29 juin 2000, 11 heures. Aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle. Cette histoire commence par la fin. Les retrouvailles, chargées d’émotion et d’excitation. La grande famille est là. Les yeux se cherchent, se trouvent, s’observent, se sourient. Des yeux qui essaient de voir ce qui en moi a changé mais qui n’y parviennent pas. Pour eux, je suis parti trop loin, trop longtemps. Marco aussi a pu venir. Un ami de longue date. Café, pain au chocolat… Pur bonheur. Marco me glisse à l’oreille : « j’ai peut-être un plan pour aller en Irlande ! » Partir, repartir ; je n’attends que cela.
Les trois semaines qui suivent se montrent assez décevantes et la réadaptation est plus ardue que je pensais : impression que rien n’a changé dans ma ville, que mes amis n’ont guère évolué ; désagréable sentiment de retour en arrière : cette année ne serait qu’une parenthèse à oublier. Venir de si loin et tomber dans un ennui pareil. Il me faut aller chercher encore plus loin. Petit coup de fil à Marco. Toujours partant. « Ouais, me dit-il, mais mon plan n’a rien donné. » On partira quand même, à l’arrache, sans billet retour.
C’est inévitable ; l’anglais me chatouille, me démange ; et j’ai derrière moi une année hors du commun qui me porte comme un tapis volant. Je repense alors à cette expérience ; je ne sais pas encore où elle va me mener, mais je sais que c’est dans les mois qui viennent qu’elle va prendre ou non son sens. Je crois que je ne fais que commencer à mesurer sa portée. Irréversible expérience !
C’est comme si j’étais passé de citoyen français à citoyen du monde. C’est carrément tout un monde qui s’est ouvert à moi. Je me suis élargi le champ des possibles ; j’ai le vertige.
Gabriel / Un aux USA en 2000