Aux confins du globe – Grise Fiord et Hobbard

Grise FiordIls sont tous deux Français, et tous deux participent au programme PIE d’une année scolaire à l’étranger. Ils avaient, au départ, choisi deux pays très éloignés l’un de l’autre (le Canada et l’Australie) mais les circonstances les ont amenés à vivre quasiment aux antipodes. Le premier, David, demeure en effet à quelques encablures du Pôle Nord, dans le territoire Inuit du Nunavut, tandis que la seconde, Nikita, vit aux portes d’Hobbart, sur la grande île de Tasmanie. Près de 20000 kms et 30 heures d’avion les séparent donc. Trois Quatorze interroge l’un et l’autre, histoire d’approcher leur mode de vie et leur environnement, aujourd’hui si différents, et de saluer leur esprit d’ouverture et d’aventure.

David, plein nord

Trois Quatorze – David, peux-tu nous raconter ton arrivée sur ta terre d’accueil ?

Pôle NordDavid ­ J’ai d’abord pris, comme tout le monde (je veux dire comme les autres participants) l’avion de Paris jusqu’à Toronto – un gros avion classique –, puis une ligne régulière jusqu’à Ottawa. J’ai passé deux jours chez Glendel, ma déléguée, le temps de me préparer (j’avais des affaires à acheter) et d’attendre la liaison pour le Nunavut. Deux jours après, j’ai pris un jet, pour aller d’Ottawa à Iqaluit, la capitale du Nunavut, puis un autre d’Iqaluit à Resolute Bay (qui se situe au sud de Devon island) – et, enfin, de Resolute Bay à Grise Fiord, j’ai pris un petit avion à hélice. Quand on est arrivés au-dessus de Grise Fiord, les conditions météos n’étaient pas bonnes, alors on est repartis à Resolute Bay. On a recommencé le lendemain. Ce jour-là, c’était beau, c’était magnifique, tout blanc. C’était la première fois que je voyais de vrais icebergs, de près ! Juste avant d’atterrir, j’ai vu aussi des Narvals qui s’éloignaient… Grandiose ! Ce jour-là, on a pu atterir : j’étais arrivé !

Trois Quatorze – Te voilà donc à Grise Fiord, au bord de l’océan Glacial Arctique ?

David ­ La communauté de Grise Fiord a la particularité d’être celle qui vit le plus au nord de la planète. Il n’y a qu’un campement qui soit plus au nord, mais il s’agit en fait d’une station météo. Tandis que Grise Fiord est un vrai « village ». La communauté inuit occupe cette région depuis, disons… la nuit des temps, même si le village, en lui même, ne date que d’une quarantaine d’années seulement. Nous sommes sur le 76° parallèle , sur Ellesmere Island, à 1000 kilomètres et des poussières du pôle Nord – la première habitation est à 1h30 d’avion !

Trois Quatorze – Pour mieux se rendre compte de la chose, je crois qu’il faut inviter les lecteurs à se pencher sur une carte, ou mieux encore à pointer ta position sur un globe. Là, ça devient très impressionnant ! Que peux-tu nous dire sur le climat ?

David ­ Quand je suis arrivé, au tout début du mois de septembre, la température frôlait le zéro degré. Assez rapidement, elle est tombée à –10°, –20°. Il y a une semaine, il y a eu à nouveau une chute (–30° environ). Cette semaine, on est remonté à –20°. Je sais que bientôt elle descendra jusqu’à –40°, à voire plus bas. Et on entrera dans la nuit polaire.

Trois Quatorze – C’est effrayant, non ?

David ­ Non, pas du tout. J’ai vraiment l’impression qu’en France il fait beaucoup plus froid ! Sérieusement, ici, c’est un climat très sec, donc très supportable. La première fois que le thermomètre est descendu en dessous de –20°, j’ai même été surpris. J’aurais juré qu’il faisait bien plus chaud. J’ai dû regarder le thermomètre pour vérifier. Et, il faut ajouter qu’à l’intérieur des maisons, il fait très bon (entre 20° et 25°C). Jusqu’à présent, je n’ai pas du tout eu l’impression de lutter contre le froid.

Trois Quatorze – Avant d’entrer dans les maisons, peux-tu nous décrire Grise Fiord de l’extérieur ?

David ­ Grise Fiord est située dans une crique assez grande, à la sortie du fiord d’Ellesmere, au bord de l’océan arctique. Mais attention, il ne faut pas imaginer un petit port avec des pontons, mais plutôt une zone un peu étrange, pleine de gros galets – il faut imaginer une frontière indéfinie entre terre et mer (puisque cette dernière est gelée quasiment la plupart du temps). Grise Fiord est appuyé contre des montagnes. Voilà, la situation. Autour, tout est blanc, avec toutes les nuances de blanc. C’est magnifique. D’abord c’est grandiose et puis en ce moment la lumière est extraordinaire. Nous sommes sur le point d’entrer dans la nuit polaire, et chaque jour, j’assiste à un coucher de soleil qui n’en finit pas. C’est comme si la minute qui suivait le moment où le soleil plonge derrière l’horizon durait 3 à 4 heures – tout est rouge orangé, bleu…

Trois Quatorze – Comment est structuré le village ?

David ­ « Structuré » est un grand mot ! On a l’impression de maisons posées un peu au hasard, un peu en longueur, le long de la mer. Il y a 46 maisons, un petit bâtiment administratif qui fait office de mairie, un générateur, une école, une petite église, une station de pompiers, deux garages, deux gros réservoirs d’eau, une piste pour atterrir (un peu à l’écart de la ville), une clinique (pour les soins d’urgence). Il y a une infirmière qui vit à Grise Fiord, sinon il y a un ophtalmo et un dentiste qui viennent deux fois par an. En tout, il y a 160 habitants.

Trois Quatorze – Tous sont Inuit ?

David ­ Non, une vingtaine ne le sont pas. C’est le cas de mon père d’accueil. Il a épousé une inuit, mais aujourd’hui il est divorcé. Je vis avec lui, ses deux enfants, Ryan (3 ans) et Jaco (4 ans), et un autre étudiant d’échange, Michael, qui lui est Tchèque – il est arrivé en même temps que moi.

Trois Quatorze – En tant que participant PIE, tu vas bien entendu à l’école. Peux-tu établir des parallèles entre l’école française, ce que tu sais de l’école canadienne, et ton école à Grise Fiord ?

David ­ C’est à la fois proche et éloigné. Contrairement aux autres écoles canadiennes, à « Ummimak school », on ne choisit pas ses matières. Cela s’explique par le fait qu’il n’y a ni assez d’élèves ni assez de professeurs. Il faut bien comprendre que c’est une école unique et que les élèves ont entre 3 et 19 ans ! Il y a 6 professeurs et 6 matières (anglais, inuktitut, sciences, math, informatique, études sociales). Les cours commencent à 9 heures. On s’arrête à midi. On reprend à 1 heure et on s’arrête à 16 heures. Les mêmes cours se répètent du lundi au vendredi, comme dans toutes les écoles nord-américaines. Le matin, on commence par 3/4 d’heure d’activités physiques. Question niveau, c’est tranquille. On travaille beaucoup moins qu’en France. En fait, il ne faut pas comparer. Pour un Français, le rapport des jeunes à l’école est disons… assez particulier. Les élèves vont à l’école s’ils ont envie d’y aller – s’ils n’ont pas envie, ils n’y vont pas – ils ne sont pas pénalisés pour autant. En fait ici, c’est plutôt du genre : « Merci, d’être venu ! ». Pour vous donner un exemple, il y a, chaque mois, une remise de diplômes qui est organisée (du style « l’étudiant du mois », « celui qui a bien fait ceci, ou cela » « la meilleure athlète », etc.) – et bien moi, j’ai déjà gagné deux fois le certificat de « celui qui vient le plus souvent à l’école ». 100 % de présence pour un élève : ils n’avaient encore jamais vu ça !

Trois Quatorze – Amusant, oui. On peut dire que l’approche scolaire est donc totalement différente ?

David ­ Totalement. Disons que la population inuit est très attachée à ses coutumes, ses traditions, son mode de vie et que la vie tourne encore autour de ça. Pour un Inuit, l’idée de jobs, de travail au sens où on l’entend en Europe, est impensable. Et ce d’autant que le gouvernement aide financièrement les gens qui sont prêts aujourd’hui à rester à Grise Fiord. Tout cela explique donc l’attitude générale par rapport à la scolarité. L’école, c’est quelque chose en plus, comme un bonus. Mais, mon père d’accueil, qui est le manager administratif et financier de la ville (un genre d’adjoint au maire), essaie, à l’instar d’autres personnes, d’inciter les jeunes à aller à l’école plus régulièrement. Pour élargir et pour qu’on comprenne mieux, je dirai que l’idée d’avenir en général, de ce que l’on va devenir, n’est pas du tout la même pour un Inuit que pour un Européen. Ici, les gens vivent plus au jour le jour. Demain n’est pas le souci premier.

Trois Quatorze – Tu parlais des traditions, du mode vie inuit ancestral, qu’en reste-t-il aujourd’hui ?

David ­ Je crois qu’en 50 ans, le mode de vie a totalement évolué. Le mode de vie d’aujourd’hui n’a sans doute plus rien à voir avec le mode ancestral qui était encore en vogue il y a peu. Il n’en reste pas moins vrai que la chasse, par exemple, reste une tradition très prégnante, une réalité. Ici on mange le produit de notre chasse et de notre pêche : phoque, morse, baleine, narval, ours, caribou, oiseau, lapins…
J’ouvre une petite parenthèse : j’ai assisté plusieurs fois à des parties de chasse : narval, phoque… C’était fascinant. Ils sont particulièrement doués. Moi je ne voyais rien, sinon du blanc, et eux ils voyaient tout. Il y a quinze jours, un ours s’est approché du village (cela arrive parfois pendant l’hiver). C’était très impressionnant. Il a été tué.
Durant la nuit polaire, on profite des périodes de pleine lune pour aller chasser. On prend la snowmobile et on part sur la mer, qui est entièrement gelée.

Trois Quatorze – Pour en revenir à la nourriture, vous ne mangez pas que le produit de la chasse, tout de même ?

David ­ Non. Beaucoup de nourriture arrive par l’avion. Au moment où je vous parle, je regarde sur la table et je vois des bananes, des pommes, des oranges… L’avion passe entre 1 et 3 fois par semaine (suivant les besoins et les conditions) et il apporte des produits du monde. Dès qu’ils le peuvent les gens ici, mangent des fruits et des légumes (carottes…). Ils congèlent aussi énormément. C’est un truc important la congélation. Mais une des bases de la nourriture, je le répète vient de la pêche et de la chasse.

Trois Quatorze – Est-ce que tu sens, comme dans nos sociétés (voir interview de Nikita), un souci particulier concernant l’environnement ? Parle-t-on par exemple du réchauffement de la planète qui semble toucher en premier lieu le Grand Nord ?

David ­ Non, ils n’en parlent pas du tout. Il y a en ville, une maison pour le World Life Office, mais, c’est plus un office de chasse qu’autre chose. Au quotidien, ils ne parlent pas du tout d’écologie. Ce n’est pas leur préoccupation.

Trois Quatorze – On parle aussi du problème de l’alcool dans les communautés inuits. As-tu ressenti cela ?

David ­ Non, l’alcool, il n’y en a quasiment pas. Ils en font venir très peu, car ça coûte très cher. Si ça a été un problème, il ne semble plus que cela le soit, en tout cas à Grise Fiord. Par contre la consommation de tabac est un vrai problème. Les jeunes fument à partir de 13 ans. Et tout le monde fume énormément.

Trois Quatorze – Continuons à brosser – à gros traits – un tableau de ce monde, qui reste pour nous très exotique et très lointain?

David ­ Pour moi aussi, il reste encore très surprenant. J’en apprends tous les jours. Prenons l’éducation : ici, les enfants sont rois. Ils ont et font tout ce qu’ils veulent (dans la mesure, bien sûr, où cela est possible). À ce niveau, c’est très différent de l’Europe et même du reste de l’Amérique du Nord. Les rapports hommes/femmes également ne sont pas structurés sur le même moule. En public, les hommes et les femmes ne montrent jamais qu’ils sont ensemble. Je ne connais pas d’adolescent/adolescente qui sortent ensemble. Quand je leur ai demandé pourquoi, j’ai eu le sentiment que c’était du domaine de l’interdit.
La chose qui m’étonne peut-être le plus c’est l’aspect grande famille du village, à tous les sens du terme. Concrètement les gens sont souvent frères, cousins, etc. Mais, au-delà de ça, ils raisonnent tous comme s’ils faisaient partie du même groupe. Si ce soir, par exemple, je n’ai pas envie de manger chez moi, je fais « toc-toc » trois portes plus loin, et je sais qu’on m’ouvrira et qu’on me servira à manger. À ce niveau, le fonctionnement général de Grise Fiord est très différent de ce que l’on connaît en Occident. L’idée d’entraide est très développée ici. Mais attention, tout n’est pas rose non plus. Si vous avez des rapports tendus avec vos voisins, ça devient très difficile. C’est comme dans une famille, c’est plus exacerbé. Mais je dis ça et je n’ai pas encore vu de vrais conflits.

Trois Quatorze – Entre eux, est-ce que les gens parlent anglais ou Inuktitut ?

David ­ Les deux et un mélange des deux. Ce sont les deux langues officielles du Nunavut. À l’école, moi j’apprends l’anglais et aussi l’inuktitut (3 heures par semaine). J’ai vraiment envie de le parler. Je commence à comprendre des choses, mais je suis loin de pouvoir suivre une conversation. C’est une langue difficile. Ça s’écrit avec des symboles. Mon plus jeune frère Ryan parle plutôt Inuktitut (c’est sa première langue), mais Jaco préfère l’anglais. Je me surprends moi-même à mélanger un peu les deux langues.

Trois Quatorze – Quelles sont les activités principales en dehors de l’école pour les adolescents ?

David ­ La chasse, j’en ai parlé. Parfois un copain m’appelle et me demande de l’accompagner. C’était le cas dernièrement, je suis parti avec un jeune de 15 ans pour chasser le « ptarmgain », (c’est un oiseau tout blanc, et cela dit au passage, je défie quiconque de le repérer sur la neige – et bien ce copain m’a vraiment étonné, il avait une dextérité et un coup d’œil incroyables). En dehors de la chasse, la grande activité – l’activité numéro 1 même – c’est la télévision. Ici, on reçoit 300 chaînes ! Alors, c’est comme ailleurs, on passe beaucoup de temps devant la télé. Sinon, ce sont les consoles de jeu, et puis après l’école, les jeunes aiment aller à la coopérative. Ils vont s’acheter une barre chocolatée. C’est une habitude, presque une tradition.

Trois Quatorze – Après deux, trois mois, quel premier bilan tires-tu de cette expérience. Qu’as tu déjà appris ?

David ­L’anglais, un peu d’inuit ! Mais, j’ai surtout appris à ne pas juger au premier regard, à ne pas me limiter aux apparences. Ici les gens sont très réservés, presque secrets. Ils ne parlent pas facilement d’eux-mêmes. Au début certains, surtout les anciens, n’allaient pas forcément vers moi, ils attendaient de voir à qui ils avaient à faire. Michael et moi on est tout de même les premiers étudiants d’échange. Il fallait se faire adopter, et ce n’était pas forcément facile. Je sais maintenant qu’ils sont curieux de nous autant que nous pouvions l’être d’eux. Au bout du compte, les langues se sont déliées – aujourd’hui on a des longs échanges, on se pose mutuellement les mêmes questions : comment on voit le monde, ce qu’on en connaît, ce qu’on en pense ! C’est comme partout, il faut juste se donner le temps de se connaître. Je me dis que j’ai le temps justement de comprendre et de découvrir tout cela.


AustralieNikita, plein sud

Trois Quatorze – Nikita, tu te trouves donc aux antipodes de David, par 42° de latitude sud ?

Nikita ­ Oui, je suis en Tasmanie, une grande île, de la taille de l’Irlande, au sud du « continent » Australie. Il s’agit d’une des îles habitées les plus australes avant la zone antarctique. Je suis arrivée un jour de juillet dernier. Après 25 heures de vol pour rejoindre Sydney puis deux heures supplémentaires pour faire Sydney-Hobbart.

Trois Quatorze – Décris-nous un peu la Tasmanie?

Nikita ­ C’est très vert, très rond, très doux. Il y a beaucoup de collines, le climat est tempéré, un peu comme en France, mais comme nous sommes dans l’hémisphère sud, les saisons, bien sûr, sont inversées. C’est très beau, mais sûrement moins exotique que le pays de David. Je ne vois pas de particularités physiques qui m’aient marquée, si ce n’est que les arbres et les fleurs sont différents. Il y a aussi les wallabies que l’on croise le matin en allant à l’école. La seule vraie curiosité du pays c’est le fameux diable de Tasmanie, ce petit animal (de la taille d’un chien moyen) qui fait un bruit terrifiant et qui a la réputation d’être extrêmement méchant. Je crois que cette réputation est due au fait qu’il se nourrit de carcasses. En fait il a peur des hommes. J’en ai vu dans un parc mais jamais en liberté. Certains disent que ça s’apprivoise.

Trois Quatorze – Où vis-tu exactement ?

Nikita ­ Je vis dans la banlieue d’Hobart, la capitale de l’île. Mais ici « banlieue » rime avec « campagne » – je suis entourée de verdures, de lacs, de collines… de wallabies !

Trois Quatorze – À l’origine, la population de l’île était aborigène ?

Nikita ­ Oui, mais l’île était très peu peuplée, et au moment de la colonisation la population aborigène a été tuée. Au XVIIè et XIXè l’île servait de bagne aux criminels les plus endurcis. Ça a bien changé depuis.

Trois Quatorze – Qu’en est-il du mode de vie aujourd’hui ?

Nikita ­ Oh, c’est un mode de vie à l’occidentale, tendance très anglo-saxonne, british même. C’est très tranquille. Le niveau de vie est plutôt élevé. Les gens ici sont plutôt cools, décontractés, ouverts. Ils aiment les barbecues, les activités sociales en général, et le sport en particulier – en fait ils vouent une passion au sport – ils les pratiquent tous et en toute occasion. Moi par exemple : le lundi, je fais du cricket, le mardi de la voile, le mercredi et le vendredi du piano, et le jeudi, je joue au football australien (le football australien, c’est quelque chose ! c’est très, très physique !). Ici, il y a toujours des tonnes de choses à faire. Il faut aussi parler de la télé. Elle est incontournable – les gens la regardent énormément, même en mangeant.

Trois Quatorze – Qu’est-ce qui t’as marquée depuis ton arrivée ?

Nikita ­ Le fait que les gens soient très préoccupés par l’environnement. Ici, il n’y en a que pour la Nature. Ils n’ont que ce mot-là à la bouche. En ville et dans les parcs, il y a des centres d’informations pour sensibiliser tout le monde sur l’idée de protection de l’environnement, à l’école il y a des cours d’écologie, etc. Les gens disent qu’il y a un trou dans la couche d’ozone, juste au-dessus de la Tasmanie, alors ils sont d’autant plus vigilants ! Sur le sujet environnement, ils sont donc très progressistes, mais, par contre, ils sont très conservateurs sur certaines questions de société, au premier rang desquels, la sexualité. L’homosexualité leur fait très peur, par exemple. La cigarette aussi – ici, fumer est un vrai délit, un crime presque – la législation est très stricte là-dessus, notamment avec les jeunes ! D’une manière générale, ils sont assez puritains. Question mode, j’ai remarqué qu’ils étaient très portés sur les couleurs, notamment le rose, alors qu’en France on est plutôt gris/noir ! Le plus dur pour moi c’est le rythme de vie. Ici, ils se couchent très tôt. Et moi j’ai du mal avec ça. Pour le reste, l’intégration est facile, d’autant que j’ai un père Anglais, alors question langue et tournure d’esprit, j’étais préparée.

Trois Quatorze – Quel enseignement majeur tires-tu de ces trois-quatre premiers mois ?

Nikita ­ J’ai surtout appris des choses sur moi. J’ai appris à observer.

 

Article paru dans le journal Trois-Quatorze n°40