Anne-Cécile prend du recul et nous décrit son expérience d’une année scolaire à Wux City dans la province de Jiangsu.
Certains en Australie ou aux USA s’amusent beaucoup. Ce n’est pas mon cas, mais cela n’a jamais été le but de mon année. Mon séjour, je le qualifierais plutôt d’intéressant. Je suis souvent choquée, mais je ne cesse d’en apprendre sur les autres et sur moi-même.
Malgré le lycée, j’adore la Chine ! Le pays a ses qualités et ses défauts comme n’importe quel pays. Un truc que je déteste c’est la pauvreté et la saleté. Tous les matins, au bas de mon immeuble, des personnes âgées et des handicapés font les poubelles et à chaque fois que je sors, il y a deux petites filles qui viennent faire la manche. Voir des gens faire leur shampooing ou leur lessive dans une bassine sur le trottoir est tout à fait habituel. Ces visions me font prendre conscience de mes privilèges, aussi bien en France qu’en Chine.
J’’apprécie beaucoup la bonne humeur et la gentillesse des Chinois. Les Chinois ont toujours le sourire aux lèvres, un sourire très communicatif. Je pense que de ce côté-là, les Français ont beaucoup à apprendre. Ici, on ne juge pas les autres à leur physique et à leurs vêtements et cela est très agréable. J’essaie de prendre exemple, car m’attacher au physique, c’est ce que j’avais tendance à faire en France. En un mois, j’ai beaucoup changé. Je deviens plus tolérante et plus gentille. J’essaie de ne plus blesser les gens. Quand je n’aime pas quelque chose, je ne crie plus : « C’est moche », je dis tout simplement que « je n’aime pas trop ». C’est tout bête. Depuis que je suis arrivée en Chine, je me remets sans arrêt en question et je pense que ça ne me fait pas de mal.
Avant de partir j’avais peur de changer – maintenant je me dis que c’est bien d’avoir changé. C’est étrange, non ?
J’avais un rêve : partir une année scolaire en Chine. Le réaliser n’a pas été facile. La plupart des associations ne voulaient pas de moi car je ne parlais pas chinois, je n’avais pas mon bac et je n’avais pas dix-huit ans. Une fois que PIE a accepté mon dossier, il a fallu que je travaille pour payer le maximum du coût de mon séjour. Plusieurs personnes n’avaient qu’une idée en tête : m’inciter à laisser tomber. Le plus dur a été de tenir bon. Mais mon projet, j’y tenais et je n’étais pas prête à l’abandonner. C’est ainsi que le 5 Septembre, j’ai quitté ma chère Bretagne pour passer deux jours à Paris en compagnie de pleins d’autres jeunes. Nous étions tous différents les uns des autres, nous partions aux quatre coins du monde, mais nous nous embarquions tous dans la même galère, persuadés que nous allions vivre une des expériences les plus inoubliables de notre vie. Le 7 au soir, je montais dans l’avion sans aucune appréhension, le coeur ouvert à l’inconnu.
Je partais en Chine, sans aucune image en tête, j’étais juste à la recherche de quelque chose de différent, d’étonnant et d’exotique. Aucun regret, j’ai trouvé ce que je cherchais.
La famille dans laquelle je me trouve est extraordinaire, toujours prête à m’aider et il n’y a aucun reproche que je puisse leur faire. Le lycée, c’est une autre affaire. Je savais avant d’y être que ça serait long et sévère, mais j’ai tout de même beaucoup de difficultés à m’y habituer. Les élèves chinois restent onze heures en cours et ont comme seule pause une demi-heure, à l’heure de midi. J’ai des difficultés à me faire des amis, non pas que mes camarades de classes ne m’apprécient pas, mais ils travaillent tout le temps. Dans ces conditions il n’est pas facile de faire connaissance. Je pense que les profs en France seraient aux anges s’ils avaient une classe comme celle dans laquelle je suis en Chine – il n’y a que des élèves studieux – or les profs ici n’ont vraiment pas l’air d’être satisfaits ! Mais les profs ici, je ne les supporte plus. Et je crois bien que c’est réciproque.
Question nourriture, c’est indescriptible tellement c’est bon ! Rien à voir avec la nourriture chinoise en France. Maintenant que je n’ai plus de problème pour manger avec des baguettes, j’ai bien du mal à m’arrêter de manger. Tant pis pour les kilos, je les perdrai à mon retour !
La vie en Chine est passionnante. Comme dans tous les pays, il y a des points positifs et des points négatifs. Les Chinois sont très curieux, partout où je vais, on m’observe, on me montre du doigt, on me suit. Quand je dis partout je n’exagère rien, même une fois aux toilettes ! Ce jour-là une professeur n’a rien trouvé de mieux que de passer la tête par-dessus la porte – elle est restée plantée là à me regarder. Ça m’a choquée et mise de mauvaise humeur sur le coup, mais à présent, je prends ça avec humour.
En choisissant la Chine, il faut être prêt à beaucoup de choses.
Les Chinois se soucient peu de leur environnement. C’est une chose qui m’exaspère, mais comme je ne suis en Chine que pour dix mois, je tais mon opinion.
La France me manque, mais je n’ai pas envie d’y rentrer. J’aime les habitants de ce pays. Il y a ici des gens qui m’ont ouvert grand leur cœur et quand je pense qu’un jour il me faudra les quitter, j’entrevois cet instant comme une grande déchirure. Cette année est une des plus belles expériences de ma vie. Je suis globalement contente et fière de m’être lancée dans cette aventure.
Je n’ai pas grand-chose à ajouter – je veux juste vous inciter à venir. Si vous êtes motivés, n’hésitez pas, lancez vous ! Vous n’avez rien à perdre ! Que vous aimiez Winnie l’ourson (c’est la grande mode ici…), que vous soyez fans de philo, accros au shopping (la vie n’est pas chère en Chine) ou, tout simplement et comme moi, en quête de nouveautés, venez ! Il n’y a pas besoin de parler chinois, il y a juste besoin d’être ouvert ! Merci PIE.
Anne-Cécile, Wux City, Jiangsu / Un an en Chine
Article paru dans le journal Trois-Quatorze n°39