Voyage au Pays E

Une route, quelque part entre l'Illinois et l'Indiana, USA« Inventez le pays E ! E comme Evasion, E comme Eldorado, E comme Extraordinaire ! » Tel était le défi lancé aux 250 participants aux programmes de longue durée à l’étranger (départ et accueil confondus). Nombreux sont ceux qui ont répondu à l’enquête proposée par Trois Quatorze et qui y ont été de leurs propositions en matière d’éducation, de transport, de rythme de vie, d’urbanisme… Trois quatorze présente ici les idées fortes des citoyens de E, et nomme à la tête des principaux ministères les personnalités qui semblent le plus à même de représenter la majorité. Au terme de ce petit voyage se dessine une terre d’Utopie, un monde un peu fou et un peu original, un monde impossible et incomplet mais touchant, un monde où l’humanisme, la tolérance et le respect l’emportent nettement sur le fameux principe de réalité. Quoi que l’on pense du pays E, on reconnaîtra que ses contours auraient été différents si ceux qui les avaient dessinés n’avaient choisi de partir loin et pour toute une année.

MINISTRE DE L’ÉDUCATION
MAUD CATHELAND

E comme Education ! Ce poste était sans conteste le plus convoité. Il faut bien dire que lorsqu’on parle de l’école tous les participants ou presque ont un avis à donner et une réforme à proposer. Aude Caussemille, Marie Prud’homme, Marine Conrad, Laurentia Lagarrigue, Aurélien Bouix auraient très bien pu hériter du portefeuille. Mais il revient au final à Maud Catheland (actuellement au Canada) qui nous a paru la plus à même de fédérer les nombreuses propositions de ses « compatriotes ».

Idées maîtresses des habitants du Pays E :

Grands principes :
– D’une façon globale, il faut réfléchir à tout ce qui peut motiver les élèves et les professeurs. Une fois qu’on a appris à lire, à écrire et à compter, l’essentiel est fait. Après il faut être imaginatif.
– Au pays E, on met en avant les compétences des élèves au lieu de pointer leurs incompétences.
– Le système E laisse sa place au rêve – il permet à chacun de tenter, d’essayer, même l’impossible.
– Au pays E les classes sont plus réduites – L’école E doit introduire automatiquement une part d’apprentissage dans la formation.
– Il faut que l’école E soit un minimum exigeante sur le niveau – on doit viser un bon niveau mais en même temps on ne doit jamais faire l’impasse sur le bonheur. Les élèves doivent savoir pourquoi ils vont à l’école.
– On ne développe pas l’esprit de compétition : les élèves travaillent ensemble – le but n’est pas d’être meilleur que l’autre mais de viser l’excellence.
– Dans les classes les effectifs sont réduits.
Ecole : lieu social :
– L’école ne doit pas être qu’un lieu de travail. Elle doit aussi être un lieu de rencontre et d’apprentissage de la vie sociale. L’école organise des fêtes, des rencontres sportives, des sorties. Chaque année, elle édite un catalogue de tous les élèves…
– Il faut tout faire pour que les élèves n’assimilent pas l’école à un enfer, à une souffrance. L’école doit être une deuxième maison, un endroit où l’on aime aller, un lieu que l’on aime. Si on arrive à instaurer ça dans le pays, toute la mentalité sera changée – plus tard les gens ne rejetteront pas leur lieu de travail.
Relations profs / élèves
– Développer le dialogue entre élèves et profs – favoriser la prise de parole de l’élève.
– Confiance et complicité font mieux que méfiance et autorité.
– Les profs doivent être passionnés, gentils et tolérants. Ils doivent être plus proches des élèves, afin de pouvoir mieux les aider. On criera à la démagogie, mais cela n’a rien à voir. Il ne s’agit pas de flatter mais d’être efficace.
Rythme
– Les cours s’arrêtent vers 14 h / 15 h. Les après-midi sont consacrés à la découverte, aux activités artistiques, culturelles et sportives.
– Possibilité de faire la sieste à l’école, pour récupérer et être plus efficace. L’école E doit prendre en compte la fatigue des élèves. Au pays E, on a compris que les cours magistraux entre 17 h et 18 h étaient absolument inutiles.
Examens
– Au pays E, il n’y pas d’examen final. L’idée que tout se décide en une semaine ou deux est absurde. Cela crée un stress inutile et ça ne pousse pas à travailler régulièrement – l’élève finit par ne plus travailler que pour ça.
– On remet les diplômes de façon officielle et on organise une grande fête à cette occasion.
– Les révisions sont faites avec le prof. Du moins, le prof les encadre.
– En dehors des vrais devoirs, on fait un petit quizz de temps en temps. Ça décontracte et ça vous met les choses en tête.
Matières :
– L’école E propose une multitude de matières – chacun choisit en fonction de ses besoins et intérêts (points faibles, métier envisagé) et de ses goûts. A côté des matières classiques il faut pouvoir faire de la photo, de la cuisine, de l’informatique, du droit, du journalisme, de la menuiserie, de la psychologie, du marketing…
– On doit veiller à ne pas négliger les matières artistiques : musique, cinéma, théâtre. Il ne s’agit pas forcément de former des artistes mais d’éduquer dans ces domaines.
Idées avancées par une minorité :
– En ce qui concerne l’obtention du diplôme on instaure un système mixte (50% d’examen – 50 % de contrôle continu) –
– On ne doit surtout pas sacrifier la culture générale.
-il faut être extrêmement exigeant sur le niveau général.
– Au pays E les élèves vont en cours heureux. S’ils veulent, en cours, ils se maquillent, ils sirotent leur sodas et dégustent leur « burgers » et leur « bagels », ils peuvent écouter de la musique ou bien dormir…

MINISTRE DU CULTE
Alix DORNBUSCH

Cette passionnée de musique est australienne et vit actuellement pour une année en Savoie. Quand on lui demande sa religion, elle ne répond pas. Cela ne l’empêche pas de s’intéresser à la question. Sa tolérance nous a semblé la prédestiner à un tel poste.

Idées maîtresses des habitants du Pays E :

– Puisque le pays E est le pays de la tolérance, tous les cultes y sont représentés et respectés. Mais on sépare le culte de la sphère publique.
– Au pays E on prépare les gens pour qu’ils n’aient pas peur de la mort – ils en ont d’autant moins peur qu’il existe un autre monde, un monde parallèle au pays E, où nous habitons tous après notre vie sur terre.
– Beaucoup de chants à l’église. Les hosties sont comme du pain. Un repas est organisé à la fin de chaque messe, afin que les gens puissent se rencontrer et se découvrir.
Idées avancées par une minorité :
– Le pays E est épicurien : ici, on ne rêve pas d’ailleurs ! Au Pays E, l’autre monde, c’est ici-bas – le bonheur c’est aujourd’hui, ou à la grande rigueur demain… mais pas plus loin !

MINISTRE DE L’URBANISME ET DE L’ARCHITECTURE
Fleur PRIOU

Elle a 18 ans. Elle est originaire de Blois et vit pour une année dans le Kansas. Elle a des idées sur tout (mentalités, écologie, éducation…) et celles qu’elle avance dans le domaine de l’urbanisme et des transports ne sont pas les moins révolutionnaires. Dans la mesure où les théories des participants sur ce sujet – bien que contradictoires – sont, dans l’ensemble, plutôt futuristes, Trois quatorze a pensé que Fleur serait à même de les mettre tous d’accord. Mahé Ruin, sa secrétaire d’état, chargée des transports, ne nous contredirait pas.

Idées maîtresses des habitants du Pays E :

– Il faut trouver un équilibre entre le fonctionnel et l’esthétisme. Dans beaucoup de pays, les maisons sont moches et pas pratiques ! Cela n’est tout de même pas très malin ! Quitte à faire moche, autant que ce soit fonctionnel ! D’ailleurs pourquoi faire moche ?
– On éduque les gens à l’architecture, au rythme et à l’équilibre, pour qu’ils n’acceptent pas n’importe quoi.
– Il faut prôner la diversité dans la construction.
– Le pays E sera grand par l’espace et petit par les distances. On met tout en place pour favoriser le rapprochement des gens qui échangent et qui s’aiment (développement de tous les réseaux : transport en commun, internet, rail…).
– Je propose l’interdiction de la construction d’immeubles si elle ne s’accompagne pas de la création d’un parc ou d’un espace vert.
– Développement des rues piétonnes et limitation de la construction des gratte-ciels,
– Suppression des clôtures entre les jardins.
– Pour créer les villes on s’inspire du seigneur des anneaux (villes vertes).
Idées avancées par une minorité :
– On se doit de veiller à un minimum d’unité dans les constructions, sinon c’est l’anarchie et la laideur qui l’emportent !
– Création d’une ville énorme, unique, un pôle culturel irremplaçable (genre Paris ou New York), une ville avec d’énormes gratte-ciels et des appartements ultra-modernes.

MINISTRE DES TRANSPORTS

Idées maîtresses des habitants du Pays E :

– Quand les routes sont droites, on crée des virages, histoire de les rendre moins lassantes.
– Le piéton est roi, le cycliste est « reine » : on aménage les routes comme il se doit afin de favoriser leur circulation et de les sécuriser.
– En attendant la disparition des voitures, on crée un service de pick-up efficace (ramassage), on développe le métro (qui reste un très bon moyen de transport), et on favorise l’usage des rollers et des trottinettes.
– On décrète que prix de l’essence est inversement proportionnel au nombre de passagers par voiture. On favorise les voitures à gaz et les voitures électriques.
– On instaure un service de ramassage scolaire gratuit (pourquoi pas des bus jaunes !). Finis les cartes d’abonnement, les coupons, l’attente. Les bus scolaires vous attendent à la sortie des cours, ils vous cueillent et vous déposent juste devant votre porte.
Idées avancées par une minorité :
– Investir énormément dans la recherche, jusqu’à trouver le moyen de transport idéal – il faut trouver des idées nouvelles, fortes, révolutionnaires : la baguette magique, le don d’ubiquité, le nez de Samantha… que sais-je encore !
– Au pays E, on peut conduire dès l’âge de 16 ans.

MINISTRE DE LA DEFENSE
Antonin BOUIX

Il aurait pu être premier ministre, tant il a d’idées ambitieuses pour le pays E, mais il dit que le pouvoir corrompt, que les hommes politiques se laissent griser et qu’ils nous mènent au précipice – ce natif de Kourou (habitant provisoire de l’Indiana) croit par ailleurs que « des lois intelligentes et bien mises en place devraient permettre au citoyen d’assumer seul ses devoirs et ses responsabilités ». Si on lui confie tout de même un portefeuille, celui de la défense, c’est qu’il est le seul parmi tous les participants à avoir fait une proposition sur ce sujet. Et s’il hérite de la culture, c’est pour l’originalité de ses propositions et de ses orientations. Un double portefeuille plutôt original… un peu à l’image du personnage.

Idée maîtresse des habitants du pays E :

– Le citoyen du pays E doit se tenir en réserve de la patrie et être prêt à la défendre et à la préserver.

MINISTRE DE LA CULTURE

Idées maîtresses des habitants du Pays E :

– Au pays, on ne se prend pas pour le centre du monde, et on essaie d’apprendre à respecter la culture des autres.
– On développe le réseau internet dans les endroits paumés, afin que tous les citoyens aient accès aux données (bouquins, films, disques…) –
– On cesse de faire croire aux habitants que les super puissances ne fabriquent que de la sous-culture. On se dit qu’une superproduction, ça peut aussi être une production super.
– On crée un hymne national, interprété par des oiseaux. Les oiseaux se lèvent chaque matin pour le chanter et réveiller la population en douceur.
– On rend les gens plus réceptifs à l’art et on les éduque dans ce sens (pour éviter que les gens disent à propos de l’abstraction : « Ça, de l’art ? Mais je pourrais faire la même chose ! »
Idée avancée par une minorité :
– Proposition d’une réforme pour limiter les superproductions américaines.

MINISTRE DE LA MENTALITÉ
Mathilde CALLEWART

« Respect, Entraide, Dialogue. » Sa devise pourrait devenir celle du pays E. Mathilde est actuellement pour un an dans le Michigan et son voyage au long cours semble lui avoir donné plein d’idées : elle veut tout réformer, tout changer, à commencer justement par les mentalités. Alors, tout naturellement, ce poste lui revient. On verrait bien à ses côtés, en tant que secrétaires d’État, Anne-Cécile Gilbert (actuellement en Chine) ou Yannika Jarlov (actuellement aux USA), car elles sont elles aussi des apôtres de la tolérance.

Idées maîtresses des habitants du Pays E :

– Le pays E est le pays de la tolérance à l’égard de tous… sauf à l’égard de ceux qui sont intolérants.
– On prône le respect, envers chacun, et ce quelles que soient sa nationalité, sa religion, ses origines. À un étranger, on dit : « Bonjour ! comment allez-vous ? » Car, dire bonjour et demander comment ça va, ça fait du bien et ça ne mange pas de pain – certains disent que c’est inutile et superficiel, mais les « Eux » aiment cette superficialité.
– On enseigne le respect de soi-même, qui reste la première et l’indispensable étape vers le respect des autres.
– On enseigne le savoir-vivre : un petit sourire par-ci, un petit coup de main par là… Tout ça ne peut pas faire de mal ! De façon générale, on abuse des formules de politesse.
– On enseigne la curiosité, source de nombreuses vertus et d’enrichissements.
– On s’efforce d’être décontracté, de ne pas se prendre trop au sérieux.
– Dans ce pays on réfléchit beaucoup, on pense et on repense. On se questionne sans arrêt sur la vie, à quoi elle tient, à quoi elle sert, ce que tu lui demandes, ce qu’elle peut t’offrir.
– On apprend aux gens à ne pas regarder les autres de travers, à ne pas s’arrêter au look (« l’habit ne fait pas le moine »), à se critiquer avant de critiquer les autres.
– La société moderne est entrée dans l’ère de l’individualisme et de l’égoïsme. Le Pays E prend à contre-pied ces valeurs en incitant chacun à aller vers l’autre (rencontre avec les voisins et les collègues) ou encore en l’invitant à engager la discussion avec les inconnus.
– On développe les parties communes dans les immeubles : lingerie, buanderie, salle de télévision, bibliothèque…)
– Le pays se distingue par sa lutte contre tous les racismes et toutes les ségrégations.
– Chez les « Eux », on voit la vie du bon côté, on insiste plutôt sur l’aspect positif des choses.
Idées avancées par une minorité :
– Le patriotisme est un des fondements de notre société.
– Au pays E les gens doivent être polis, patients, ouverts et aimables… D’accord… mais pas tous et pas trop… Sinon, c’est pas drôle !
– Au pays E, il est interdit de roter.

MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES
Benoît DUSSAIX

Ils sont peu nombreux à s’intéresser aux relations extérieures. Comme si le pays E se suffisait à lui-même. Benoît DUSSAIX, le petit Français de Cluses fait exception à la règle et hérite donc tout naturellement d’un poste habituellement beaucoup plus convoité. On notera que nos deux ministres hommes vivent actuellement dans l’Indiana.

Idées maîtresses des habitants du pays E :

– Notre Eldorado a pour devoir de promouvoir ses valeurs et d’affirmer ses particularités. Notre pays se doit donc d’entretenir les relations avec l’extérieur dans ce sens. Il doit avoir une vraie influence auprès de ses voisins, et ne jamais baisser le pied dans sa lutte pour la tolérance.
Idées avancées par une minorité :
– On doit partir du principe que la dissuasion nucléaire est dangereuse (est-ce que ça marchera indéfiniment ?) et que la non-prolifération a ses limites (qui décide ?). On se doit donc de combattre à travers le monde pour l’interdiction totale de tout armement nucléaire.

MINISTRE DE L’ÉCONOMIE ET DU TRAVAIL
Sonia MULLER & Marion DAUTEL

Elles viennent respectivement des Landes et de Bourgogne et vivent actuellement en Australie. Elles ont toutes les deux une formation scientifique. Cela pourrait les aider à mettre de l’ordre parmi les propositions de leurs compatriotes – mais, de là à faire tourner le pays… il y a un pas ! « Économie », on le sait rime mal avec « Utopie ».

Idées maîtresses des habitants du pays E :

– Si le capitalisme paraît le seul système viable, le pays E introduit une dose de communisme (question égalité) sur la base de plans quinquennaux assez stricts, mais qui doivent être validés au suffrage universel.
– Il faut favoriser les petits boulots. Au pays E, les élèves finissent l’école vers 13 h, ils peuvent donc avoir un job l’après-midi. L’idée est de les initier au travail, de leur assurer un petit revenu et un minimum d’indépendance.
– On paye un peu les élèves, afin de « booster » l’économie.
– Le savoir-faire prend le pas sur les diplômes.
– Le pays se distingue, parce qu’il assure l’égalité entre les hommes et les femmes devant le travail – une égalité de fait, et pas seulement de principe !
– Pour aider les pays en voie de développement, on doit être prêt à s’appauvrir. Sinon on ne règlera jamais le problème Nord-Sud.
Idées avancées par une minorité :
– On bâtit un pays fort, une super puissance – et on fait en sorte qu’elle soit reconnue dans le monde entier.
– Au pays E, la grève est réglementée de façon précise.
– Au pays E, chacun est rémunéré en fonction du travail accompli et de son efficacité (reste, il est vrai à définir la notion d’efficacité).
– On cherche à limiter la consommation. On s’inspire de Balloo, qui dans le livre de la jungle nous apprend qu’« il en faut peu, très peu, pour être heureux », et qu’il faut savoir « se satisfaire du nécessaire. » On règle par là-même la plupart des questions qui touchent à l’écologie.

MINISTRE DE l’ÉCOLOGIE
Louise PONSIN

Il faudra beaucoup d’imagination et de talent à Louise PONSIN pour animer ce ministère. Ses concitoyens sont en effet – et à notre grande surprise – peu prolixes sur le sujet – leur aide sera donc limitée. Mais nous faisons entièrement confiance à notre petite bretonne, une véritable « amoureuse de la nature, qui a su trouver sur sa terre d’accueil (l’Alaska) de quoi satisfaire sa passion des grands espaces, et qui saura y dénicher plein d’idées neuves pour gouverner notre pays imaginaire.

Idées maîtresses des habitants du pays E :

– On voue un culte à la nature. Son respect devient une religion.
– Le tri des déchets est généralisé
– L’eau c’est la vie… Alors on multiplie les fontaines.
– On fleurit le pays E
Idée avancée par une minorité :
– Supprimer définitivement la voiture.

MINISTRE DE LA JUSTICE
Julie MONDOYAN

Elle est de Marseille et habite à Las Vegas ! Peut-on rêver meilleures origines pour prendre en main le délicat dossier de la justice. Les idées des « Eux » sont simples : elles s’inspirent des droits de l’homme. Il reste à Julie à trouver des recettes miracles pour les appliquer.

Idées maîtresses des habitants du pays E :
– La justice sert d’abord à défendre la liberté de tous.
– Pas de peine de mort – elle ne résout rien – elle est purement et simplement inacceptable.
– On crée une justice totalement indépendante.
– Pas de prison sans formation et réinsertion.
– Mêmes droits et mêmes devoirs pour tous, dans les faits et pas seulement sur le papier. Il faut s’attaquer au problème de la justice à deux vitesses (celle des riches et celle des pauvres).
– Une justice d’autant plus rapide que le problème qu’on lui soumet est grave.
Idées avancées par une minorité :
– Ce qui distingue le pays E des autres pays c’est qu’on y légifère peu, mais que les lois y sont appliquées de façon plus stricte.

MINISTRE DE LA SANTÉ
François DINDINNEAU

La population E est très jeune (moyenne d’âge : 16,5 ans). Cela peut expliquer sa tendance à ne pas prendre le problème de la santé très au sérieux. Cette faiblesse profite à François Dindinaud qui récupère le portefeuille sans trop se fouler (il est à l’origine d’une seule proposition !).

Idées maîtresses des habitants du pays E :

– On vend la plupart des médicaments dans les supermarchés, afin que les citoyens gagnent du temps (plus besoin de faire la queue 1/2 heure pour une boîte de Doliprane) et que la nation gagne de l’argent (on réalise de grosses économies).
– On intensifie la lutte contre le sida, mais on ne fait rien contre le rhume. Un pays sans « Atchoum » serait beaucoup moins drôle.
– Au pays E on mange équilibré, on ne grignote pas toute la journée, et on se met ensemble autour de la table. En un mot on fait de vrais repas.
Idées avancées par une minorité :
– Au pays E on mange du peanuts butter.

MINISTRE DE LA COMMUNICATION
Sarah GIRONA

Bretonne de naissance, mais Italienne d’adoption, Sarah aurait pu s’installer à la culture, aux transports ou au temps libre. Son sens de l’innovation et son désir de lutter contre la médiocrité devraient lui servir à la tête de son ministère et profiter à tous les habitants E.

Idées maîtresses des habitants du pays E :

– Dans ce pays, on ne confond pas la distraction et l’abrutissement. Alors on lutte contre tous ces programmes de télé-réalité, les lofts, les îles désertes et tutti quanti.
– J’instaure une loi contre pour éliminer de façon drastique la publicité à la télévision. Je crée une commission pour réfléchir au problème du financement. Je crois vraiment qu’il vaut mieux avoir moins de télé, que toujours plus de télé et toujours plus de pubs.
– Tous les matins, chaque habitant du pays E trouve un journal dans sa boîte à lettres.
Idées avancées par une minorité :
– On supprime les télés et les radios et on lance une grande campagne de lutte contre la sur-information… qui fait vraiment trop de ravages.

MINISTRE DU RYTHME DE VIE ET DES LOISIRS
Marianne HEDRICH

De sa Californie adoptive, elle nous invite à la décontraction et au repos. Marianne pratique la natation, la danse, la guitare… Elle aime le cinéma, les sorties, les rencontres avec les amis… Elle paraissait très bien placée pour tenter de mettre en place le programme détente (quelque peu ambitieux) des habitants de E.

Idées maîtresses des habitants du pays E :

 Il faut lutter contre le stress. C’est l’objectif prioritaire. Dans la mesure où on ne peut pas supprimer le temps, on tente de l’alléger : on incite les gens à prendre un café, à se retrouver, à discuter de tout, et même parfois de rien.
– L’emploi du temps des élèves se doit d’être plus léger que celui des adultes. C’est tout de même un minimum. Avec le ministre de l’éducation, on propose de libérer les après-midi pour les réserver à d’autres activités : loisirs, sports, musique, théâtre, travail associatif, jobs.
– La fête est un des fondements de la vie sociale au pays E, on s’efforce d’en organiser beaucoup et souvent.
– On crée un lieu de bonheur, un lieu où l’on entre pour discuter, boire un café, se confier, évoquer ses problèmes, partager ses expériences, combler sa solitude, éviter la routine, se divertir, monter un projet et le concrétiser.

MINISTRE DE L’INTERIEUR
Prescillia SOLOT

Elle est la femme forte de l’état. Mais dans la mesure où les habitants de E ne semblent pas obsédés par les problèmes de maintien de l’ordre et de sécurité, son programme reste relativement léger.  

Idées maîtresses des habitants du pays E :

– L’idée majeure est d’éviter les extrêmes. Pas de répression sauvage et intensive, pas trop de laxisme non plus.
– On limite l’usage des caméras de surveillance.
– La détention d’armes à feu est strictement interdite.
– La police, notamment de proximité, est plus présente. Pas au sens où il y en a plus mais au sens où elle est plus proche des gens.
– On se bat pour des toilettes publiques propres et entretenues.
– On sanctionne ceux qui laissent leur chien crotter sur le trottoir
Idées avancées par une minorité :
– Au pays E, quand on n’a pas l’âge requis pour fumer, on ne fume pas.

MINISTRE DE LA SOLIDARITÉ
Cécilia MÉREA

« Un pour tous , tous pour un ». Puisque telle est sa devise, le ministère de la solidarité lui revient de facto. Que ce soit en matière de handicap, d’aides et de soutien, Cécilia fait feu de tout bois. Bonne nouvelle : avec elle, le pays E ne laisse personne en chemin.

Idées maîtresses des habitants du pays E :

– On aménage tous les espaces publics pour les handicapés : ascenseurs, ouverture des portes, abaissement des trottoirs, rampes d’accès, accessibilité des lieux publics (notamment W.C) et privés…. Les personnes handicapées trouvent leur place à l’école, dans la rue, dans tous les lieux publics ; on ne les cache pas !
– La langue des signes devient une langue vivante à part entière. On peut l’apprendre à l’école, au même titre que l’espagnol ou le japonais. D’une façon générale, on se doit d’éviter de mettre les minorités dans des boîtes ou dans des bulles.
– Il s’agit d’assurer le développement du réseau associatif (ONG, etc.) afin de venir en aide aux démunis et à tous ceux qui ne vivent pas dans notre royaume d’Utopie.
– Le fait de rendre un service est enseigné et valorisé.
– On prend le problème des sans-abris à bras le corps.
– On crée un service « Aide et soutien » avec un numéro d’urgence… comme à PIE.

SIMPLE CITOYENNE
Violaine BENIFLA

Dans ce pays, je me contente du poste de simple citoyen. Je veux profiter de tous les bonheurs de ce monde extraordinaire, et vivre avec les personnes qui me tiennent le plus à cœur, avec ceux que j’aime, ma famille et mes amis.

Article paru dans le journal Trois-Quatorze n°38