Cette année, les témoignages de parents de participants nous sont parvenus en grand nombre. La publication d’extraits de quelques-unes de ces lettres (qui vient s’ajouter à l’extrait publié en couverture) nous rappelle que les parents peuvent aimer leurs enfants intensément, les envier gentiment, les admirer démesurément, mais que rien ne les rend plus heureux que de les savoir engagés sur un bon chemin.
Nous sommes très heureux du déroulement de cette expérience. Anne-Caroline semble avoir trouvé rapidement ses marques. De notre côté, nous nous languissons bien moins que prévu, car nous sommes réellement heureux pour elle. Nous entendons sa voix, si gaie, et nous recevons de si bonnes nouvelles. Alors tout va bien. Et nous espérons que cela dure.
Parents d’Anne-Caroline / Riverton, Manitoba / Un an au Canada
Voir son fils partir vivre dans une famille métisse, anglophone, à l’autre bout de la terre, n’est pas une expérience anodine.
J’avais tout entendu sur l’Afrique du Sud : la haine raciale, la violence exacerbée, les recommandations du ministère de l’intérieur d’éviter le pays… ! j’ai donc mis un certain temps à me détendre. Chaque coup de fil me semblait susceptible d’apporter une mauvaise nouvelle. Mais les semaines passent et Yvain est toujours là-bas, content, bronzé, de plus en plus anglophone. Il vit exclusivement dans un milieu noir, anglophone, il n’a pas le droit de sortir seul (pour sortir un blanc doit toujours être sous la « protection » d’un métis), il partage sa chambre avec un jeune de quatorze ans fan de rap (le rap n’est pas sa tasse de thé), ses sorties se limitent à la famille et aux voisins (ce n’est pas son « sport » favori, en France)… Mais Yvain ne se plaint de rien. Je crois qu’il a décidé de tout accepter, en bloc. Je me dis que j’ai un gamin formidable. Il faut dire que sa famille d’accueil est formidable aussi. Après des siècles d’esclavage, des décennies d’« apartheid », le fait qu’une famille noire accueille un blanc bénévolement et chaleureusement me touche profondément. Que le jeune Mark accepte de partager ses quelques mètres carrés, et ce, pour un an, me paraît extraordinaire ! Et qu’Abigaël, la sœur d’accueil, qui a en charge le ménage, ne trouve pas excessif d’avoir un hôte de plus… !
Yvain fait partie de la famille, point final.
Au lycée, il a été bien accueilli. L’association locale l’a invité à un safari dans le Kruger Park. Là, il revient juste d’un voyage de trois semaines en Namibie, Botswana et Zimbabwe.
Cette expérience est unique, à tous points de vue ! Quant à moi, je me console en vivant au rythme de l’Afrique. Du moins, une Afrique que je me construis : j’invite des amis à des repas africains, je dévore la littérature africaine (je fais même travailler Brink à mes élèves), j’offre des C.D. de Myriam Makelo, Jonnhy Clegg ou Adbullah Ibrahim…
Et à Noël, même mon sapin avait des allures exotiques.
Mère d’Yvain Masson / Un an en Afrique du Sud
Fabienne est aux États-Unis depuis six mois. Dans sa dernière lettre explosait sa joie : elle rappelait toutes les découvertes qu’elle avait faites… et ce qui lui restait encore à découvrir. La musique l’a beaucoup aidée à nouer des amitiés, à oser croire en elle-même. Certes, elle a connu des moments de déprime, d’incompréhension, et même de rejet, mais le dialogue avec sa famille a été profitable. Il a permis d’aplanir les difficultés.
Mon mari et moi avons choisi de rester résolument optimistes – en toute circonstance. Nous faisons fi de nos petits moments de blues. Nous nous sommes efforcés, en réponse aux messages internet où parfois elle exprimait son inquiétude et ses doutes sur sa capacité à s’intégrer, de la rassurer et de lui dire notre fierté et notre confiance en elle. Nous sommes bien décidés à l’accompagner – de loin – jusqu’au bout de son expérience.
Nous commençons à nous préparer à l’idée qu’elle ne sera plus exactement la même à son retour en France. En tout cas, quel chemin parcouru en six mois !
Parents de Fabienne Senaillat / Un an aux USA
Le dernier numéro de Trois Quatorze a résonné comme un carillon et a provoqué des cascades de rires. C’est très enrichissant pour des adultes de parcourir les courriers des « aventuriers » de la nouvelle génération. C’est certainement encore plus constructeur et rassurant pour les participants – actuels et à venir – de se retrouver et de se reconnaître dans les paroles de leurs camarades.
Vu l’enthousiasme soulevé à la lecture du journal, j’aspire à ce que de nombreux jeunes réunissent les conditions nécessaires pour participer à un séjour à l’étranger.
Parents de Nils Louis / Un an en Australie
Nous avons laissé une jeune fille timide et réservée, n’osant jamais demander quoi que ce soit. Nous sentons aujourd’hui que Lucie prend de l’assurance et nous réalisons à quel point son expérience sera enrichissante. Pas une seule fois, que ce soit par téléphone, courrier ou e-mail, elle n’a manifesté le moindre signe de cafard. Elle nous paraît rayonnante, curieuse de tout, confiante, autonome… Au point d’avoir fait elle-même les démarches pour être autorisée à suivre les cours de la classe supérieure.
Parents d’Anne-Lucie Werquin / Un an aux USA
Au début Max écrivait très souvent (4 ou 5 e-mails par semaine) – maintenant les contacts s’espacent. Les premières semaines ont parfois été difficiles pour lui (Max est parti trois semaines après le groupe. NDLR.), mais il est maintenant beaucoup mieux. Il fait à nouveau des blagues et des jeux de mots (en anglais !), ce qui est bon signe, quand on le connaît.
J’ai la chance de mon côté de pouvoir communiquer de façon régulière avec Andrée sa maman d’accueil – elle m’écrit, me parle de mon fils, bien-sûr, et aussi de la Californie. J’ai donc gagné une correspondante américaine.
Mère de Max Maurel / Un an aux USA
Pour notre famille, l’aventure continue. Le séjour de Frédéric nous a donné un regain d’énergie. Nous sommes tous stimulés (famille, amis) pour écrire et lire. Tous, que l’on ait 7 ou 85 ans, nous avons pris ou repris la plume. C’est génial.
Famille de Frédéric Ontala / Un an en Allemagne.
Nous nous languissons bien moins que prévu, car nous sommes réellement heureux de la savoir si gaie. Faisons des vœux pour que cela dure.
Mère de Marie-Caroline Grillo / Un an au Canada
Les moments de bonheur et de satisfaction effacent la nostalgie.
Parents d’Elodie Vasseur / Un an aux USA
Grâce à de réelles capacités d’adaptation, sa grande aisance dans la communication, ses qualités de patience et de tolérance, Pia a su, a priori, s’intégrer rapidement dans son nouveau cadre familial et s’implique, avec autant de passion qu’en France, dans son nouvel univers scolaire et socioculturel. Pia nous décrit ses parents d’accueil, Lloyd et Jackie Mullins, comme étant « awsome » – un mot familier qui signifie extra, génial. Nous ressentons à distance tous les efforts qu’ils déploient pour rendre le séjour de Pia le plus enrichissant possible. Pia témoigne régulièrement des nombreuses attentions qu’ils lui prodiguent, de leur complicité et de leur affection réciproque. Lloyd et Jackie nous ont récemment fait part de leur fierté de présenter Pia comme leur « host daughter » à leurs amis, et du plaisir qu’ils avaient à partager ces instants avec notre fille… En regrettant que tout cela ne dure que 11 mois.
Ce voyage est également profitable à toute notre famille. Les deux petits frères de 7 et 14 ans ont eu l’occasion de mieux s’affirmer dans le nouvel espace familial – ils manifestent un intérêt accru pour les langues étrangères, la géographie, la communication : les changements fréquents de l’orientation de l’antenne parabolique en attestent. En atteste aussi l’acquisition d’un planisphère de bureau, ainsi que leur excellente rentrée scolaire.
Le papa et la maman biologiques se sont investis dans d’autres activités extra professionnelles – ateliers, cours d’échecs – qui raccourcissent bigrement les semaines.
Parents de Pia Decarsin / Un an aux USA
Je suis convaincue du bienfait que peuvent apporter ces séjours à nos enfants, mais les pincements au cœur existent et, parfois aussi, les angoisses.
Merci à tous.
Mère de Sophie Loukili / Un an aux USA
Article paru dans le journal Trois-Quatorze n°37