Si j’étais ministre de l’Éducation nationale

Ce que je changerais en priorité pour améliorer le bien-être et le bien-vivre au lycée

Dans le cadre du dossier spécial “Bien être et bien vivre à l’école” et du sondage réalisé auprès de 300 anciens participants, cette infographie synthétise toutes les réponses à la question : “ Si vous étiez ministre de l’Éducation, que changeriez vous à l’école française en matière de bien-être ? ” La taille des cercles est proportionnelle à l’occurrence des réponses. Ces dernières sont classées autour de quatre thèmes : la santé (rouge), les relations humaines (jaune), la valorisation de l’élève (vert), le cadre de vie (bleue). Plus on se dirige vers le centre plus la proposition de réforme touche à la notion de bien-être dans sa globalité. Cette synthèse est d’autant plus parlante que les lycéens qui ont répondu connaissent deux “ écoles ”, puisqu’ils ont été scolarisés toute une année à l’étranger en tant qu’étudiant d’échange.

Infographie : Si j'étais Ministre de l'Education nationale

 

 

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Extraits des réponses des participants français et étrangers à la question du sondage “Si j’étais ministre”.

J’allègerais le programme scolaire pour diminuer le
stress des étudiants et des professeurs.

Je ferais high school canadacomme au Canada: beaucoup de clubs le midi ou après les cours. Je trouve que ça permet aux élèves non seulement de pratiquer une activité (musicale, sportive ou artistique) mais aussi de s’ouvrir à d’autres personnes et même de voir les professeurs sous un autre jour. Le nombre d’heures de cours en France est vraiment trop important (des journées de 8h jusqu’à 18h la plupart du temps). Il est alors très difficile de se concentrer pendant une aussi longue période. Avoir moins d’heures de cours permettrait par exemple la mise en place de clubs ou d’associations dans lesquelles les élèves pourraient s’investir. J’ai trouvé qu’au Canada, les élèves étaient plus impliqués et que les cours débutaient d’une manière très ludique.

Il faut créer du « School Spirit » : c’est un gros « plus » des écoles américaines ; c’est parfait pour la cohésion des élèves… et même des profs (journées à thème, matchs ou soirées…). Côté éducatif, la France a un bien meilleur niveau que les Américains parce qu’on en demande beaucoup plus aux Français pendant les cours ; c’est une source de stress, mais c’est selon moi un mal nécessaire. Ce stress pourrait cependant être adouci par un changement de pédagogie : cours plus ludiques et en finir avec cette hiérarchie pénible entre élèves et professeurs.

Drôle de pays où on se bat pour que les adultes travaillent 35 heures et où on en impose 40 aux lycéens et où on leur ajoute du travail quand ils rentrent à la maison !

Il faut revoir la mentalité: en France, on est dans le jugement permanent. Tout le monde à l’école, à commencer par l’élève, est sur la sellette. Il y a un tas d’activités que l’on pratique aux USA et qui seraient considérées comme ringardes par des élèves français.

sport highschool usaJe préconise : un volume d’heures de cours moins important ; la possibilité de faire plus d’activités extrascolaires (comme du sport, de l’art) qui sont des écoles de vie ; faire plus de travail de groupes; avoir plus de temps pour échanger entre élèves et professeurs; avoir des salles de classe plus conviviales et moins froides pour se sentir bien (relations sociales et environnementales, décoration) : mon but est de permettre aux élèves de s’ouvrir plus et donc de mieux vivre leur parcours scolaire. Je pense aussi que les établissements devraient être obligés de prévoir pour chaque élève un référent, une personne qui l’aide à se diriger et qui le guide dans ses projets.

Je voudrais que les relations profs/élèves se
basent sur la confiance plutôt que sur la peur.

Pour améliorer l’école française je suggère de mettre en valeur chaque élève (ses talents, ses réussites…), de penser à son épanouissement (le laisser choisir ses matières…). Je créerais du dialogue entre élèves et professeurs (car il est inexistant de nos jours en France), mettrais en place des séances d’échanges, sortirais de ce schéma «compétition» qui est omniprésent… En un mot je ferais en sorte qu’un élève qui se lève le matin se dise: « Aujourd’hui j’ai envie d’aller à l’école et d’apprendre des choses.

Si j’étais ministre de l’Éducation, je reverrais totalement la formation des profs.

Moi ministre je dis : développons le travail de groupe, apprenons à discuter, améliorons les relations profs/élèves ; créons de la relation en « one to one » entre enseignants et enseignés ; donnons plus de libertés aux élèves.

Tous au départ, que l’on soit élèves ou profs, on a un
amour d’apprendre ou d’enseigner. Mais on a perdu cet
amour: on n’aime plus être à l’école !

apprendre l'anglais
J’ai étudié pendant plus de 7 ans l’anglais et j’avais des bonnes notes dans cette matière, mais quand je me suis retrouvée aux USA, je ne pouvais pas parler. Il y a une étudiante ukrainienne dans mon lycée : après 4 ans d’apprentissage de l’anglais dans son pays, elle était vraiment déjà bien avancée… je pourrais même dire bilingue. Je me suis donc rendu compte qu’en France l’apprentissage des langues commence très tôt, mais qu’il est très peu efficace.

 

Finir à 18h, rentrer chez soi, travailler, manger…
Il faudrait au moins supprimer la surcharge liée au
travail à la maison… car le lendemain le réveil sonne tôt !

On doit s’inspirer d’autres cultures : faire participer les élèves aux tâches ménagères pour qu’ils aient envie de respecter le lieu et qu’ils ne dénigrent pas le travail des femmes de ménage ; on doit encourager aussi le travail d’équipe. Le système scolaire français ne prépare pas suffisamment les élèves à une vie d’adulte responsable.

Votre école est trop fatigante !

Il faudrait penser au développement de l’adolescent dans sa totalité et pas seulement en tant qu’élève, lui apprendre à gérer le stress et à se développer personnellement. Je supprime le bac et tout l’excès de stress qui l’entoure. Votre bac, votre système de notation et la pression excessive qu’ils produisent —sur les jeunes et les familles— provoquent un phénomène dangereux : les élèves se rendent au lycée pour être les meilleurs et pas pour apprendre.

Moi je change tout ce qui touche au bien-être… tout !

 

Cet article a été publié dans le journal Trois-Quatorze n°60 dans le cadre du dossier spécial sur le “Bien être et bien vivre à l’école”