9 VARIATIONS SUR LE THÈME DE LA PORTÉE D’UN ÉCHANGE SCOLAIRE DE LONGUE DURÉE
Illustration : “La créatrice de start-up” par Laurindo Feliciano
ENTRETIEN — Avocat d’affaires, Laurent ne fait pas de lien direct entre son année PIE et son activité. Pour autant sa vie a été marquée par toutes les rencontres que cette année a engendrées. Et l’idée de maintenir le lien à travers le réseau n’est pas pour lui déplaire.
Année de séjour de Laurent : 1988
Lieu de séjour : Rockledge, Floride, USA.
École : Rockledge High School
Lieu de vie actuel : Paris
Profession : Avocat
Employeur : ASEVEN
Trois Quatorze — Quel a été ton parcours académique et professionnel depuis ton retour des US?
Laurent — J’ai intégré la fac de Paris 1, en droit, puis intégré une école d’avocats sur concours. J’ai obtenu d’abord un DESS (équivalent d’un master 2 aujourd’hui), puis le Certificat d’accès à la profession d’avocat (CAPA). Je travaille actuellement dans un cabinet — ASEVEN —, dont je suis associé. Nous sommes huit avocats à exercer, dont six collaborateurs. C’est une petite structure. On exerce entre Paris et Nantes.
Peux-tu nous en dire plus sur ce travail?
Laurent — Je fais essentiellement du droit des affaires à destination des sociétés et des personnes morales : compagnies d’assurances, entreprises, banques, etc. ; concrètement, je défends les intérêts de mes clients dans le cadre d’une procédure judiciaire. Je prends connaissance des pièces de leurs dossiers, je me renseigne pour savoir ce qu’ils souhaitent solliciter ou, dans le cas inverse, ce qu’on leur réclame. À partir de là, je prépare une stratégie, en demande ou en réponse, par rapport aux pièces du dossier et au fondement juridique applicable. Mon but est d’obtenir une décision judiciaire qui leur est favorable.
Quelles sont les qualités requises à ton poste?
Laurent — Je pense qu’il faut être relativement rigoureux, inventif et curieux. Il faut pouvoir imaginer comment interpréter les pièces dont on dispose par rapport au droit et à l’intérêt du client. Cela requiert de la précision et de la persévérance.
Es-tu amené à utiliser l’anglais dans ta vie professionnelle?
Laurent — J’ai une activité qui est judiciaire et franco-française, je n’utilise donc que très rarement l’anglais dans mon travail. On m’a d’ailleurs souvent demandé pourquoi je n’avais pas suivi une voie professionnelle avec une ouverture plus internationale… En fait, après mon entrée en fac de droit, j’ai peut-être suivi le cours des événements, sans trop chercher à le changer. Par contre dans la vie privée, j’utilise l’anglais tous les jours : le matin, le soir, le week-end… Mon épouse est anglaise!
Que reste-t-il de ton année à l’étranger?
Laurent — Beaucoup de contacts : avec ma famille, bien sûr, mais également avec de nombreux étudiants étrangers rencontrés dans mon lycée américain. J’ai passé une année extraordinaire, je suis très souvent retourné aux États-Unis voir ma famille d’accueil. Pour moi, c’est aujourd’hui bien plus qu’une famille d’accueil : c’est ma famille à part entière. Cela fait deux ans que je ne les ai pas vus et je pense donc partir pour la Floride, l’été prochain, leur rendre visite. Ils m’ont énormément donné… tout ce qu’ils pouvaient… Je trouve cela exceptionnel.
Ton année a t-elle eu un impact sur ton choix de carrière?
Laurent — Non. Mais elle a beaucoup compté. C’est d’ailleurs grâce à une amie Brésilienne que j’ai connue aux US que j’ai rencontré celle qui est aujourd’hui ma femme. J’étais parti en Australie, rendre visite à cette amie, et ma femme et moi, nous nous sommes rencontrés dans un dortoir !
Que penses-tu du réseau que l’on souhaite lancer ?
Laurent — Je trouve que c’est une excellente idée. Je l’utiliserai à 100 %. Nous sommes régulièrement amenés à recruter et je suis toujours prêt à aider quelqu’un qui a vécu la même expérience que moi. J’ai déjà recruté, en tant que stagiaires, deux anciens étudiants PIE. Un CV qui indique une durée de trois ou six mois ou, a fortiori, d’un an à l’étranger, retiendra mon attention. Je sais que lorsque je serai amené à travailler avec cette personne, les choses colleront.
Article paru dans le Trois Quatorze n° 55