Voilà deux mois, l’oiseau est irrémédiablement tombé du nid et s’est envolé pour les Etats-Unis. Il y a une semaine environ, le téléphone a sonné. J’étais fatiguée, j’avais besoin de calme, je regrettais presque de n’avoir pas filtré les appels au répondeur. Mais surprise ! Et émotions… C’était Marie-Aude. Emotions, parce que je ne m’attendais pas du tout à son appel et parce que sa voix, qui semblait si proche, reprenait place dans mon quotidien. Ces appels sont rares. Ils sont liés en général à des problèmes strictement matériels
(certificats, médicaments…). Dans son premier coup de fil elle me parlait de l’accueil chaleureux que lui avait réservé sa famille et de ses premiers pas au lycée. Au deuxième, elle s’est presque excusée d’être aussi bien là-bas, en pensant à sa maman restée seule ! Mais ma fille, moi aussi je vais bien. « Maman » a 18 ans, et elle découvre elle aussi pour la première fois la liberté, sans le souci de rentrer trop tard le soir… Je m’inscris maintenant à des stages et à des activités artistiques. Je n’en fus en fait jamais privée durant toutes ces années, mais je souffrais de cette culpabilité de toute mère qui travaille. Quand Marie-Aude a fait le choix du départ, son père et moi l’avons accompagnée dans son désir d’évasion. Elle me paraît assumer pleinement les aléas d’un autre mode de vie (messe le dimanche, maturité différente des lycéens américains par rapport aux lycéens français). Mais il est vrai qu’elle est
merveilleusement entourée par sa famille d’adoption. Même si son père et moi-même fûmes séparés alors qu’elle n’avait que trois ans, il me semble aujourd’hui que notre action auprès d’elle a été harmonieuse. L’autonomie, qui fut une motivation permanente de son éducation, me paraît aujourd’hui porter ses fruits. On peut presque dire : « Mission accomplie ».
MERE DE MARIE-AUDE