En 1983, Chrystel est adolescente. Elle prend pour modèle une tennisman et choisit de filer une année aux USA. 38 ans après, elle sait que cette décision a plus influencé sa vision des choses et son attitude que son parcours.
En image : Chrystel d’hier et d’aujourd’hui
Pourquoi je suis partie avec PIE
J’avais 16 ans. Comme beaucoup je pense, je rêvais d’Amérique. Et j’avais remarqué qu’une joueuse de tennis que j’aimais beaucoup (Catherine Tanvier) parlait parfaitement anglais. En interview, elle répondait mieux en anglais qu’en français. Cela m’impressionnait. Je me suis un peu identifiée et, par mimétisme sans doute, je me suis mis en tête d’en faire autant. J’ai écrit à l’Ambassade des États-Unis, dans l’idée d’aller un jour étudier là-bas. Et j’ai réalisé alors que l’on pouvait partir dès le lycée. Dans la mesure où ces séjours étaient conçus autour de l’accueil en famille, mes parents n’étaient pas contre l’idée. Alors j’ai contacté plusieurs organismes…. Pourquoi j’ai choisi PIE précisément ? ça je ne sais pas ! Je me souviens par contre que je suis allée faire mon entretien à Marseille avec une copine, et qu’au final elle n’est pas partie aux USA… mais moi oui !
J’ai compris là-bas que la France n’était pas le centre du monde, que je n’étais pas au centre du monde. À partir du moment où on fait ce constat et où on est prêt à changer de logiciel, on devient plus disponible à tout ce qui se présente.
Mon année PIE en trois mots
Un mot suffit : l’ouverture. J’ai compris là-bas que la France n’était pas le centre du monde, que je n’étais pas au centre du monde. À partir du moment où on fait ce constat et où on est prêt à changer de logiciel, on devient plus disponible à tout ce qui se présente.
Une anecdote sur mon séjour
J’ai fêté mes 18 ans aux USA. Le jour de mon anniversaire, des copains ont fait venir un “Singing Baker” en classe. Au beau milieu du cours (il faut dire que c’était dans la classe d’un prof particulièrement sympa), le gars a débarqué avec un gâteau en chantant. Pour moi, petite lycéenne française, c’était juste incroyable. J’étais forcément un peu gênée, mais je m’en souviens. Je dois souligner aussi que j’ai toujours gardé contact avec ma famille d’accueil. En 2012, je suis retournée vivre trois mois chez ma mère d’accueil ; mes trois enfants étaient scolarisés sur place : c’était merveilleux. Mes parents américains sont malheureusement décédés aujourd’hui, mais je reste en relation étroite avec les enfants et les enfants des enfants.
Parcours / Études depuis le séjour
Au retour des US, je n’ai pas pu faire de classe prépa (car les écoles considéraient que j’avais arrêté ma scolarité !), je me suis donc inscrite en Sciences-Eco. J’ai été jusqu’au DESS. Ensuite j’ai travaillé pour une boîte américaine (qui vendait des appareils laser pour les dentistes), avec une équipe très internationale. Puis j’ai passé des concours et intégré l’URSSAF. C’est là que j’ai fait l’essentiel de ma carrière.
Relation à PIE
Dès mon retour, j’ai intégré l’équipe de bénévoles de l’association, en “team” avec ma maman. Elle s’occupait plus des parents et moi des participants. On a collaboré toutes les deux pendant plus de 10 ans. On a été déléguées localement, puis déléguées de toute la région. Je suis restée active jusqu’au début des années 2000, et au fil des ans de plus en plus proche de l’association. Des relations d’amitié sont nées, notamment avec Laurent, le délégué général. En juin dernier, j’ai intégré le conseil d’administration de PIE.
Ne pas se boucher l’horizon, se construire autour de ce qui est bon pour soi… j’ai essayé de fonctionner comme cela, d’élever mes enfants comme cela.
Si je n’étais pas partie avec PIE…
Professionnellement, je ne suis pas sûre que cela aurait changé grand-chose. J’ai par contre été marquée par mon année américaine, par cette idée que tout ou presque est possible. Les Américains se mettent moins de barrières. Ils s’autorisent plus de choses que nous. Ne pas se boucher l’horizon, se construire autour de ce qui est bon pour soi… j’ai essayé de fonctionner comme cela, d’élever mes enfants comme cela. Dernière chose enfin : cette année m’a donné une grande confiance en moi. J’ai compris au fil des années que ce que j’avais fait était original, que c’était un truc que tout le monde ne faisait pas. Et j’ai gardé de ce “petit truc à moi” une certaine fierté.