PARCOURS D’ANCIEN — STÉPHANE BAUZON
ENTRETIEN — Il est parti en 1985, quand PIE balbutiait… On le retrouve 36 ans après professeur de philosophie du droit à Rome.
Année de séjour de Stéphane : 1985
Lieu de séjour : Rock Hill, South Carolina, USA
École : Rock Hill High School
Lieu de vie actuel : Rome, Italie
Profession : Professeur de philosophie du droit
Employeur : Université d’État de Rome 2 (Tor Vergata)
3.14 — Nous sommes en 1985… Comment te viens cette idée de partir et comment fais-tu à l’époque la connaissance de PIE?
Stéphane — J’avoue que je ne me souviens plus du tout des circonstances. Sinon d’avoir vu une pub et d’avoir hésité entre deux organismes. Je me rappelle que PIE me paraissait plus attrayant, car plus axé sur le voyage, la découverte. Au-delà du discours sur la langue et sur l’avenir, il y avait cette idée de “Partir”. C’était plus risqué (car l’autre organisme avait de l’expérience), mais peut-être que PIE m’a fait plus rêver. Il y avait de l’enthousiasme.
3.14 — Raconte-nous un peu tes débuts aux USA?
C’était un peu “Rock’n Roll”. Après sept jours de stage avec PIE (3 en France + 3 aux USA + 1 journée de voyage), je me suis retrouvé dans le Wisconsin. Le père de famille, un soi-disant pasteur, à la vie pour le moins dissolue, avait déjà quitté l’État. Il bossait en Caroline du Sud pour un évangéliste un peu fou. Le temps de le rejoindre là-bas avec la famille, le type était devenu “garde armé”.
Je ne me suis pas senti très bien : à cause du lieu et de cette situation pour le moins bizarre. Une famille de mon école a eu un peu de peine pour moi… et j’ai donc changé très vite de “maison” d’accueil.
3.14 — Avec la distance, comment “lis-tu” ces débuts chaotiques?
Il faut voir que c’est quand même une autre époque, un contexte tellement différent : pas d’internet, des moyens de communication qui se limitaient à la poste (et à des courriers qui mettaient trois semaines à traverser l’Atlantique)… C’était un peu la débrouille. On peut parler d’une véritable école de vie.
3.14 — Où vis-tu aujourd’hui?
En Italie, à Rome. Je suis professeur de philosophie du droit, à l’université d’état de Tor Vergata (la deuxième université de la ville).
3.14 — Comment passe-t-on “d’étudiant d’échange” à “professeur de philosophie du droit” en Italie?
Après avoir fait du droit et l’IEP de Strasbourg, j’ai travaillé d’abord dans une banque. Cela ne me plaisait pas du tout. Je me suis alors inscrit en Doctorat de droit à Paris II-Assas. La philosophie du droit m’attirait, mais, en France, il n’y avait pas d’agrégation dans ce domaine. J’ai d’abord pensé filer aux États-Unis, car je maîtrisais l’anglais, mais pour mon épouse, “il n’en était pas question”. De fil en aiguille —et parce que j’ai obtenu une bourse en Italie— je me suis retrouvé étudiant à Rome. Là, j’ai passé mes diplômes et je suis devenu maître de conférence, Plus tard, j’ai eu l’agrégation… et je suis maintenant titulaire de la chaire de philo du droit dans cette université!
3.14 — Ton parcours paraît limpide, mais il reste original?
Il est clair que rien n’était construit ou gagné d’avance. Les obstacles n’ont pas manqué. Mais c’est là où l’expérience américaine m’a été très utile : elle m’avait incontestablement donné une certaine résistance (ou “résilience” pour utiliser le mot à la mode) qui a été déterminante pour prendre des décisions et pour m’adapter. Quand il s’est agi de partir vivre à l’étranger, je me suis dis que je l’avais déjà fait une fois et que je saurais le refaire. Et même si l’Italie n’est pas l’Inde, cela ne reste pas moins une autre culture ; il faut savoir observer, trouver des réponses, etc. À ce niveau-là, et au-delà de la langue, l’expérience m’a beaucoup aidé.
3.14 — Tu enseignes en quelle langue ?
Je donne mes cours de philosophie du droit essentiellement en Italien et mes cours de bioéthique à la faculté de médecine (car c’est ma spécialité) plutôt en anglais. L’anglais est pour moi une langue de travail et de recherche. Je publie dans les trois langues (mais en anglais, il s’agit principalement de publications dans des revues scientifiques).
3.14 — Tu parles encore français?
Oui, avec 3.14 (rires)… et en famille!
3.14 — Pourquoi cette spécialisation en bioéthique?
Parce que cette question touche directement à celle des valeurs, L’interrogation philosophique sur les questions de sciences et de progrès est prégnante. Or le droit est très en retard sur ce domaine et on a besoin à ce niveau d’une réponse normative.
3.14 — En quoi cette année à l’étranger à t-elle orienté ton parcours? À un moment ou un autre as-tu regretté cette césure?
J’ai su après cette année à l’étranger que les portes étaient entrouvertes et qu’il fallait parfois les pousser. Je n’avais plus peur. Cette année m’a donné des clés.
Publication de Stéphane Bauzon (Éditions PUF)
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