Voilà, c’est le jour du départ. Les « Au revoir », le stage, trois jours sans dormir parce que nous sommes partagés entre l’angoisse et le bonheur. Nous quittons l’équipe avec un pincement au coeur, elle est notre dernier lien avec la France. Nous nous envolons pour la terre promise. En sortant de l’avion, je suis assaillie de doutes : « Quelle idée j’ai eue ? Partir seule, dans un pays inconnu ! » Mais ils sont là et ils m’attendent les bras ouverts. Ils, ce sont les 6 membres de ma famille américaine. C’est parti pour un an d’études, de fêtes, de découvertes, de chamailleries et de complicité, de joies et de tristesse : un an de vie quotidienne. En une année, je suis devenue leur soeur, leur fille. Le plus jeune de la famille a même dit aux voisins que j’avais été adoptée – quand mes parents français ont appris cela, ils ont été choqués.
C’était en août 85. Vingt ans après, je fais toujours partie de la famille. Quand les parents ont divorcé, en 95, j’étais même un enjeu. Aujourd’hui, j’ai une belle-mère, un demifrère, des beaux-frères et des belles-soeurs…, je suis plus que jamais une « Butcher ». Au fil des ans, de près et de loin, j’ai continué à grandir avec eux : je retourne régulièrement voir tout ce monde, éparpillé un peu partout sur la Côte Ouest. On se retrouve pour les anniversaires, les Noëls, etc. Là, c’est moi qui ai provoqué ce rassemblement : ils vont tous me retrouver près de San Diego.
Je suis partie pour découvrir un autre pays, une autre langue, une autre culture, en un mot pour découvrir des gens qui me paraissaient très différents de moi. Aujourd’hui, avec ces gens, j’ai tout en commun. J’ai appris durant ce séjour à accepter les choses telles qu’elles sont, à vivre chaque instant pleinement, à chercher le positif dans tout et partout. L’expérience commence à la lecture de Trois Quatorze, et, à l’image de ce chiffre, elle ne se termine jamais.
Myriam