ELLES “INFLUENCENT” SUR LES RÉSEAUX SOCIAUX
L’an dernier, plus de 30% des utilisateurs TikTok avaient moins de 18 ans (et plus de 50%, moins de 24 ans)… et 66% d’entre eux étaient des femmes : pas étonnant dans ces conditions que le public “High School” de PIE, composé pour sa part exclusivement de moins de 18 ans et à plus de 60% de filles, s’oriente principalement vers ce réseau social ! Et pas étonnant non plus que, lorsque nous avons tenté de joindre des participants PIE particulièrement actifs sur les réseaux en général et sur TikTok en particulier, seules des filles aient répondu à l’appel !
Le but à travers cet entretien croisé était de comprendre pourquoi et de quelle façon nos participantes intervenaient sur les réseaux dits sociaux, ce qu’elles retiraient de ces échanges, en quoi leur séjour à l’étranger impactait le contenu de leurs publications, et quelles étaient les retombées de celles-ci. Louise, Lola, Clara, Lya et Anissa, toutes les cinq participantes au programme, nous ont fait la gentillesse de nous répondre.
ll y a du semblable et du différent dans leur approche, mais quel que soit leur “niveau d’influence”, des tendances fortes se dégagent autour de cette nouvelle façon de communiquer : la certitude que l’année d’échange est un extraordinaire support aux publications, une certaine légèreté —voire naïveté— d’approche sur la forme, et même le fond, au sens ou on publie sans trop s’interroger sur le pouvoir et la grammaire de l’image —si différents pourtant de ceux de l’écrit—, et peut-être aussi sur les risques inhérents à ces pratiques (dépendance, anxiété, protection de la vie privée)…
Tout cela va forcément énormément évoluer dans les années qui viennent.
On retiendra pour l’instant et avec intérêt que nos jeunes participant(e)s ont exactement les mêmes objectifs que nos anciens, à savoir : échanger et partager ! Seuls les outils et les médiums ont changé : le smartphone a remplacé le stylo et les réseaux ont remplacé le papier… mais ce n’est pas rien ! Et la bienveillance envers la communauté des étudiants d’échange s’est quant à elle internationalisée.
En images et en vidéos : Échange en visIo (Salomé & Xavier de PIE / Clara / Lola / Lya) | Film de Louise | Film de Clara | Film de Lya | Film d’Anissa | Film de Louise |
MOTIVATIONS
Étiez-vous actifs sur les réseaux avant votre séjour à l’étranger ?
Lya (Arkansas) — Oui, mais pas régulièrement comme aujourd’hui, et pas aussi sérieusement !
Louise (Texas) — Je ne postais que des photos (surtout sur Insta), pas de vlog comme ceux que je fais actuellement pour PIE.
Lola (Wisconsin) — Non, moi j’ai toujours un peu suivi les réseaux, mais je ne postais pas.
Clara (Wisconsin) — Je consultais beaucoup mais je n’étais pas active à proprement parler.
Anissa (Utah) — Avant de créer mon compte TikTok USA, j’étais uniquement “spectatrice” !
En postant, avez-vous des objectifs précis ?
Louise (Texas) — Je fais ça par plaisir, sans véritable objectif. Et je le fais aussi pour mes proches. Ils sont contents de me voir. Ça les rassure.
Clara (Wisconsin) — Je suis partie après avoir vu des posts d’anciens participants. Ça m’a trop donné envie. Grâce aux vidéos sur les réseaux j’ai vu que c’était possible. Ça m’a inspirée, alors je veux inspirer. En gros, j’ai juste voulu faire pareil : partir et ensuite partager et témoigner.
Lola (Wisconsin) — C’est pareil pour moi. En fait je crois que j’avais envie de ressembler un peu aux personnes que je suivais. Ça m’a motivée. Je voulais passer dans le monde de ceux qui montrent et qu’on regarde, au lieu d’être juste le regardant. Maintenant au lieu de rêver, c’est moi qui fais rêver !
Clara (Wisconsin) — En postant, je veux aussi récolter des souvenirs de tout ce que je suis en train de vivre. Je crois que je serai contente de revoir ça dans plusieurs années.
Lya (Arkansas) — Le souvenir c’était ma motivation première… juste l’idée de collecter. Une fois sur place, j’ai réalisé que poster pour les proches, c’était également très pratique. C’est tellement plus simple d’informer tout le monde comme ça. Surtout les vidéos. Ils voient tout, ils comprennent, c’est très efficace. Mais, aujourd’hui, le fait d’aider les futurs participants est peut-être ma première motivation. J’aime beaucoup faire ça.
Anissa (Utah) — Mon objectif c’est de toucher les gens et de les pousser à dépasser leurs préjugés. Moi par exemple, je suis placée dans l’Utah, et les gens ne connaissent pas du tout cet État. Je les aide à prendre conscience de ce qu’est la vie dans ce coin-là et du fait que c’est plein de richesses !
Votre séjour serait donc actuellement le moteur essentiel de vos publications ?
Lya — Oui, c’est ce que je vis actuellement qui me donne une vraie raison de publier. Dès mon inscription, j’ai senti que ce séjour était un support parfait pour poster. À partir du moment où j’ai évoqué mon départ (au mois de mai de l’an dernier environ), les vues ont commencé à augmenter nettement. Je donnais des conseils et des explications et ça suscitait de l’intérêt : il y avait du retour ! Le séjour en gros, ça donne des idées.
Anissa — De mon côté, je ne publie que des choses en rapport avec mon séjour : les différences de mode vie, de mentalités, les choses qui font sourire. Mon année c’est MON sujet !
Clara — Oui, c’est le sujet parfait pour publier. On a des tas de choses à raconter. J’ai ouvert un nouveau compte juste pour partager cette expérience.
Lya — Oui, le fait de poster sur les réseaux ajoutent de la valeur à la valeur de l’expérience. C’est comme une plus-value dans la plus-value.
Lola — Je veux faire part de mon état d’esprit du moment, c’est la base de ma motivation. Et mon état d’esprit est dépendant directement de mon expérience aux USA.
Louise — Moi, c’est un peu particulier : j’ai commencé à poster parce que PIE m’avait demandé d’être un peu leur ambassadrice. Il y a donc un lien évident et direct entre mon séjour et mes publications.
On entend dans vos réponses quelque chose comme : “Je suis fière de ce que je fais et je suis fière ou du moins heureuse de le faire savoir”
Louise — Oui je suis fière… et je crois que c’est en grande partie pour cela que je publie.
Clara — On a un sujet original. On poste des choses très différentes que celle qu’un lycéen publie en France, donc on se démarque. Personnellement, je publie surtout en anglais, donc je suis quand même fière de ça également.
Lya — Ce séjour —et tout ce qui va avec— nous permet de nous mettre en valeur sur les réseaux, c’est certain.
Lola — Sur mon compte dédié à mon séjour (qu’on a ouvert avec deux autres filles), je poste tout ce qui fait de mon année quelque de chose de spécial, d’unique, d’intéressant… donc ça rend le truc un peu un peu magique. Ça fascine forcément un peu.
CONTENU
Comment choisissez-vous les sujets que vous abordez et la forme que va prendre la publication ?
Lya — Je fais des choses très différentes. Trois types principaux de publications. 1°/ des vidéos ou je suis face-caméra et où, concrètement, j’explique des choses. Ça plaît (par exemple ceux par rapport aux “cheerlading” intéressent beaucoup. 2°/ Des videos très courtes de 15 secondes, sans paroles avec juste un son. Je capte un petit truc en passant et je diffuse. Parfois ça plaît parfois ça fait flop. 3°/ Soit des vlog (NDL : videos blog d’environ 1′) du genre “ma journée type”, “mes vacances ici ou là”, etc. J’ai commencé à en faire parce que j’avais de la demande… et ça ça marche bien.
Clara — Je m’inspire beaucoup de ce qui “marche”. Je regarde ce que font les autres étudiants d”échanges, les tendances.
Lya — Moi, sur la forme comme sur le fond, je réponds plus à la demande… celle de mes amis et de ceux qui me suivent et me supportent : “Pourquoi tu fais pas ci ou ça ?” Ils me donnent beaucoup d’idées. Souvent je réponds à un commentaire ou à une question sur un point précis, qui peut être technique. Mes amis de ma “High School” me réclament beaucoup de vlogs aussi… et souvent ils veulent y figurer !
Et pouvez-vous nous en dire plus sur le choix des sujets ?
Clara — Personnellement, j’aime bien poster des vidéos ou j’explique comment ça se passe au niveau de l’école, de l’adaptation, des différences de rythme et d’emploi du temps. J’essaie d’être informative. J’utilise pas mal les musiques qui sont appréciées et utilisées par les étudiants d’échange, dans l’esprit “Trend” (NDLR : type de contenu —mot clé viral, concept ou image…— repris et utilisé massivement et qui devient populaire à un moment donné).
Lya — J’utilise “Creator Search Insights”, un outil qui permet de repérer et de suivre tout ce qui marche sur TikTok.
Lola — Moi c’est très différent : j’aime bien raconter ma vie, donner les vrais prénoms, je veux que ça colle à mon quotidien et à ce que je ressens. Je ne crains pas de livrer mes émotions et de me dévoiler. Mais j’aime bien suivre et coller aux “Trend” aussi (mais pas forcément à ceux des étudiants d’échange.
Tu es plus introspective Lola, c’est ça ?
Lola — Je vise une certaine identification. C’est valable quand je regarde les posts des autres, donc ça doit être valable quand on regarde les miens. Je veux que les gens qui regardent se projettent un peu dans ma personne, pour que l’on soit un minimum en connexion.
À vous écouter, on réalise qu’à travers les réseaux vous recherchez exactement la même chose que recherchaient nos “anciens”, du temps de la communication via le courrier postal (ou plus tard via l’e-mail) —et donc à travers 3.14, le journal de l’association— , à savoir : 1/ emmagasiner et fabriquer du souvenir, 2/ rester en contact avec la France 3/ témoigner de votre expérience 4/ informer les futurs participants (comme les anciens vous ont informés) et assurer ainsi un passage de relai ?
Lola — Oui, Le fait de témoigner et de transmettre est au centre du jeu, je pense.
Lya — Moi, je sais que je suis repéré ou connu pour être celle qui filme et qui fait des posts, celle qui transmet.
Mais en revanche, le médium a totalement changé. Le passage du courrier papier à l’e-mail n’a pas été une véritable révolution, alors que le passage du témoignage écrit au témoignage filmé en est une ! Qu’est ce que vous aimez dans le témoignage vidéo par rapport au témoignage écrit ?
Lya — On capte du réel, On ne trafique pas. Je trouve que c’est un contact direct. Grâce à l’image, je peux faire part de mon état d’esprit du moment. Ça permet d’être sincère !
Anissa — C’est profondément différent. Par l’intermédiaire de la vidéo, on affiche et on partage directement nos émotions, il n’y a pas de risque de mauvaise interprétations, ce qui est plus facilement le cas à l’écrit, car l’échange est plus abstrait. J’utilise aussi l’écrit —J’ai par exemple envoyé une carte personnalisée pour la Saint-Valentin à chacune de mes coéquipières de wrestling/lutte (environ40 personnes), mais il est clair que je ne partage pas les mêmes choses à l’écrit et en vidéo. L’écrit pousse plus à l’analyse, l’image à la spontanéité.
Réfléchissez-vous à la question formelle, à la façon de filmer, à l’outil caméra, à la “grammaire” de l’image : est-ce que je pose ma caméra ici ou là ? quel angle de vue j’adopte ? quelle focale ? pourquoi ? comment je vais monter tout ça, etc. ?
Louise — Ah non pas du tout. Je ne pense pas à tout ça. Je fais comme je le sens. Je fais juste attention à ne pas trop filmer le visage des gens car je ne sais pas s’ils sont d’accord.
Lola — Ah non, moi, au contraire, j’aime bien filmer les autres et faire intervenir des gens de l’extérieur. Je trouve ça plus vivant.
Lya — Souvent j’essaie de faire intervenir des amis, je peux interviewer des profs aussi… des gens que je connais. Sinon au niveau de la façon de filmer, on se pose pas mal la question du selfie quand même ? Moi je n’aime pas trop le selfie, je préfère retourner l’appareil et me filmer au grand angle, donc sans me voir. De façon générale, j’aime bien le grand angle ! Côté son, j’aime bien suivre les trucs du moment, les sons à la mode et les utiliser à ma façon en les adaptant à mon sujet.
Clara — Oui moi aussi, j’aime bien l’effet visuel du grand angle : on capte tout
Lola — J’aime bien filmer dans les miroirs. Et je préfère poser le téléphone, car je n’aime pas l’effet “selfie en marchant”. Sinon au niveau montage, je coupe beaucoup. J’enlève les hésitations, les “Euh” et les “Ah”… histoire de dynamiser.
Clara — “Couper” demande du temps. J’essaie donc de ne pas trop faire de montage.
Anissa — Je cherche à filmer de manière spontanée. Pour le reste, je ne me pose pas trop de questions. Donc je ne peux pas dire que je me penche vraiment sur la forme.
Le propre de la production “réseaux sociaux” c’est que celui qui publie est souvent à la fois, producteur, réalisateur, acteur, directeur de la photo, monteur… En matière d’image c’est le mode de production le plus léger qui soit : il y a vous et la caméra (votre smartphone qui plus est). Vous êtes la première génération a pouvoir produire de l’image en quantité et sans quasiment de contrainte. Vous filmez comme on parle. Avez-vous réfléchi à ça ?
Lya — C’est vrai que globalement c’est nous qui faisons tout.
Clara — Ça m’arrive de faire filmer par d’autres, mais c’est vrai que c’est plus rare.
Louise — Je n’ai pas vraiment réfléchi à ça. Je sais par contre que le fait de faire tout toute seule me rassure. J’aurais du mal à être filmé par quelqu’un d’autre, je serai déstabilisée, voire stressée.
En revanche le fait de vous montrer en ligne ne te stresse pas ?
Louise — Non, parce que je ne vois pas les autres qui me regardent.
Avez-vous l’impression d’avoir un style, une “pâte” ?
Lya — Je ne sais pas ! Mes copines me disent qu’on me reconnait parce que je commence toutes mes videos par : “Ok les gars !” Mais ce ne fait pas un style. c’est plus une signature. Je crois que c’est surtout notre sujet (le fait d’être étudiant d’échange) qui nous démarque et nous identifie… plus que notre façon de faire
Clara — J’y vais un peu au petit bonheur la chance. J’essaie de faire en fonction de mon sujet. Je peux changer très souvent d’approche et de style.
Lola — Tiens, je réalise que moi aussi j’ai un truc pour démarrer mes posts. J’ouvre en disant : “Hello, la team !” Et pour ce qui est du rapport à la caméra, ma théorie c’est que la caméra c’est l’équivalent de mes copines en France. Donc je parle à la caméra comme à mes copines. Ça crée un décalage. Exemple : la semaine dernière, j’ai ouvert le sujet en disant : “Aujourd’hui, j’ai la tête dans le cul”, et je sais que ma Mamie et mes grandes tantes regarde ça !” C’est bizarre, mais c’est pas grave : c’est mon truc. Je vais pas changer de style en fonction de mon auditoire… or, mon style c’est justement de parle à mes copines !” … De toute façon je crois qu’au final, ma Mamie aime bien ça… elle aime me voir comme je suis.
Anissa — Essayer d’apparaître tel que je suis, de rester moi-même : c’est ma ligne. Et d’être drôle aussi. Je recherche un côté léger. J’assume cela.
As tu une vidéo dont tu es particulièrement fière ?
Anissa — Peut-être la vidéo ma petite nièce de ma famille d’accueil que j’ai faite 2 ou 3 après mon arrivée, à l’occasion d’un repas de famille. Je joue avec elle. Tout le monde l’a commenté et a parlé de mon anglais. Moi, j’ai réalisé, en faisant cette video et en la regardant, à quel point j’avais évolué depuis mon arrivé… et j’ai tellement progressé depuis. C’est chouette.
PROTECTION / EXPOSITION
Est-ce que l’on peut comparer vos productions à une sorte de journal de bord, voire même à un journal intime ?
Lola — Pour la plupart de mes blogs, oui c’est vraiment ça : je dis comment je me sens, dans quel état je me suis réveillé, ce que j’ai fait, pensé… si j’ai envie de pleurer, je pleure, etc.
Y’a vraiment ce côté “journal intime”, mais paradoxalement c’est pas très intime… puisqu’on le divulgue au monde, à des inconnus.
Comment échappez-vous à ce paradoxe ?
Lya — Personnellement je reste très discrète sur ma vie intime. Je parle plus de ce que je vois et vis. Donc c’est un journal, mais pas intime.
Clara — Je peux raconter ce que je sens et ressens (par exemple, je fais des vidéos le matin où je livre mes impressions sur la journée qui m’attend, sur ma famille, etc.). mais je garde une certaine distance. Après, on a tous de comptes différents sur lesquels on ne dit pas et on ne raconte pas la même chose, où on n’aborde pas les mêmes sujets, où on ne tient pas le même langage et où on n’a pas le même ton.
Lola — Je suis pas sûr que j’essaie d’échapper à ce paradoxe. Dans ce que je fais, j’aime bien montrer qui je suis. Je fais tout ça pour partager, alors je ne me soucie pas trop du regard des autres. À ce niveau-là, je suis assez différente de Lya ou de Clara. Mais en même temps, j’ai des limites et j’agis aussi en fonction du support et du réseau que j’utilise.
RÉSEAU, AUDIENCE & INTERACTIONS
Sur quel réseau publiez-vous ?
Toutes — TikTok !
Lya — Ça me parait plus adapté, c’est le plus bienveillant aussi.
Lola, Anissa et Louise — On utilise aussi Instagram…
Lola — …et moi je publie aussi sur Vsco (NDLR : prononcez “Visco”). Je change de réseau, en fonction des publications. Mais tout ce qui touche à mon séjour et à l’année d’échange, j’utilise essentiellement Tiktok.
Clara — Moi aussi : TikTok pour les vidéos plus travaillées (avec montage), et Insta pour les stories ou j’amuser mes copines : là je ne fais pas montage, je publie brut.
Louise — Moi, j’ai plus de visibilité sur Instagram.
Pouvez -vous nous donner quelques infos sur la fréquentation de vos comptes (en termes d’abonnés, vues ou likes) ?
Lola — Pour ce qui est des vues, ça dépend totalement des publications. Je peux faire de 100 à 1000 “likes” en règle générale, et puis, près de 15 000 sur une seule publication. Ça a été le cas récemment quand j’ai posté une vidéo sur un projet scolaire autour d’un bébé robot (qui pleure et qui rit) et qu’on devait alimenter (voir : Vidéo du mois). Dès qu’il y a un truc étrange, ça fonctionne bien !
Lya — En janvier, sur toutes mes publications, je suis arrivé à 800.000 vues. Les vlogs, ça marche bien. Mais sinon, ça peut être très aléatoire. Une vidéo courte peut fonctionner très bien ou au contraire pas du tout.
Clara — Ce dernier mois, j’ai fait 500.000 vues. Et pour moi aussi ce sont mes vlogs de ma journée qui marchent le mieux.
Louise — Olala moi, ça n’a rien à voir. Je dois avoir 280 abonnés sur TikTok et 500 sur Instagram… et genre dans les 1 000 vues ! je ne fais pas trop attention. Je fais pas ça pour ça. Je l’ai plus fait en ambassadrice, pour me faire plaisir et faire plaisir à mes proches.
Lya — Ce qui est certain, c’est que ce qui marche a clairement un rapport à notre année à l’étranger !
Avez-vous des interactions avec vos abonnés ?
Lola — Oui de plusieurs types : les amis qui réagissent et qui commentent ; des gens —et ils sont nombreux—, qui ne connaissaient pas le programme et sont surpris que ça existe : ceux-là posent plein de de questions sur ce qu’on vit, sur les organismes, et des questions techniques aussi (sur le redoublement, etc.) ; et puis d’autres étudiants qui vivent la même chose que nous et qui veulent échanger.
Lya — Oui, j’ai quand même pas mal de retour. J’essaie de répondre à tout, mais cela prend du temps. C’est souvent les mêmes questions et parfois les mêmes personnes qui interviennent.
Clara — Beaucoup de questions aussi de mon côté : comment tu as fait pour partir ? le budget ? comment ça se passe ? est-ce que tu te fais des amis ?… Ça vient du monde entier. Je trouve intéressant d’y répondre, et ça fait plaisir d’aider.
Comment votre audience réagit-elle à votre contenu ? avez-vous parfois des retours négatifs ?
Anyssa — Beaucoup de commentaires viennent des amis et de famille et sont donc positifs. Les proches sont contents de voir que je passe un bon moment et que je progresse en anglais.
Lya — Mais il y a des gens qui trouvent que vous vous mettez trop en avant, que vous faites trop la star. Ça ne m’affecte pas plus que ça. Je ne réponds pas.
Lola — Il y aura toujours des gens jaloux ou envieux, c’est comme ça ! On doit passer outre. Parfois, j’essaie faire de l’humour et ça rate grave. On se moque de moi, mais c’est pas grave. Tant que ça fait rire les copines.
Anissa — j’ai très peu de commentaires négatifs ou bizarre, car je ne suis pas assez connue sur les réseaux, mais les seules fois ou c’est arrivé, j’ai supprimé et bloqué la personne.
Lya — Il y a quand même un risque sur les réseaux sociaux, car on ne sait pas qui on a en face. C’est la raison pour laquelle je ne m’épanche pas sur ma vie privée, que je ne veux pas trop me dévoiler. Des gens que je ne connais mais qui me disent : “Je suis trop fan de toi” ! Ce n’est pas effrayant, mais plus ça va plus j’en ai, et je tiens à garder de la distance avec ça.
Clara — J’ai eu parfois des critiques sur le séjour, du style : “10 000 euros, c’est un truc de riche…!” Mais je ne suis pas entrée dans la polémique.
Lola — Après, il peut aussi y avoir des trucs malsains… mais ceux-là, on les dégage.
Combien de temps (par jour, par semaine…) passez-vous à créer du contenu et à travailler sur vos comptes ?
Clara — C’est variable selon le type de travail (les vlogs prennent un peu plus de temps qu’une publication normale). Entre la fabrication et le travail de suivi sur le réseau, je dirais… environ 1 h par jour !
Lya — Je travaille sur mes comptes plutôt le week-end, mais j’assure du suivi 5′ par ci par là… et au total dans les 3 heures par semaine. Pour répondre aux messages et aux questions, j’essaie de bloquer 2 heures par mois
Lola — C’est difficile à dire, car je ne suis pas régulière. Je fais ça un peu comme ça vient. Un vlog ça demande tout de suite 2/3 heure de travail et un post un peu sérieux, 1 heure de boulot. Du coup, j’ai des semaines à zéro et des semaines à 5 heures.
Anissa — C’est extrêmement compliqué à gérer. D’un côté, on sait que plus on poste de vidéos, plus on a tendance à percer, et à faire de vues… mais de l’autre on a nos activités. Moi, le sport (wrestling/lutte) me prend beaucoup de temps. J’ai ai déjà pas assez pou me faire des copines, donc faire des TikTok n’est pas ma priorité… Alors je ressens une certaine pression, en termes de régularité et de qualité du contenu.
Avez-vous déjà été approchée par des sponsors, des marques, etc ?
Anyssa — Personnellement, j’ai eu des contacts dans les “commentaires”, mais ça paraissait “fake”, donc j’ai ignoré. J’avais peur de me faire arnaquer.
Lya — Je gagne un peu d’argent avec ça. En novembre, j’ai eu un contact avec une marque, donc c’est chouette. Mais juste après mon compte à été hacké, donc c’était pas top et ça m’a ralenti.Je suis également ambassadrice pour “Exchange Life”, une sorte de club international avec un gros réseau (genre boutique en ligne). Ça me rapporte aussi un peu d’argent. Forcément, ça me motive.
Est-ce qu’il y en a une parmi vous qui envisagerez sinon de faire de cette activité une profession, du moins une activité lucrative à l’avenir ?
Anissa — Ah oui, moi absolument, je veux vraiment gagner de l’argent grâce à ça. J’aimerais partir en campus ou en au pair aux USA et faire des vidéos sur ce sujet.
Lya — Je ne sais pas si j’ai envie d’en faire un boulot, mais je sais que j’ai envie de continuer à publier. Et en même temps, je ne sais pas comment. Je sais que ça marche actuellement parce que je poste sur mon année d’échange, parce que j’ai un vrai sujet… et je n’aurais plus ce support très porteur par la suite.
Lola — Moi j’ai toujours fait ça, depuis très jeune, donc je vais continuer. Mais ça tourne autour de ma petite vie et je n’ai pas la même notoriété que Lya de toute façon. Ce qui est sûr c’est que ce séjour à changer ma vie et que je veux continuer à témoigner de ça. Mais, en gros, je ne me vois pas devenir “influenceuse”.
Lya — Il faut avoir conscience que les réseaux, c’est pas une valeur sure. Tout est très instable, mouvant. Ça peut marcher hyper fort et puis, un mois après, s’écrouler. En gros c’est un plus, mais je veux pas imaginer ça comme le centre de mon activité.
Clara — On a un peu ça dans un coin de la tête, mais personnellement, je sens que c’est un monde et une activité qui me paraissent éphémères. Donc, je veux garder ça comme un plaisir ! D’autant que je me pose la même question que Lya, à savoir : “Qu’est-ce que je vais pouvoir raconter et publier à mon retour ?”
Anissa — Je me suis demandé si je ne devais faire des vidéos sur YouTube histoire de changer de format. J’aimerais bien passer à quelque chose de plus long.
Clara nous a dit en ouverture de cet entretien qu’elle avait connu l’existence de ces séjours. Avez-vous de votre côté et à travers vos publications suscité des vocations au départ ?
Lola — J’ai donné beaucoup de conseils à ceux qui envisageaient de partir ou qui se posaient simplement des questions, j’ai beaucoup répondu aux questions, parlé de PIE, etc. mais, après je ne sais pas si les gens ont suivi.
Louise — Mon compte reste confidentiel, mais les retours que j’ai sont du même type. Je sens que l’idée du séjour accroche et que tout ça suscite de l’envie de partir.
Lya — De mon côté aussi j’ai beaucoup informé et répondu aux interrogations. La semaine dernière une fille m’a posté : “Ça y est, c’est bon ! j’ai passé mon test d’anglais avec PIE… je vais partir.” J’en ai eu plusieurs dans ce genre-là. À chaque fois, ça fait plaisir, ça fait chaud au coeur.
Clara — Comme on est en contact avec des gens de tous les pays, on parle plus directement du programme que de l’organisme. Mais dès que j’ai l’occasion je mentionne PIE.
Lya — Il y a une chose dont on n’a pas parlé et qui est très important, c’est le fait d’être en contact non seulement avec les étudiants PIE, mais avec tous les autres étudiants d’échange à travers le monde. On a un truc en commun qu’on partage. On se connaît tous un petit peu et on sait avec quel organisme on est parti.
Clara — Oui, on crée une petite communauté.
Anissa — C’est vrai. J’essaye de suivre un maximum d’étudiants d’échange. On prend des nouvelles les uns des autres, pour la plupart on ne s’est jamais vu mais on se soutient, on s’inspire.
Lola — On n’est pas dans la concurrence, on est plutôt bienveillant. On a conscience qu’on vit la même aventure.
Lya — Oui, on constitue un réseau… au vrai sens du terme.
Lola (@students.usa.cana) : https://vm.tiktok.com/
Clara (@claraldrr) : https://vm.tiktok.com/
Lya (@lyawithay) : https://vm.tiktok.com/
Anissa (@_iissa._) : https://vm.tiktok.com/
And you’re gonna go far.”
PIE SOUS INFLUENCE — Un article de Xavier et Salomé, publié dans le e-3.14 / n°62