Je viens de recevoir les horaires de mon vol de retour. Il me reste encore quatre dimanches et tout sera fini. Il sera temps de se réveiller, autrement dit de rentrer… Car rentrer et se réveiller, c’est pareil ! Le temps, c’est sûr, passe à une allure terrible, et toi qui vis, tu ne le sais pas, tu ne le vois pas ! Et puis, soudain tu te retournes et tu réalises le chemin que tu as fait. Hier, en visionnant les petites vidéos que j’ai prises à mon arrivée, j’ai compris tout ça. Dans la première vidéo, je nous filme avec ma soeur d’accueil à l’arrière de la voiture, et il ne se passe rien. Dans la seconde, on voit la mi-temps d’un match de foot : les joueurs ne font rien, le « Band » change de place pour se préparer à jouer un nouveau morceau… et il ne se passe rien de spécial non plus. Aujourd’hui, je ne filmerais pas tout ça. Je n’y trouverais rien d’étonnant, rien d’original. Les têtes qui animent ces vidéos me sont devenues familières, et le « Band room » est devenu ma deuxième maison —le lieu où je partage tout : les pleurs, les rires, les amours, les potins, les engueulades et tout le reste. Et en regardant ces images —les images de la vie ordinaire— je comprends que le temps a filé et que moi j’ai fait du chemin.
Anonyme / Un an aux USA en 2004