Après plus de trois mois, j’essaie de faire un premier bilan et je m’aperçois que cette histoire est quand même très différente de ce que j’imaginais. Ce n’est pas parce qu’on part loin qu’on laisse au loin ses problèmes.
Aujourd’hui, je vis à la campagne. La première grande ville est à 40 kilomètres de chez moi. Ce n’est pas évident pour se déplacer. Mais d’un autre côté j’ai un bois avec un lac dedans, et ça, ce n’est pas donné à tout le monde.
Je sais que l’école française a beaucoup de défauts, mais le fait de passer beaucoup de temps avec les mêmes personnes dans chaque classe aide à créer des liens. Ici, avec seulement 30 minutes pour le lunch, c’est assez dur. Mais je m’accroche. En trois mois, j’ai appris à être plus tolérante envers les autres, plus « open-minded », plus sûre de moi.
Côté moral, je dirais que j’ai vécu des gros moments de blues. J’ai connu l’envie de sauter dans l’avion direction la France, mais j’ai aussi traversé ces moments d’euphorie qui vous donnent envie de rester pour toujours. Après les attaques du 11 septembre, j’ai eu peur de devoir rentrer. Que l’on soit Américain ou non, ça a été un moment difficile. Mais, il y a une force ici qui vous pousse et qui vous tient, une unité incroyable. Je me sens fière d’être américaine.
Au-delà, je me sens grandie, différente. Le temps travaille pour moi.
Fabienne, Rhodes, Michigan / Une année scolaire aux USA