LIFE CHANGING
Laetitia, un an aux USA
En image | Downtown Grapevine — Grapevine, Texas, USA
J’ai réalisé, il y a quelques jours, que je venais de dépasser le cap des trois-quarts de l’aventure. Dans deux petits mois ce sera le retour en France, le retour à la vraie vie. Et, franchement, ça me fait peur. Je me souviens, l’année dernière, en avril, le temps me paraissait si long: j’avais l’impression que l’heure du départ ne sonnerait jamais. J’avais l’impression qu’un an c’était une éternité et que je vivrais une seconde vie. Je lisais les blogs des anciens «Exchange Students», en essayant d’imaginer ma future ville d’accueil, mon futur lycée, ma future famille, mon futur «moi». Je pensais à tous ces endroits «Ultra Fancy» comme la Californie, New York, la Floride. Il y a eu l’excitation du stage, la rencontre avec les autres étudiants d’échange, le stress de ne pas avoir de famille et de ne pas partir, et puis le départ et les larmes des parents. Je les vois encore agiter leurs mains, alors que l’escalier mécanique m’emportait loin d’eux, je ne sais où. Et moi je ne réalisais pas dans quoi je m’engageais.
Pas une seule fois l’idée que je puisse atterrir au Texas ne m’a effleuré l’esprit. Et c’est pourtant là que j’avais été placée et que je partais.
Les premiers jours ont été les plus durs. Les premiers pas en anglais, se faire des amis, découvrir un nouveau mode de vie, basé sur des valeurs différentes: chaque jour qui passait était une victoire. Je me suis rendu compte petit à petit que l’Amérique accordait de l’importance à nos opinions et je me suis sentie fière d’être Française. Bien des fois, j’ai dressé la liste des différences entre mon pays d’accueil et mon pays d’origine. J’ai fait une overdose de nourriture mexicaine, j’ai pris du poids. Un jour j’ai franchi la falaise des «trois mois». J’ai eu des moments de «Homesickness», des moments de joie intense aussi. J’ai passé un Noël à sept mille kilomètres de la maison… et des traditions. Je me suis sentie entourée et aimée, j’ai expérimenté la vie en communauté, version américaine. Je me suis découvert des qualités et j’ai compris mes défauts. J’ai ressenti beaucoup de bonheur en entendant mes parents me dire qu’ils étaient fiers de moi. J’ai appris à dire «Merci», à ne pas considérer les gens comme «granted» (acquis). Je ne suis plus aussi complexée qu’avant. Je regarde la société sous un angle différent. Je juge moins les gens. J’ai découvert la valeur de l’argent. J’ai appris à parler anglais couramment. J’ai fait des voyages, j’ai bu du café, j’ai posé plein de questions et obtenu tant de réponses.
J’ai souvent regardé les avions décoller depuis DFW Airport, en imaginant qu’un jour je repartirais.
Et ce jour, bientôt, va arriver.