Chaque année, les difficultés rencontrées par un participant et sa famille d’accueil peuvent conduire PIE et ses correspondants à engager un « changement de famille ». En 2004, 29 % des participants ont été amenés à effectuer un tel changement. Nous revenons ici sur les enjeux de cette « épreuve » en soulevant quelques questions : pourquoi et comment en arrive-t-on à changer ? qui décide du changement ? combien de temps prend-il ? Afin de guider les futurs participants, « Trois Quatorze » a choisi d’adopter un point de vue pédagogique et d’édicter, sous forme de commandements, les règles de base liées au changement de famille. Quant aux commentaires de Marie, qui ponctuent et nourrissent cette présentation, ils pourraient aider les futurs participants à comprendre qu’un tel « changement » a tout d’une initiation.
I – Tu feras tout ce qui est en ton pouvoir pour ne pas avoir besoin de changer de famille
PIE aime à rappeler que la famille idéale n’existe pas, pas plus d’ailleurs que n’existe le participant idéal. Même le « Perfect match » (l’association parfaite) est rare : « J’en ai rêvé longtemps », nous dit une participante, « mais j’ai fini par me faire une raison. » On pourrait légitimement s’interroger sur la viabilité de cette association entre un jeune étranger et une famille d’accueil pendant toute une année. Sur le papier, l’accord semble en effet tenir du miracle – et s’il se réalise si souvent (dans 70% des cas) et sur la durée, c’est à coup sûr parce que chacun fait des efforts pour s’adapter à l’autre, fait preuve d’un minimum de savoir-vivre et est prêt à faire des concessions. « Si je m’étais écouté, j’aurais eu 1000 raisons de couper les ponts », nous dit un participant – et il serait facile de trouver des familles d’accueil pour nous affirmer exactement la même chose.
Voilà pourquoi la charte de PIE édicte cette règle de base : « Un changement de famille ne se fait pas à la légère et sur de simples allégations. Ce changement doit apparaître comme nécessaire et comme une réponse à un désaccord profond ou à un problème réel et sérieux. »
Voilà pourquoi nous demandons d’abord au participant de tout faire pour ne pas avoir besoin de changer, autrement dit de faire les efforts nécessaires pour comprendre la famille et pour vivre en bonne entente avec elle. Pas question de changer sur un simple coup de tête ou sur un simple malentendu. Il en va de la survie du programme, il en va aussi, et paradoxalement, du bien-être du participant. Sur ce point, Marie, Mexicaine pour un an (et qui a changé de famille il y a peu), précise : « J’aurais regretté de ne pas avoir essayé de rester dans ma première famille, de ne pas avoir tout tenté pour que ça marche. Ma coordinatrice m’avait d’ailleurs proposé deux fois de changer de famille – car j’avais rencontré des problèmes avec ma soeur, puis avec mon père d’accueil, mais j’ai refusé. Et même si je pense que je suis restée trop longtemps dans cette famille, je ne regrette pas vraiment ma décision de l’époque, car sinon je m’en serais voulu de ne pas être allée au bout de ce que je pouvais faire. Je me disais aussi que ce n’était pas très sympa vis-à-vis de ceux qui m’accueillaient – d’autant qu’il y avait des membres de la famille que j’aimais bien. »
Il est primordial d’agir ainsi, de se mettre, ne serait-ce qu’un moment, à la place de la famille d’accueil. Il doit être clair, en effet, que si PIE veille au bien-être des participants, l’association veille tout autant à respecter les familles, qui sont, au même titre que les jeunes, des membres à part entière du programme. L’association ne veut pas tomber dans un excès propre à l’époque, excès qui touche au consumérisme. S’il est vrai que le jeune – ou tout du moins ses parents – ont « payé le séjour », cela ne leur ouvre pas tous les droits. La famille d’accueil a elle aussi investi dans cet accueil (financièrement autant qu’humainement) – elle « paye » elle aussi de sa personne. En un mot la famille n’est pas un bien de consommation dont on se débarrasse quand on le juge mal adapté ou défectueux.
II – tu mesureras les inconvénients du changement
S’il est certain que face à la dégradation d’une situation, on est amené à penser au changement, il convient toujours d’en mesurer les inconvénients. C’est ce que n’a pas manqué de faire Marie : « Le père de ma première famille avait un restaurant. On allait souvent y manger. C’est idiot, mais j’ai pensé que je n’aurais pas ça dans la seconde famille. Et puis aussi l’ordinateur, plein de petites choses… » Si elle avoue aujourd’hui que ces questions purement matérielles n’ont pas grande importance (« c’était vraiment idiot de penser ainsi ! », elle reconnaît, dans la foulée, que la vraie question, celle qui pointe derrière celle du changement, est la suivante : « Qu’est-ce qui m’attend ? », autrement dit : « Je sais ce que je quitte, mais je ne sais pas ce que je vais trouver. » Marie a même pensé : « Je peux tomber sur pire ! » Nous voilà plongés dans un dilemme quasi shakespearien : quelle alternative à l’être ? Que sait-on du non-être ?… dans le cas présent, que sait-on de la future famille ? Voilà une inconnue qui peut nous arrêter !
Tout changement, les participants doivent en avoir conscience, équivaut à un bouleversement, à une nouvelle adaptation, donc à un nouvel effort. Ce nouveau « départ » est parfois plus difficile à vivre encore que le premier, d’autant qu’il peut s’accompagner d’un changement d’école, donc d’un changement de toutes les habitudes, de la perte des nouveaux amis, etc. Cette seconde rupture peut s’avérer sinon pénible, du moins déstabilisante. Avant de l’envisager il faut toujours se poser la question : « En changeant, est-ce que je ne fuis pas mes propres problèmes, est-ce que je ne me fuis pas moi-même ? » Car ce nouveau départ s’avérerait alors inutile.
Attention aussi à la perte de crédit qui ne manque pas d’accompagner le changement. Qu’on le veuille ou non, le participant s’affaiblit un peu en changeant de famille. Surtout s’il change de famille plus d’une fois. Les chiffres le prouvent : en 2004, 3% seulement des participants qui n’ont jamais changé de famille sont rentrés en France prématurément, alors que dans le même temps 15% de ceux qui avaient changé au moins une fois de famille ont été renvoyés ou sont rentrés prématurément. Même si les circonstances ne leur ont pas toujours été favorables, on ne peut s’empêcher de penser que des jeunes qui ont changé 2 ou 3 fois de famille, n’ont pas toujours fait preuve de souplesse et de savoir-faire en matière d’adaptation.
III – tu oseras envisager le changement
Ce commandement ne vient pas, loin s’en faut, contredire le précédent. D’une part parce que certaines circonstances – comme une défaillance flagrante de la famille – exigent un changement (parfois même immédiat), d’autre part, parce que les caractères des participants sont si différents que la question ne saurait se résoudre en adoptant une ligne extrême.
Si le précepte précédent s’adresse plus à ceux qui foncent tête baissée sans penser aux conséquences, ce précepte-ci concerne plus ceux qui doutent et qui, à force de douter, ne voient pas l’évidence. Revenons au règlement tel qu’il est défini dans la charte : « En cours d’année, en cas de survenance d’un problème grave empêchant la continuation de la cohabitation du jeune avec sa famille d’accueil, un changement de famille peut – comme solution de crise sérieuse – être envisagé. » Tout est dit ! Mais tout est aussi affaire d’interprétation. Qu’est-ce en effet qu’une crise sérieuse ? Qu’est-ce qu’un problème grave ? Tout est donc affaire de nuance et de subtilité. C’est là que peuvent ou doivent intervenir les personnes extérieures au conflit, comme l’organisme du pays d’origine du participant (qui fait office de conseil), l’organisme du pays d’accueil (qui prend lui la décision) et éventuellement l’entourage du participant – famille naturelle, professeurs, amis, etc.
Il est évident qu’un jeune ne peut ni tout encaisser ni tout supporter. Quand il a fait tous les efforts nécessaires pour s’adapter, pour comprendre l’autre, pour relativiser… que la situation n’évolue pas et qu’elle mène droit à une impasse, mieux vaut qu’il envisage et qu’il accepte l’idée du changement. « Ma soeur d’accueil ne m’a pas dit une seule fois bonjour ! Après, mon père d’accueil a déraillé… alors quand j’ai fini par m’engueuler avec la mère, je me suis dit qu’il valait mieux changer. » Ce n’est pas toujours facile : « J’ai pensé que je faisais de la peine. Et la déléguée, qui m’avait pourtant proposé de changer, s’est alors opposée à ce changement. Elle a été dure. Pendant deux semaines, j’ai pleuré tous les jours. Je ne savais plus quoi faire. » Les résistances sont intérieures autant qu’extérieures : il faut parfois savoir les surmonter. Marie résume ainsi ce conflit intérieur : « Il faut savoir ne pas parler quand on doit se taire, mais aussi savoir parler quand quelque chose en nous nous dit de nous taire. »
IV – tu relativiseras l’échec
« C’est très lourd de changer », admettent la plupart des participants. « Déjà, vis-à-vis de la famille d’accueil, on se sent redevable. » Et ce, quoi qu’il se soit passé. «Moi, par exemple, nous dit Marie, je m’entendais bien avec les tantes, etc., et cela a été dur de laisser tout ce monde. On se sent fautif. On se dit qu’on a tout foiré, qu’on a tout fait mal. » Presque tous s’accordent à dire que la chose est encore plus difficile à faire passer vis-à-vis des parents naturels. « On se dit qu’ils vont nous en vouloir, qu’ils ne verront que l’échec, qu’ils nous reprocheront de ne pas avoir su faire les efforts nécessaires. » Les participants culpabilisent car ils savent que les parents ont beaucoup « investi » dans ce séjour. Ils ont peur de ne pas avoir été à la hauteur de leurs attentes.
Quoi qu’il en soit, il convient de relativiser l’échec. On admettra d’abord que, dans certains cas, le participant n’est responsable en rien du changement (déménagement, bouleversement familial, cause économique…), et on admettra ensuite que, dans la mesure où le participant a tout fait pour que ça s’arrange, il lui est préférable de passer à autre chose et de tirer profit de cette expérience pour tracer une nouvelle route. C’est là qu’il doit relativiser.
Que l’on soit parent ou participant, on pensera également à ne pas faire porter tout le poids de l’échec à l’association. Le placement d’un jeune étranger dans une famille d’accueil n’est pas, loin s’en faut, une science exacte – on doit comprendre que les associations ne peuvent pas plus prévoir les attitudes et les réactions de la famille qu’elles ne peuvent prévoir celles du participant, et que le désaccord, les mauvaises surprises et les coups durs font partie des risques de l’entreprise. On doit admettre enfin qu’il n’est pas toujours facile pour les organismes de faire la part des choses, et qu’à l’instar des juges, il ne leur est pas toujours possible d’agir de façon impartiale. Nous pensons d’ailleurs que dans cette histoire de changement de famille, il n’est pas toujours utile de chercher à déterminer la part exacte de responsabilité de chacun dans ce que l’on estime être un échec.
Peut-on d’ailleurs qualifier le changement de famille d’échec ? À ce propos, écoutons Marie : « Je ne regrette ni d’avoir essayé de rester dans la première famille, ni d’avoir changé, ni même d’être passée au travers de toutes ces difficultés. J’ai appris des choses que je n’aurais jamais apprises sans cela. J’ai vécu une année complète. J’ai même vécu dix années en une. Je crois même que si je n’avais pas été dans la première famille, je n’aurais pas autant apprécié la seconde ! Et je crois qu’aujourd’hui je suis assez fière de ce que j’ai vécu. J’ai appris à mieux vivre avec les autres. » Le changement de famille serait donc bien une initiation !
V – tu respecteras le rôle de l’organisme d’accueil
Ce commandement s’adresse au moins autant aux participants qu’aux parents. En cas de conflit, larvé ou ouvert, entre la famille d’accueil et le jeune, chacun se doit de rester à la place qui est la sienne et d’agir en conséquence. Le participant doit informer les associations.
L’association du pays d’origine du jeune doit assurer un rôle de conseil et d’information. L’organisme du pays d’accueil doit, quant à lui, prendre les décisions (changement ou non, avertissement ou non…) et mettre en place les moyens qu’il juge nécessaires pour appliquer ces décisions. C’est ainsi que son rôle est défini dans la charte : « L’organisme du pays d’accueil est seul habilité à prendre toutes les mesures nécessaires qui s’imposeraient dans l’intérêt de l’adolescent et de la famille d’accueil suivant les besoins et les nécessités (changement de famille ou d’écoles ou autres…), comme dans l’intérêt du programme. » Et plus loin : « La décision du changement est prise par l’organisme du pays d’accueil. » Il ne pourrait en être autrement, dans la mesure où l’organisme d’accueil est maître chez lui, qu’il est le meilleur connaisseur du milieu (communauté, école, ville, état…) et qu’il est surtout le seul à pouvoir agir directement .
De son côté, la famille naturelle a, si nécessaire, un rôle d’écoute et un rôle de relais auprès de l’association française (si nécessaire seulement, car, selon nous, le mieux est que le participant gère ses difficultés sur place, donc avec son pays d’accueil – voir point n°5). Mais la famille naturelle ne saurait en aucun cas outrepasser cette fonction, sinon à devenir (étant donné le lien qui unit enfant et parents) à la fois juge et partie. Audelà de la partialité naturelle et bienveillante des parents, on doit aussi admettre que cette famille, est, à l’image de l’association française, mal placée pour se faire une idée exacte de la situation sur place et pour agir avec à-propos. Elle n’a pas toutes les cartes en main, et quand elle reçoit des informations, il se peut, dans la mesure où les enfants savent jouer avec les angoisses des parents, que ces informations soient sinon déformées du moins exagérées (mais ce n’est pas toujours le cas) ! C’est pourquoi le rôle de la famille ne peut-être qu’un rôle de conseil, de soutien et que cette famille ne peut être qu’un porte-parole de son enfant auprès des organismes.
L’expérience prouve par ailleurs que les interventions des parents sont utiles dans la mesure où elles sont nuancées et calmes. Marie à nouveau : « Un moment, j’ai regretté d’avoir trop parlé de ça avec ma mère. J’appelais et je pleurais. Je ne pensais qu’à une chose : voir ma famille, ma vraie, mon unique famille. J’aurais quitté le Mexique, pour les revoir, ne serait-ce que cinq minutes. Cela aurait été une catastrophe ! Heureusement que ma mère n’a pas été dans mon sens. Si elle s’était mise à pleurer avec moi, c’était foutu. Heureusement qu’elle n’a pas joué mon jeu et qu’elle ne m’a jamais fait croire que je pourrais faire ce que je voulais. Elle m’a toujours dit de me calmer. » La famille naturelle fera sienne cette devise de Plaute : « Conseiller, c’est presque aider. »
VI – tu t’investiras totalement dans les démarches
Plutôt que de prévenir ses parents naturels et d’agir en court-circuitant les personnes sur place, nous conseillons donc au participant de s’investir en signalant aux premiers concernés (famille d’accueil, amis professeurs, délégué, organisme…) les difficultés qu’il rencontre. En matière de changement de famille, nous lui conseillons de défendre directement sa cause auprès de l’organisme et de faire valoir ses arguments : « Parfois, j’avais vraiment l’impression de me débrouiller seul, ça m’a même un peu révolté, mais en fait j’ai compris qu’il ne pouvait en être autrement. Les gens ne peuvent pas se mettre à votre place et leur pouvoir est limité. C’est à nous, participants, d’affronter les problèmes. »
De même, nous conseillons au participant de s’investir dans le changement de famille quand celui-ci a été décidé. Ce conseil est précieux. Certains parents s’offusquent : « Ce n’est pas normal, c’est mon fils (ma fille) qui a trouvé tout seul sa famille. » Ils ont tort. Car l’expérience prouve que plus le participant s’est investi dans la recherche de la famille d’accueil, plus l’adaptation dans cette nouvelle famille est facile et plus la nouvelle expérience est réussie. En effet, qui mieux que le participant en personne est susceptible de trouver la famille avec laquelle il se sentira bien, et qui mieux que lui est apte à convaincre cette famille de le recevoir. À partir du moment où un jeune s’est adapté à une communauté et à une école, il est le mieux placé pour faire sa propre publicité, pour parler à ses amis, ses professeurs… Marie nous dit : « J’ai trouvé cette famille en en parlant à quelqu’un que j’aimais bien et qui m’aimait bien. Quelque part, ça m’aurait embêtée que ma déléguée trouve ma famille sans que j’intervienne. Elle aurait été plus proche d’eux et je n’aurais pas été maître du jeu. Là, j’avais entièrement confiance. »
L’idée n’est pas de soustraire tout travail à l’organisme (il y en aura de toute façon beaucoup à faire – visite, échange, engagement…) mais bien d’accélérer le processus de replacement et d’augmenter les chances de réussite. Sur ce sujet, qui touche en fin de compte à l’autonomie du jeune (choix, prise en charge) on lira avec attention ce témoignage quasi exemplaire de Matthieu, lequel écrit à son père après la « bataille » (donc après la décision de changement et après le changement) et qui lui résume très sereinement la situation : « Je t’envoie cet e-mail car quelque chose d’important vient de se produire. Nancy (ma mère d’accueil) et moi avons eu une grande discussion, car elle n’est pas d’accord avec moi sur certains points et elle souhaite que je quitte la maison pour une autre famille d’accueil. Il me faut donc en trouver une autre. J’ai donc parlé aux parents de mon meilleur ami américain pour savoir s’ils souhaitaient m’accueillir. Ils ont accepté. Le représentant local va les rencontrer et puis remplir certains papiers. Je suis franchement très heureux d’intégrer leur famille, car ce sont des gens “ bien ”. Cette situation ne doit pas t’affoler ou affoler Maman, C’est juste mieux pour moi… »
VII – tu feras preuve de diplomatie
Marie : « J’étais tellement énervée contre ma famille d’accueil qu’en partant, j’avais envie de ruer dans les brancards. Finalement, plutôt que de m’énerver, j’ai mangé avec eux le dernier soir et nous avons parlé. Même si ça sonnait un peu faux, cela nous a permis de nous séparer en “ bons termes ”. » Sage décision. Marie nous le confirme : « Du coup, je n’ai pas apporté d’eau à leur moulin, et moi, je sors de l’affaire les mains propres. Je garde par ailleurs de bonnes relations avec les tantes, qui sont très contentes que ça se passe bien dans ma nouvelle famille. Nous sommes tous gagnants dans l’affaire. »
Cette leçon de diplomatie est à méditer. Car, à tous les niveaux, que ce soit en plein conflit ou au moment de la séparation, on peut être tenté de déverser son fiel. Et cette attitude, jusqu’à preuve du contraire, a toujours desservi l’étudiant et n’a réussi qu’à lui mettre son entourage à dos. Sans compter que de chaque côté, on peut avoir tendance à en rajouter en salissant l’étudiant ou la famille, que ce soit pour se grandir ou pour obtenir gain de cause (renvoi du jeune, changement de famille). « Qui veut tuer son chien, l’accuse d’avoir la rage », dit le dicton – il revient aux participants de faire preuve de maturité et de lutter contre cette fâcheuse tendance.
L’étudiant et la famille naturelle ne doivent pas oublier que le participant a été accueilli bénévolement. À moins d’une attitude proprement révoltante de la part de la famille d’accueil, il conviendra donc de faire la part des choses, de garder raison et mesure, en reconnaissant notamment que l’accueil est un investissement important et que rien ni personne, quelles que puissent être les bonnes volontés, ne peut en garantir le succès.
VIII – tu feras preuve de patience
Patience, en attendant un éventuel changement : là encore, et à moins d’une situation de crise grave, l’association se doit de prendre le temps d’essayer de résoudre les problèmes (nos organismes doivent veiller à ménager le jeune autant que la famille).
Patience, en attendant de trouver une nouvelle famille : PIE et ses partenaires ne disposent pas d’un panier magique, rempli de familles d’accueil bénévoles en manque d’étudiants d’échange. Chaque changement impose de relancer la machine et les réseaux. La tâche est d’autant plus compliquée que le périmètre d’action est réduit. On passe alors d’un niveau national à un niveau local. Le potentiel de familles est limité, les possibilités réduites. C’est pourquoi nous demandons l’aide du participant et c’est pourquoi l’attitude qu’il a eue pour sortir de la crise est importante. Il se peut qu’en attendant le déblocage, le participant soit placé dans une famille provisoire (son délégué par exemple). Quoi qu’il en soit, lui et sa famille devront, nous le répétons, savoir patienter, car comme il est précisé dans la charte « aucun délai ne peut alors être imposé ou garanti. »
Le mot de la fin revient à Marie qui nous dit à ce propos : « Toute cette histoire de changement de famille, ça peut paraître très long, voire très pénible, mais une fois que c’est fini ça paraît très loin… et on en sort grandi ! »
Marie Sorba, née le 9 sept. 87 à Lille
Participante 2004/2005 au séjour d’une année scolaire à l’étranger,
Vit actuellement à Campeche, Mexique
Article paru dans le journal Trois-Quatorze n°41