J’ai lu avec plaisir et attendrissement le dernier numéro de Trois Quatorze. J’ai pensé : « Maintenant vraiment, je suis passée de l’autre côté de la frontière. » Les courriers émerveillés des participants actuels m’ont touchée et m’ont fait sourire. En lisant untel, je me suis dis que j’aurais pu écrire les mêmes lignes, en lisant tel autre, j’ai vraiment ressenti ce qu’il nous racontait. C’est le retour qui donne toute sa dimension aux souvenirs. Le retour vous absorbe. C’est comme si vous n’étiez jamais parti. Moi, j’ai repris les cours au lycée et ça n’a pas été aussi fluide que je l’imaginais. Il m’a fallu aller chercher au fond de moi la motivation pour m’intégrer à nouveau, il m’a fallu travailler encore plus. Car la vie va – toujours aussi exigeante – et, croyez-moi, quand on a tout donné dans une expérience aussi riche qu’une année à l’étranger, il est nécessaire, si l’on veut rebondir, de recharger les batteries et de repartir de plus belle. Ce bonheur vécu au quotidien – que je ressens tout à fait en lisant les témoignages de la promo actuelle – ce bonheur-là, au retour, il se colore immanquablement de nostalgie. Mais il faut vivre tout ça sans penser au retour, sans penser à la peine du départ, sans penser que, bientôt, ce sont vos parents américains (et non plus vos parents français) qui vous enverront des colis pleins des couleurs et des souvenirs du pays lointain. Sans tomber dans le pathos, je dois reconnaître que quand je suis un peu triste, ce sont toutes ces impressions et tous ces souvenirs qui me tombent sur la tête. Mais ce vague à l’âme, il serait bien pire si, il y a deux ans, je n’avais pas pris la décision de partir. Oui, je suis fière et comblée d’avoir renvoyé ma feuille d’inscription à PIE et d’avoir entrepris ce que j’ai entrepris… et je suis heureuse pour vous qui vivez tout cela à présent. Ayez confiance en vous et vivez le moment présent… Plus tard vous pleurerez et vous sourirez en lisant Trois Quatorze.
Erica, une année aux USA en 2003