Pourquoi la Russie ? Avant de venir passer une année à St-Pétersbourg, les gens ne cessaient de nous poser cette question. Et puis ils ajoutaient : d’abord il y fait froid, et puis il n’y a rien à manger ! Or, depuis deux mois que nous sommes ici, question bouffe on se régale ! Quant au froid, on crève de chaud. En Russie le chauffage est vraiment central. Il y a une usine d’eau chaude par quartier. Et l’eau est distribuée dans chaque appartement et ça n’arrête qu’en été. C’est l’état qui paye, alors le chauffage est toujours à fond. Au coeur de l’hiver russe, le degré d’ouverture des fenêtres est le seul thermostat qui marche. Je reviens sur la nourriture : ici pas de repas, mais dînette permanente. On n’arrête pas de manger. C’est agréable… Et comme la nourriture n’est pas spécialement riche, on ne grossit pas. Que d’avantages ! Mise au point par des années de pénurie, la cuisine russe est un sommet d’inventivité. Comme elle a du temps, la ménagère déploie des trésors de patience, pour dénicher le bout de viande qui donne du goût à son « Schi » (soupe nationale), pour accomoder les restes en inoubliables « Kotelète », c’est-à-dire boulettes de viande, de poisson ou de légumes hachés. Avec son salaire moyen de 40.000 roubles (soit 200 francs par mois), il lui faut faire preuve de beaucoup de perspicacité pour éviter de consommer des « yogourts » importés (300 roubles l’unité) ou autres gâteries occidentales. Il lui faut dénicher le camion de choux venu directement de la campagne, ou la caisse de poissons congelés, proposée à un prix abordable. Munie de son « Cymka »(littéralement, « au cas où »), un grand sac à provisions, elle part très régulièrement faire son marché, un peu comme nous partirions à la chasse.
Il y a aussi le marché couvert où des vendeurs caucasiens proposent des fruits et des légumes. Vous les prenez dans vos mains car les sacs plastiques coûtent aussi chers que les produits. A la sortie du marché, des « Babouchkas », 3 carottes dans une main et un paquet de gaufrettes dans l’autre, attendent des heures dans le froid un hypothétique client. Et, un peu plus loin, les petits vieux qui échangent un tournevis ou une ampoule électrique contre 2 « glou-glou » de vodka (c’est la mesure officielle pour la vodka) : le bruit de la bouteille faisant foi !
Pourquoi la Russie ? Parce qu’il y fait chaud, qu’on se régale, et peut-être aussi parce que dans ce pays, partagé entre un ordre ancien et la découverte d’un nouveau monde, on n’a pas de mal à occuper ses journées.
MARIE ET EMMANUELLE. SAINT PETERSBOURG