9 VARIATIONS SUR LE THÈME DE LA PORTÉE D’UN ÉCHANGE SCOLAIRE DE LONGUE DURÉE
Illustration : “Le professeur d’universités” par Laurindo Feliciano
ENTRETIEN — Trois quatorze a repris contact avec Munkhbileg grâce à sa mère d’accueil, qui l’a reçue voilà 10 ans, et qui nous confie à son propos : « Elle avait un but précis dans la vie, elle voulait devenir médecin et a vraiment travaillé pour remplir son objectif. C’est une jeune fille courageuse que j’aime beaucoup et que je suis fière d’avoir pu aider. »
Année de séjour de Munkhbileg : 2003
Lieu de séjour : Cavaillon, France
École : Lycée de Cavaillon
Lieu de vie actuel : Marseille
Profession : Médecin (Interne)
Employeur : Hôpitaux de Marseille
Trois Quatorze — Comment s’est passée ton année en tant qu’étudiante d’échange ?
Munkhbileg — J’ai été accueillie par une famille exceptionnelle: très ouverte, patiente, cultivée… avec à sa tête, une maman de cinq enfants qui m’a rapidement mise à l’aise. La convivialité, l’entente mutuelle et le respect ont marqué mon séjour. Au lycée, malgré des débuts difficiles, les professeurs m’ont toujours encouragée. J’ai envisagé ensuite de prolonger mon expérience française.
Tu es donc revenue en France par la suite?
Munkhbileg — Oui. L’année suivante, je revenais dans la même famille d’accueil et c’est grâce à son soutien continu que j’ai pu décrocher mon Bac S. Après ça, je n’ai plus quitté la France. J’ai ensuite réussi mon concours de médecine. Il me reste actuellement moins de deux ans avant de passer ma thèse et d’obtenir mon diplôme de docteur en médecine.
Quel est le plus difficile dans cette expérience?
Munkhbileg — Au début, la barrière de la langue. Elle vous empêche de pouvoir participer activement à des discussions. On se sent seule dans ces moments-là.
Cette année a-t-elle influencé ton choix de carrière?
Munkhbileg — Avant de partir je savais déjà ce que je voulais faire. Mon année n’a fait que renforcer cette idée.
Selon toi, quels sont les trois bénéfices majeurs d’une année en tant qu’étudiante d’échange?
Munkhbileg — Se découvrir, gagner en autonomie et nouer des liens précieux avec des personnes que l’on n’aurait jamais rencontrées si on était resté chez soi.
Tu repenses souvent à cette année?
Munkhbileg — Oui. Surtout lorsque je fais de nouvelles connaissances, parce que l’on me questionne souvent sur mon parcours. ça me replonge immédiatement dans mes souvenirs.
Quels contacts gardes-tu?
Munkhbileg — La relation avec ma famille d’accueil a peu changé en dix ans. Je suis toujours la bienvenue et cela me touche énormément. Malheureusement, ces derniers temps, je n’ai vu que très rarement ma mère d’accueil. Elle reste très chère à mon cœur, mais mon métier me prend du temps.
Recommandes-tu cette expérience?
Munkhbileg — Oui, bien évidemment. Partir seul(e) à l’étranger fait grandir et ce, quelle que soit l’expérience vécue, car je crois que le principe même de cette expérience, c’est que l’on doit avant tout compter sur soi. On apprend vraiment à mieux se connaître.
Article paru dans le Trois Quatorze n° 55