Une autre école

3,14 a choisi d’envoyer une enquête à 150 étudiants qui suivent pendant un an une scolarité à l’étranger.  Les Français nous parlent du système américain.  Les étrangers (américains, allemands, espagnols, brésiliens) nous parlent du système scolaire français. Les avis de ces élèves sont d’autant plus intéressants que chacun d’entre eux possède un point de comparaison : son propre système scolaire. La somme des impressions nous en dit long sur l’école française et sur l’école américaine. Cet œil extérieur, ce jugement de l’étranger, nous semble très utile. Il nous permet de porter un regard lucide sur notre propre système.

Une autre écoleCette enquête ne prétend pas l’objectivité. Principalement pour deux raisons : premièrement, seuls les avis des élèves sont pris en compte – deuxièmement, c’est une succession d’impressions, une somme d’expériences vécues.
Tous ces élèves suivent de nouveaux cours, suivent au quotidien de nouveaux horaires, de nouveaux comportements, de nouvelles relations
Loin de leur milieu d’origine, ils parviennent à parler en faisant la part des choses. Ils constatent sans s’enflammer. Ils gardent de la distance.
Cette enquête, nous l’espérons, enrichira le débat sur l’école. Nous la ferons suivre par des enquêtes sur d’autres pays et, dans un avenir proche par une interview sur système scolaire canadien.

Cette « étude » est faite à partir de 100 réponses
En caractères maigres : résultats et commentaires donnés par les jeunes
En italique : commentaires 3,14

1- QUELLES SONT LES MATIÈRES OBLIGATOIRES ? FACULTATIVES ?

EN FRANCE

Matières obligatoires : Français, Philosophie, Histoire, Géographie, Mathématiques, Physique-Chimie, Latin, Grec, Économie, Technologie, Dessin industriel, Sciences Naturelles, Comptabilité, Gestion, Education physique. D’après les étudiants étrangers qui vivent en France, toutes les matières sont obligatoires à l’exception des langues (matières à option), du dessin et de la musique.

En France, après la classe de Seconde, les élèves s’orientent (ou sont orientés) vers les domaines scientifiques, littéraires, économiques ou techniques. À partir de la première, les matières varient selon les sections.
Mais dans chaque section on impose aux élèves leur emploi du temps (ex-Alyssa en 1ère A5- 5h de français, 3h d’Espagnol, 3h d’Anglais, 4h d’Histoire Géographie, 3h de Sciences Naturelles, 1h de Maths, 1h de Physique).
À l’intérieur d’une section, toutes les matières sont obligatoires. Les seules matières à option sont les langues. Certaines matières sont facultatives. Ex : le Français (en classe de Terminale), le latin (dans les sections scientifiques), la musique et le dessin.
Il y a en France un large éventail d’emploi du temps, parce qu’il y a de nombreuses sections (variantes littéraires : musique, dessin, audio-visuel et variantes techniques. Mais chaque emploi du temps est rigide. Il comporte peu de choix et paraît imposé à l’élève. « On ne choisit rien », « tout est obligatoire », « il n’y a que la musique, le dessin ou les trucs comme ça qui soient facultatifs »
Le système est uniforme dans tout le pays (tradition jacobine oblige). Les seules exceptions viennent des écoles privées qui ne sont pas sous contrat d’état (peu nombreuses et souvent coûteuses), et des écoles expérimentales (encore rares).

AUX ÉTATS-UNIS

Matières obligatoires : Histoire américaine et anglais (d’après tous les Français aux Etats-Unis), Histoire gouvernementale, sport, sociologie, maths et langue vivante (d’après certains)
Matières facultatives : (dans le désordre) « Reading », « speech », Espagnol, « French Aid », Algèbre, calcul, Comptabilité, Chimie, Biologie, Histoire ancienne, Géographie, « American problems », Economie, « Business », « Current issues », Sociologie, Psychologie, Dactylographie, Informatique, Art, Théâtre, « Homemaking (food, nutrition, cloches) »É

Le système américain varie beaucoup d’un état, d’une ville, et d’une école à l’autre.
Cependant des règles générales se dégagent.
L’année est divisée en deux semestres. Au terme du premier semestre l’emploi du temps est changé pour (et par) chaque élève.
Il n’y a la plupart du temps, que deux matières obligatoires : l’Anglais et l’Histoire Américaine. Toutes les autres matières, comme en témoignent la plupart des jeunes Français, sont des matières à option. Mais ce que tous ne savent pas (ou n’expliquent pas) c’est que, pour avoir sa « graduation » (diplôme de fin d’étude, correspondant au baccalauréat), les élèves américains doivent remplir un contrat. Ce contrat consiste à étudier pendant les quatre ans que durent la High-school, un certain nombre de sujets pendant un certain nombre de temps (ex. 6 semestres d’Anglais, 4 semestres de sport, 3 semestres de Science, 2 semestres de Maths, 1 Sciences sociales, etcÉ). Certains sujets (ou sections) sont obligatoires, d’autres facultatifs. Mais, à l’intérieur de ces sections, toutes les matières sont à option (ex. dans la section « Anglais », l’élève choisit entre « Composition », « American littérature », « media »et dans la section « Maths » entre Trigonométrie, Algèbre I ou Algèbre II, etc).
Ce système ressemble beaucoup au système des unités de valeur de l’université française.
Il explique (en partie) que certaines High-school se réservent le droit de refuser le « graduation » aux étudiants étrangers (ceux-ci n’ayant pas pu suivre l’ensemble des sections obligatoires).
Aux Etats-Unis, à l’exception de « Performing Arts School » (écoles d’art), il n’y a ni spécialisation, ni orientation (technique, scientifique ou littéraire) avant la fin de l’ école secondaire. Il n’y a pas non plus de forte sélection. Le système privé (souvent coûteux) se développe.
Chaque année, les Français sont frappés par la variété des matières proposées. Ils découvrent avec joie des sujets tout à fait nouveau pour eux. « Mes heures préférées, c’est speech ­ on y apprend à parler en public et surtout à prendre de l’assurance-, Current Issues ­ pour la première fois de ma vie j’apprends à lire les journaux et à écouter la radio – , Art ­ j’apprends enfin à dessiner et, qui plus est, en musique » (Laure).
Contrairement à la France, les Etats-Unis ont adopté un système semestriel à emploi du temps variable. Tous les jeunes sont étonnés par la souplesse du système, par la gentillesse et la disponibilité de l’administration. « Au moindre problème, je peux aller voir ma « counselor » et lui demander si un changement est possible. Là-bas (aux USA), ça ne pose pas problème. Il faut dire qu’ils ont super ordinateur qui leur magouille tout ça. »
« Super ordinateur » ou pas, ce principe pédagogique permet aux « jeunes Français » de s’essayer à des matières nouvelles (« typing », couture, bois, cuisine, mécanique), de s’affirmer dans des matières dites « utiles » (maths, physique, biologie, anglais… ) ou de se concocter un emploi du temps qui joint l’utile à l’agréable. « Je me suis localisée sur les sciences sociales ­ psy, Socio, American Political Behavior, Journalisme, anglais, architecture et dessin. Et puis j’ai pris des maths… pour ne pas tout oublier ».

2- QUEL ADJECTIF QUALIFIE LE MIEUX CE NOUVEAU SYSTÈME SCOLAIRE ?

EN FRANCE

Les étudiants étrangers le qualifient d’abord de difficile, puis sérieux, de bien, d’intéressant, d’instable et enfin d’astreignant.

AUX ÉTATS-UNIS

Les étudiants français le qualifient avant tout de décontracté, puis de strict, d’organisé, de passionnant. Viennent ensuite les adjectifs bizarre, agréable, merveilleux, pratique, ouvert, enfantin, intensif, excitant, déséquilibré, pratique et épanouissant.

3- COMBIEN D’HEURES DE SPORT FAITES VOUS PAR SEMAINE?

EN FRANCE – 2 heures

Sur 30 réponses : 28… 2 heures, 1… 3 heures, 1… 1 1/2 heure

AUX ÉTATS – UNIS : 7 heures

Le nombre d’heures varie beaucoup d’un étudiant à l’autre. Certains ne font que 2 heures. Beaucoup en font entre 4 et 6 heures. Quelques uns font jusqu’à 15 heures. Le record est détenu par un anonyme qui fait 27 heures par semaine (son programme est le suivant : dans le cadre direct de l’école 2 heures tous les matins – dans le cadre de l’équipe de football, 3 heures tous les après-midi et deux heures chaque samedi (jour de match) – vérifiez, le compte y est !). Le record de précision revient à Catherine qui dit pratiquer le sport pendant 4h10 chaque semaine !

4- QUELS SPORTS SONT PROPOSÉS ?

EN FRANCE

Suivant les écoles : Hand-Ball, Volley-Ball, Basket-Ball, Gymnastique, Athlétisme, Danse, Foot-Ball, Rugby, Natation, Lutte, Haltérophilie.
Suivant les régions : Ski et Aviron.

AUX ETATS-UNIS

Suivant les écoles : Base-ball, Soft-ball , Basket-ball, Football (américain), Soccer (le football européen), Gymnastique, Tennis, Athlétisme, Cross, Natation, Water-Polo, Lutte, Aérobic, Musculation.
Suivant les régions et les saisons. Patinage, Ski, Ski de fond, Hockey et « Racquet Ball).

En France, pour faire sérieusement du sport, il faut en faire dans des clubs, en dehors de l’école. Mais il est certain que les emplois du temps très chargés et la mentalité demandent aux volontaires… beaucoup de volonté.
Aux Etats-Unis, d’après tous les chiffres et tous les commentaires, le sport est une matière très importante. L’éducation physique est considérée de manière sérieuse, tant qualitativement que quantitativement.
Dans le cadre des heures scolaires, il se pratique un peu comme en France. Mais le système de la High School fait une grande place à toutes les activités physiques. En réalité l’école est disponible pour le sport (emploi du temps, matériel et locaux mis à la disposition des jeunes, organisation et mentalités) – elle aide à créer un véritable noyau social autour de chaque activité sportive

5- COMMENT QUALIFIERIEZ-VOUS LES RELATIONS PROFESSEURS-ÉLÈVES ?

 

FRANCE

USA

Amicales        
chaleureuses            
ouvertes  
proches
distantes
strictes
décontractées
hiérarchiques
tristes
agréables

10%
5%
10%
0%
50%
12%
5%
30%
5%
40%

73%
42%
89%
32%
2%
3%
77%
7%
0%
60%


Les résultats sont clairs.  Les Français sont surpris par la simplicité des relations entre les professeurs et élèves américains, puisqu’ils jugent ces relations décontractées et, avant toutes choses, ouvertes.
Les étrangers sont frappés de leur côté par la distance qui existe entre les élèves et les professeurs français.
Autour de ce problème s’ouvre un vaste débat : un bon professeur doit-il être un « ami » ? ou (plus catégoriquement) : un bon professeur peut-il être un « ami » ?
En France, les enseignants semblent s’accorder pour répondre non à ces deux interrogations. Leurs arguments sont nombreux (seul le résultat compte, les professeurs ne sont pas là pour faire de la démagogie, ils doivent se mettrent à la portée des élèves mais à leur niveau, etc… )
Notre intention n’est pas d’apporter une réponse à cette question, mais d’enrichir le débat grâce aux réflexions des premiers concernés : les élèves. Nous rappelons que ces témoignages sont apportés par des étudiants étrangers, qui connaissent donc un autre système scolaire, et qui pratiquent avec les professeurs de leur propre pays un autre type de relations.

Les commentaires en provenance des USA abondent. Ils en disent long sur l’ambiance qui règne dans une classe américaine.
« En règle générale le prof est plus attentif aux problèmes de l’élève. Il est plus disponible ». (Éric, New-York)
« Les profs sont beaucoup plus présents. Il n’y a pas que leur enseignement qui compte. Ils respectent les élèves comme des personnes ». (Karine, New-York)
« Les relations sont franchement plus chaleureuses. Je vous donne un exemple. Il y a 15 jours une élèves a perdu son frère aîné. Quand elle l’a apprise, elle s’est mise à pleurer. Le prof s’est levé et l’a serrée dans ses bras tout en la consolant comme une mère l’aurait fait pour ses propres enfants). En France, j’imagine mal un prof avoir une telle tendresse pour ses élèves ».
« Les relations sont franches. Il n’y a pas de sous-entendu, et jamais d’abus de pouvoir ». (Sandrine, Floride)
« Les profs sont hyper cool. Ce sont de vieux copains. Ils vous gratouillent l’épaule et vous leur tirez la cravate ».
« Les élèves n’hésitent pas à montrer à leur prof des photos de leur boyfriend ou de leur giroflier, mais aussi de leur grand-mère et de leur grand-oncle qui habite dans le Minnesota. De leur côté, les profs font la même chose ».

Certains commentaires ne manquent pas de piquant.
« J’ai une prof petite, pas très belle et qui louche. Un jour, un élève lui a posé une question. Comme la prof avait l’air de répondre en regardant quelqu’un d’autre, l’élève lui a dit :: c’est moi que vous regardez ? Par ce qu’avec vos yeux, on peut pas savoir. Je croyais que la prof allait pleurer, mais pas du tout. Ca n’avait pas l’air de la choquer. Il est vrai que cet élève lui fait toujours des remontrances ! ». (Valérie, Californie)
« Ma prof de gouvernement un petit bout de femme. Les élèves lui tapent sur l’épaule pour lui dire bonjour Moi je n’ose pas c’est dommage car, ici, les relations sont très détendues ».

Certains ont un avis contraire.
« Mon prof de Maths est très sérieux et les relations avec lui sont plutôt distantes ». (Alexandra, Colorado)
« Dans mon lycée, on est très nombreux (2000). C’est peut-être pour ça que les relations sont assez distantes ». (Sandrine, Wisconsin)
À la lecture de l’ensemble des enquêtes, on remarque que les relations semblent d’autant plus étroites que l’école est petite.

Tous les étudiants français s’accordent autour de Frédérique (Texas) à reconnaître qu’aux Etats-Unis les professeurs passent plus de temps autour des « cas particuliers ». « On a l’impression » dit-elle « que les profs ont envie que tout le monde comprenne ».

Quelles conséquences ce type de rapport a-t-il sur le comportement des élèves ? Sur ce problème, les avis divergent. Hugues pense que « les élèves savent parfaitement user de l’autodiscipline ». Sophie est de son avis : « En cours d’histoire, on peut carrément mettre les pieds sur la table. On peut manger et boire. Les relations sont épatantes et pourtant on a vraiment envie de bosser. Derrière leurs attitudes très décontractées les élèves sont très attentifs ».
Sandra (Californie) estime, par contre, que « la majorité des élèves profitent de la gentillesse des profs pour faire leurs devoirs ou dormir pendant les cours ». Myriam (Wisconsin) est de son avis. Elle juge les élèves insolents. « Quel que soit le niveau de relation » précise Frédérique « ici, aux USA, on respecte les règles et la politesse. Les profs sont très « cool », mais si quelqu’un ne joue pas le jeu… attention à lui ».
Élisabeth pourrait mettre tout le monde d’accord. « Les relations profs-élèves sont assez étranges : amicales, ouvertes et plutôt décontractés. Mais on ne peut pas dire qu’elles soient proches. Je comprends un peu les profs. La majorité des élèves sont bornés et un peu fermés sur leur monde. Cependant, ici, les relations sont toujours chaleureuses, alors que chez les « groggy », les profs se méfient des élèves, et les élèves passent leur temps critiquer les profs ».
C’est vrai qu’en France, même les étudiants étrangers sont assez critiques vis à vis de leurs enseignants.
« Les profs ne parlent jamais avec les élèves ». (Katia, Allemande)
« Nous ne parlons jamais avec les profs ». (Helmut, Allemand)
« Les relations sont très limitées ». (Anonyme)
Helmut se risque à une explication. « En général » dit-il « les élèves s’estiment et se croient très inférieurs aux profs et ils ont peur de leur demander quelque chose ».
Certains avis sont plus nuancés.
« Avec les bons profs, les relations sont bonnes, avec les mauvais, les relations sont mauvaises ». (Rebecca, Canadienne)

« Je sais que ça n’est pas la règle, mais avec mon prof de maths les relations sont assez décontractées ». (Kirsten, Allemande)

Que ce soit en France ou aux Etats-Unis deux chiffres paraissent encourageants. En effet, 0% des étudiants aux USA, et 5% seulement des étudiants en France jugent les relations professeurs-élèves tristes, alors que 40% en France et 60% aux USA les jugent agréables.

La conclusion sur cette question revient à cet étudiant (anonyme) qui nous écrit des Etats-Unis. « Aux USA les rapports avec les enseignants sont vraiment appréciables. D’après le système français le risque pris par l’enseignant américain est de faire de la démagogie. Mais, là-bas, le problème ne se pose pas comme ça, car il n’y a pas de rapport de force entre les élèves et les professeurs. En France, sous prétexte de ne pas se mettre au niveau de l’élève et de privilégier la « chose enseignée », le professeur a tendance à garder ses distances. C’est compréhensible. Mais le danger qui guette l’enseignant français est de ne pas connaître suffisamment l’élève pour faire passer correctement son message et, par la suite, de se protéger derrière son savoir pour préserver cette distance ».

6- EN GENERAL, QUE FAITES-VOUS APRÈS LES COURS ?

80% des Français aux Etats-Unis répondent qu’ils font du sport avec les autres élèves ou qu’ils discutent avec les élèves et les professeurs.
Flavie, dans un style télégraphique, nous précise son programme : « Entraînement. Retour. Repas. Discussions au téléphone avec les copains. Homework. TV ou discussion au lit si je suis trop crevée ». Pierre Gwenaël « rentre, mange et ressort (pour le sport, les meetings ou les copains) ». Myriam de son côté participe à la rédaction du journal de son école. Christophe suit des cours de trompette (en liaison avec l’école ?) etc, etc…
Certains rentrent directement chez eux (par le « school-bus » bien sûr), mais la plupart sont occupés par des activités extra-scolaires (souvent engendrées par l’école).
En France, par contre, quand les cours se terminent, les élèves ont tendance à quitter leur peau d’élève et à vaquer à des occupations plus individuelles.
Voyons ce que font les jeunes étrangers.
Helmut rencontre des copains ou va jouer au volley, Peter joue au ping-pong, et parle avec sa famille, Kirsten et Paula retournent chez elles, Kim essaie de comprendre ses devoirs, Rebecca fait ses devoirs. Bethany fait du piano ou écoute la radio, Katia va manger dans le frigo ou écrit de la musique, Melinda ne fait rien, Viviane se promène et Angela fait son boulot.

7- LA MENTALITÉ

En France, comme aux Etats-Unis, on s’accorde à juger les relations entre les élèves, sérieuses, agréables et vivantes. Cependant on les juge plus décontractées (90 % contre 35 %) aux USA. Mais, quand on en vient à parler de la mentalité des élèves, les Français aux Etats-Unis comme les étrangers en France deviennent plus critiques.

AUX ÉTATS-UNIS

«Les relations sont agréables – c’est indiscutable. En un mois j’ai plus d’amis qu’en 17 ans d’école française. Mais la mentalité est vraiment spéciale. Les jeunes sont très superficiels. Surtout les filles ».
« Ca vole pas très haut. Ni politique, ni philo, ni culture… »
« Les Américains sont très puérils ».
« Ils ne sont pas très philosophes dans l’ensemble. Mais la compétition et la philosophie n’ont jamais fait très bon ménage ».
« Ils paraissent adultes mais ce sont des mômes. Ils sont très jeunes d’esprit ».
« Dans l’ensemble les jeunes Américains sont très immatures. Il est difficile d’avoir une conversation sérieuse avec eux. Mais ce sont de supers bout-en-train, toujours prêts à faire la fête et toujours au rendez-vous quand on a besoin d’aide». (Un avis, assez catégorique qui résume assez bien l’impression générale).

EN FRANCE
« Les élèves sont trop sérieux ».
« Les jeunes sont tristes ».
« Ils ne pensent qu’à l’école ».
« Ils ne parlent que de ça – ils sont traumatisés »É
Etc, etc…

L’article et la question qui suivent en disent plus long sur la manière dont les Français et les Etrangers jugent respectivement les mentalités des jeunesses Américaines et Françaises.

 

8- EN DEHORS DES COURS DE QUOI PARLENT LES ÉLÈVES ?

En France, Paula (Brésilienne) précise que « les élèves évitent et oublient totalement de parler de sexe ». Angela (Canadienne) signale « que le bac revient sans cesse dans toutes les conversations ».  Aux USA, Olivier dit que « les jeunes parlent tout le temps mais qu’ils n’ont rien à dire ».  Anne-Sophie, quant à elle, est étonnée: “ils parlent sans cesse de religion”.  Alexandra ajoute qu’en dehors de la religion « les discussions sont pauvres ».  Véronique n’entend parler que de sexe et de fêtes.  Stéphanie précise que les filles parlent de leur « boyfriend » et les garçons de télé et de sport.

Pour clore la question, voici quelques réponses amusantes.
« Ici les élèves cherchent toujours des trèfles à quatre feuilles ».
« Aux US, on parle surtout de choses et d’autres mais plus particulièrement des choses et pas vraiment des autres.  Quelque fois quand même on parle d’autre chose ».
« Je ne comprends pas grand chose alors il m’est difficile de répondre honnêtement à la question ».  Une réponse inquiétante, mais qui a l’avantage d’être franche.

 

9- LES ÉLÈVES SONT-ILS HEUREUX D’ALLER À L’ÉCOLE ?

 

FRANCE

USA

OUI
NON

47%
53%

75%
25%

Deux commentaires suffisent à compléter ces résultats.
L’un vient de France : « les élèves français sont trop préoccupés pour être heureux ».  (Helmut, Allemand)
L’autre vient des Etats-Unis : « Les élèves américains sont heureux.  Mais ils ne le savent pas ».  Par cette formule superbe, Sandrine résume parfaitement le sentiment général.
 

10- PENSEZ-VOUS QUE CE SYSTÈME SCOLAIRE SOIT UN BON TREMPLIN POUR L’AVENIR DES JEUNES ?

 

FRANCE

USA

Oui        
Non        

80%
20%

75%
25%

 

11- QUE RETIENDREZ-VOUS DE CETTE ANNÉE À L’ÉTRANGER ?
 

 

FRANCE

USA

Des choses positives
Des choses négatives
Ne se prononcent pas        

85%
5%
10%

90%
5%
5%

Jusqu’à cette dernière série de questions, les critiques envers les systèmes scolaires français et américains n’ont pas manqué.
Mais, au moment de faire le bilan, 80% des jeunes étrangers en France et 75 % des jeunes Français aux Etats-Unis émettent un avis positif quant à la capacité des deux systèmes à préparer l’avenir des élèves.
En France, les jeunes étrangers estiment que les élèves apprennent énormément et qu’on les habitue à la difficulté da la vie professionnelle (horaire et travail).
Aux Etats-Unis, les jeunes Français pensent que l’école apprend à aimer son travail, à oser et à entreprendre.  D’après eux ce système est plus ouvert sur le milieu de l’élève et sur les milieux professionnels.

Cependant, en France comme aux USA, les étudiants émettent quelques réserves.  En France, on craint que les élèves perdent confiance dans leurs possibilités, qu’ils ne s’épanouissent pas du tout dans le cadre de leurs études.
Aux USA, on a peur que le niveau soit trop faible et que les jeunes ne s’habituent pas à de « vrais horaires » de travail.  Les Français craignent également que l’absence de grosses difficultés avant la graduation ne provoque une sélection trop rapide et trop souvent liée à l’argent.

Certaines de ces critiques ne sont pas justifiées.
Si les Américains n’apprennent rien à l’école et s’ils sont vraiment incultes, comment expliquer qu’ils soient si compétents dans les domaines aussi différents que l’économie, les sciences et les arts ?
Si les Américains ne sont pas préparés à la vie professionnelle, comment expliquer leur intégration (beaucoup plus facile que celle des Français) dans le monde de l’entreprise ?

En répondant positivement à la question « que retiendrez-vous de cette année à l’étranger ? », l’ensemble des jeunes qui participent aux programmes PIE semble avoir bien compris :

1.Qu’un système éducatif est un système complexe qui intègre un grand nombre de paramètres.
2.Qu’un système éducatif influence une culture mais qu’il en est aussi issu (On ne peut donc pas demander à une « école » de reproduire les schémas d’une autre école).
3.Que la comparaison entre les systèmes scolaires ne doit pas se faire en terme global de supériorité ou d’infériorité mais en terme d’objectifs.

Ceux des écoles françaises et américaines sont différents.
L’école française paraît attacher plus d’importance au savoir, à la connaissance, et à la sélection autour de ces valeurs.
L’école américaine paraît plus attachée à l’épanouissement de la personnalité et à l’apprentissage de la vie sociale.

Aucun de ses objectifs n’est à rejeter.
N’est-il pas légitime pour une école de chercher à ce que les élèves apprennent à être à l’aise dans leur vie de tous les jours ?
Sous prétexte que le monde « adulte » est un monde de concurrence, doit-on lancer les élèves dans la compétition dès leur plus jeune âge ?  N’est-il pas meilleur que les jeunes développent tranquillement une certaine confiance en eux ; et qu’ils acquièrent insi le goût d’gir et d’entreprendre ?

Aucune école n’est parfaite.  Mais ce dont nous sommes sûrs (les résultats de cette enquête viennent le confirmer), c’est qu’un système éducatif gagne à connaitre un autre système éducatif et qu’u élève qagne à découvrir une autre école.

En 1992 plus encore qu’aujourd’hui, le marché exigera de chaque individu, de chaque entreprise, docn de chaque école, une plus grande ouverture.

Toute amélioration passe par:
-la multiplication des échanges scolaires
-la connaissance et la compréhension des autres écoles
-la polyvalence et la disponibilité de chaque élève (disponibilité linguistique par exemple).

Les jeunes français qui étudient pendant unan à l’étranger et les jeunes étrangers qui étudient pendant un an en France reconnaissent qu’au contact d’une nouvelle école, et par ce que cette école à d’autres objectifs,
-ils se découvrent des intérêts nouveaux
-ils apprennent à développer d’autres capacités
-ils apprennent à estimer à leur juste valeur les qualités de leur propre système scolaire.

Une école (notre école) doit encourager et faciliter tous les types de contact avec l’étranger.

Article paru dans le journal Trois-Quatorze n°9