À tout sauf à tout ça

Johanna, Stillwater, Oklahoma
Un An aux USA
Deux jours de stage, de passion, d’excitation; 15 heures d’avion, d’attente, de stress. Et puis, tout d’un coup, tout qui diffère. Ou plutôt non, excusez-moi tous les regards se tournent vers moi: c’est moi qui suis différente. Tous se préoccupent de savoir si je vais bien, on me questionne, les profs me disent qu’ils sont fiers de m’avoir comme élève. C’est super. Mais je sais que ça ne durera pas toute l’année, alors, à mon tour, je me préoccupe des autres. 
Dans mon lycée il y a plein de cow-boys; en cours d’anglais on prend des «breakfeast», et c’est la prof qui fait cuire le bacon; dans un autre cours on écoute de la musique classique en fond sonore; et dans un autre on ingurgite des boissons. Je participe à une classe de «Film and Litterature», où jusqu’à présent on analyse la Révolution française! En cours de «Newspapers», avec l’aide de ma prof et des autres élèves, j’ai pondu un article, et il est passé dans le journal local!
Je m’attendais vraiment à tout. À tout, sauf à tout ça.
Quand j’entends la sonnerie du téléphone je me surprends à hurler «Phone!». Quand mes parents m’appellent, je leur dis: «What?». C’est funny. 
Je fais du sport. C’est important pour les copains et pour garder la ligne.
Tout n’est pas non plus toujours facile. Je sais qu’il y a des habitudes auxquelles je ne m’habituerai jamais: les gens rotent sans arrêt. Comme je suis dans un État plutôt religieux, je parais ridicule quand je dis que je ne vais à l’église qu’une fois par an. Quant à ma famille d’accueil, elle a quelques petits défauts; mais ma famille de France en avait aussi. Personne n’est parfait.
L’un dans l’autre, je suis fière d’être ici. Quatre-vingts pourcent des personnes à qui j’ai parlé de mon expérience ont essayé de me dissuader. Et moi, aujourd’hui, je mesure le chemin parcouru. Pas de cafard; je vais de l’avant; j’ai appris à être patiente, ouverte, friendly, et à garder le sourire.