De satellites plus ou moins éloignés de la galaxie “PIE” nous sont parvenus messages et vœux. 19 variations sur le thème de la bonne année. Retour sur des voeux datant de 1994. l’occasion de saluer des anciens… et des disparus
C’était il y a 15 ans. J’en avais 17. Bien que pendant longtemps je me sois persuadé du contraire – en m’inventant un ou deux prétextes bancals, je sais aujourd’hui que la possibilité de partir un an à l’étranger s’est, à cette époque, clairement offerte à moi. J’ai dit non, et ce choix était respectable, mais je me demande aujourd’hui si je savais que dire non voulait dire.
C’est de cette absence de lucidité dont je voulais parler.
Je voulais écrire ici mon admiration pour tous ceux qui ont pris cette décision dans la plus grande clarté. A commencer par mes frères, soeur, amis qui – parce qu’ ils étaient un peu plus âgés que moi – sont partis avant que je ne parte pas – en continuant par tous les jeunes de PIE que j’ai accompagné à Orly ou à Roissy entre 81 et 93 – et en finissant par tous ceux qui les suivront (94…).
Je suis persuadé aujourd’hui que si nous avons créé 3.14 et si je l’ai pris en main, c’était, entre autres choses, pour éclairer ma fascination à l’égard de ceux qui avait choisi d’affronter ce voyage, ce parcours bien clair et bien délimité qui consiste à quitter famille, amis et environnement pendant toute une année.
Moi qui ai suivi un autre chemin, j’ai beaucoup appris en lisant et en recopiant pendant 20 numéros les témoignages de tous les partants. Je suis très heureux d’avoir vu de si près des gens qui faisaient des découvertes fondamentales et qui en témoignaient avec autant de franchise.
Je pourrais parler des heures des Etats-Unis. J’aime ce pays, de façon d’autant plus démesurée que je le connais, somme toute, assez peu. De courtes excursions m’en ont dévoilé certains traits – sûrement majeurs – sûrement grossiers – mais c’est par ceux qui y ont vécu que je le connais le mieux. Je ne l’apprécie sans doute pas pour ce qu’il est mais parce qu’il a été pour beaucoup de ceux qui m’entouraient un bouillon particulièrement propice aux éclosions. Je pense souvent à Hélène, qui écrivait en 1987 après six mois de son ‘voyage’. ‘Avant de partir je ne voulais rien faire, ne savais rien faire et ne croyais en rien. Je ne sais pas si c’est l’idéal, mais aujourd’hui je crois en quelque chose et je fais le ménage’.
Savoir partir, ne pas faire semblant d’avoir envie de partir, et assumer cette traversée – voilà une promesse merveilleuse. Savoir ce que l’on aime, qui l’on aime et ce vers quoi on tend, relève, j’en suis aujourd’hui convaincu, du même savoir.
Je souhaite à tous ceux qui sont en âge de partir de pouvoir lire au fond d’eux-mêmes avec la plus grande rigueur, peut-être même dureté, d’apprendre à y voir clair dans leurs désirs, et de réussir un jour à les cerner avec la plus grande précision. Bonnes années 94.
Xavier rédige et coordonne 3.14, le journal de PIE. Paris
Remerciements a cappella à la super équipe PIE.
Bonne
Bonne
Bonne
Bonne
Année.
A tous.
Bertrand est un des chanteurs du Groupe POW WOW. PIE a participé au mois d’août dernier à la fabrication de leur dernier clip. Paris
Une année difficile en France pour l’insertion professionnelle des jeunes. Je souhaite en tant que président de PIE et en tant que directeur du personnel, que les jeunes et parents soient confiants en l’avenir. Je sais qu’un an à l’étranger est un facteur déterminant pour la future évolution professionnelle, pour la maturité, l’autonomie, l’ouverture d’esprit et l’apprentissage d’une langue. Bonne année à tous.
Olivier Gallo est le président de PIE. Meudon
I was seventeen, I had a dream.
Partir…
Immédiatement…
aux Etats-Unis
Par avion ?
en Imagination ?
Evidemment.
C’était possible.
Happy new year !
Annaïck est partie aux Etats-Unis en 1985. Paris
Noël en août !
3.14 me demande d’adresser mes voeux pour les dix ans à venir. Une seule consigne me dit-on – que mes voeux aient un rapport avec l’argent … Quelle idée !
Avez-vous remarqué qu’en fin d’année il est habituel de se souhaiter tout ce qu’il y a de meilleur pour l’année à venir. ‘Je te souhaite de passer une bonne année’ – ‘Soigne-toi et pense à nous’ – ‘que cette année soit pour toi source d’enrichissement et de bonheur’, etc…
Ces vœux, à PIE, nous les entendons plutôt à la fin août au moment du départ de ces ‘chers petits’. C’est très beau et très émouvant. A PIE, c’est notre Noël à nous. Quant au rapport avec l’argent, il n’y en a aucun. Bonne année à tous.
Pascal est le responsable administratif et financier de PIE. Paris
Décembre 2004. Le Ministre de l’Education Nationale qui vient d’être nommé est un ancien de PIE – les consuls Français en Afrique ont reçu ces jours-ci des consignes pour délivrer les visas d’une année scolaire en France – à Laguna Beach, Bill continue à protéger ASSE des flammes – Jean-Marc est toujours notre compagnon de route – Gilles vient de s’acheter un calepin – Maryse vient de publier un recueil de ses meilleures expressions – la page 31 de la brochure n’a pas changé depuis 1994 – aucun parmi les milliers d’adolescents qui sont partis cette année n’est rentré avant la fin du séjour – le Macintosh nouveau est arrivé dans les bureaux – la pendule depuis bien longtemps ne s’est pas déréglée… Les dix dernières années ont vraiment été belles.
Laurent est le directeur de PIE. Paris
A tous ceux qui sont venus de loin, qui ont apporté gros bagages, culture et amitié, à qui nous avons donné un foyer et notre coeur – à ceux qui repartiront (ou qui sont repartis déjà) avec plein de souvenirs, un peu de terre de France, de plus gros bagages encore et quelques mots d’argot (‘Fais gaffe Daniel’, disait Sergio) – à tous ceux qui sont partis d’ici vers l’inconnu, qui reviendront (où sont déjà revenus) plus riches en expérience et en affection – à tous ceux-là je souhaite un Joyeux Noël et une Bonne Année. Et longue vie à PIE. Et merci.
Daniel et Maryvonne sont parents, famille d’accueil, et proches de PIE… depuis 1985. Beauchamp
Sorry to be late. My wishes to all of you at PIE are that you weren’t 9 hours ahead of me so I could send this to you on time !
Thanks for sending Béné to our small town
(Everett.Washington). And, remember, for all those stuck at home, that some of the best cross-cultural experiences are within our reach… Happy new year.
Kris est une amie. Elle a connu PIE, aux Etats-Unis, par l’intermédiaire de Bénédicte, qui travaille aujourd’hui avec nous. San Francisco
Quand je suis arrivée en France, j’ai dit que je n’aimais que les fromages forts. Et on m’a donné à goûter le camembert… J’espère que le nouvel an n’aura pas de surprise comme celle du camembert. Bonne année.
Janet est canadienne. Elle vit en France pour une année. Chartres
‘Le rêve d’une chose’
Il y a 16 ans,je plongeais, sans vraiment savoir pourquoi, avec mon rêve anxieux de l’ailleurs, vers l’Amérique. J’avais vécu ma décision comme un déchirement profond et douloureux, comme tous ceux qui quittent. Je découvrais là-bas, surpris, ce que bien entendu je cherchais depuis toujours : ma propre personne. Je me pris donc moi-même par la main.
Et ce pays dont je m’enivrais m’offrait ce que je pensais être une sorte de condensé du monde. J’étais Ulysse avec au bout du chemin la certitude d’une réponse.
J’entrais dans la mythologie, les mythologies, celle de ce grand-père migrant dont je poursuivais le voyage, celle des autres, familiers ou non, presque anonymes, aux visages immobiles sur les photos et qui poursuivent leur rêve avec plus ou moins de bonheur, autant d’ombres magnifiques qui peuplèrent, je ne sais pourquoi, mon enfance.
On essaye toujours de donner un sens à des actions déraisonnées. Je comprenais, là-bas, que pour trouver il m’avait fallu partir d’ici. J’y passais un an, comme beaucoup d’autres. En revenant, puisque tout voyage a une fin, j’avais refermé presque subrepticement la porte de mon enfance.
Ce premier départ est devenu le symbole de tous les commencements, une icône sacrée que j’interroge à chaque croisement, à chaque doute.
J’y suis retourné, parfois longtemps, comme vers un lieu magique où l’on interroge les oracles, j’ai parcouru ses routes immenses, sans fin.
Au fil des ans et des rencontres, j’ai découvert que je partageais avec d’autres ici, parfois par des chemins détournés, le même amour de ce lieu toujours mystérieux vers lequel je reviendrai sans cesse puiser l’énergie de mon adolescence, de cette année heureuse.
Ceux là sont devenus des amis.
A PIE qui, avec Louis, sans le savoir m’accompagnait déjà un peu, je souhaite d’exister longtemps encore dans le rôle du passeur, pour ceux qui viennent.
A Xavier. A moi-même, qui souhaite continuer, en ce moment intense, un peu de ce chemin que nous parcourons souvent en pensée et en mots, en restant fidèle, pour ma part bien sûr, à l’esprit de ce premier départ.
Il y a 16 ans.
Stéphane est un ami. Il est parti vivre un an aux USA en 1977. Le Kremlin-Bicêtre
Quoi de plus simple que de souhaiter une bonne année à une famille qui vous accueille. Mais quoi de plus difficile quand on ne la connaît pas encore. J’aimerais dire à cette famille que je leur souhaite beaucoup de bonheur, de santé, de bonne humeur et de patience. Je ferai tout ce qu’il est en mon pouvoir de faire pour que ces voeux se réalisent.
Kevin va partir aux Etats-Unis l’année prochaine. Rennes
Aux parents qui vont passer Noël sans leur enfant et aux enfants qui vont passer Noël sans leurs parents nous souhaitons un très joyeux Noël. Quant à nous, on se rassure en pensant qu’il grandit mieux et plus vite, en ouvrant les yeux sur ce qu’on ne pouvait pas lui montrer nous-même. Bonne année.
Antoine et Morelba sont les parents de Jorge, actuellement aux USA. Paris
Je souhaite que 1994 voit s’approfondir la chaîne d’amitié et de ‘professionnalisme’ des délégués et des correspondants dans toute la France.
Dans 1 an mon fils aîné devrait partir pour le Canada et dans 10 ans mon dernier sera en âge de me demander à son tour de partir. Il se joindra alors aux enfants de nos anciens PIE partis il y 10 ans. En somme, en 20 ans, je serais devenue une ‘Mamie déléguée’.
Bonnes années à nos enfants et petits-enfants.
Elisabeth est déléguée en Poitou-Charentes. La Rochelle
Feliz Ano Novo. J’espère que cette année sera excellente et drôle comme j’espère pour moi et que dans 10 ans le ciel brésilien sera plein de petits avions remplis de jeunes voyageurs PIE. Mil Beijinhos.
Carolina est Brésilienne. Elle est en France pour un an. Nantes
From accross the sea, best wishes in 1994. We hope, for you it opens many a door. Love from the poets of ASSE.
ASSE est le correspondant américain de PIE. Laguna Beach
C’est une boîte où il y a plein de contacts. Ca bouge. Je vois du très chaud et du très froid. Celui qui dirige, c’est un Lion. C’est vraiment un Lion. Les choses dans cet endroit voient toujours le jour, mais il y a toujours des difficultés. Des obstacles. Tout le monde se donne du mal. C’est vraiment une boîte que tout le monde aime. Oui c’est ça les gens l’aiment, alors il se donnent à fond la caisse. Et le triomphe vient mais avec du retard. Je vois l’Allemagne, l’Espagne. les Etats-Unis. Oui les Etats-Unis. Et de la neige aussi. Le Canada. Le lieu où on travaille est très ordonné, il n’y a rien qui traîne. Ceux qui dirigent y sont droits et précis, ils vous tape pas dans le dos. Ils n’ont pas peur de la vérité. Il y a une grande tolérance, une confiance aveugle. Mais attention au téléphone. Il pourrait y avoir une grande hypocrisie. Parce qu’il y a un peu de jalousie autour de cette boîte. Il faut se méfier. Mais pas avoir peur. Je vois beaucoup de ramifications, d’amour. C’est un lieu très sensible. Et tout ça est mené à bien.
Nora est voyante. Le Blanc-Mesnil
(propos recueillis)
SDF, ERMI, ASSEDIC… Mais aussi GATT, ONU, Restos du coeur…
C’est notre monde d’aujourd’hui où l’exclusion, la pauvreté, la solitude côtoient le développement international, l’aspiration à la paix et la vraie solidarité.
Qui ne peut souhaiter que ce soit cette ouverture aux autres qui l’emporte sur toutes les indifférences ! PIE, au milieu de tout cela, est peut-être une goutte d’eau, mais de celles qui – associées à de multiples autres initiatives – créeront par leur activité un courant où la rencontre de l’étranger, la connaissance d’autres cultures, l’épanouissement des jeunes vaincront les individualismes de tous genres. Longue vie à PIE !
Jean-Marc Mignon est président de la FYTO, directeur de l’UNAT, administrateur de PIE. Paris
Dieu ! Que j’aimerais commencer l’année avec vingt ans de moins. Pas seulement pour le plaisir de voir quelques rides s’envoler. Tout simplement pour… être à votre place. ‘A mon époque’, comme on dit, partir un an à l’étranger c’était un peu ‘louf’. Régulièrement Laurent et Xavier me font lire vos lettres. La Russie, Les Etats-Unis, l’Alaska, l’Islande, le Japon… Que de nouveaux regards posés sur la vie ! Quelles bouffées d’oxygène, d’énergie pour faire un peu pétiller notre univers parisien. Pour moi et pour tous les lecteurs de ‘Phosphore’ à qui nous faisons partager un petit bout de notre expérience, Bonne et Belle Année donc. Et continuez à nous faire voyager par vos lettres.
Véronique est journaliste à Phosphore. Paris
Article paru dans le journal Trois-Quatorze n°20