à notre tour, un jeune du bout du monde.