Ici, rien n’est mesquin. Les Américains avec qui je vis partagent tout. Maison, voitures et temps. Ils n’hésitent jamais à rendre un service. Je crois qu’ils ont conscience de représenter une force par leur nombre. Ils ont confiance en eux. Leur sentiment communautaire très développé les pousse à être solidaires, aimables, tolérants. Les gens sont habillés de façon très hétéroclite. Et pour cause, ils viennent d’horizons très différents : Amérique du Sud, Asie, Afrique. Leurs vêtements ne font que refléter ces diversités ethniques. Les Américains ne se moquent jamais les uns des autres. Ils ont un grand sens du respect de l’autre. Ils sont tolérants. Quand on vient d’un lycée français, où tout le monde est français, blanc et où la moindre diversité est source de conflit, on a l’impression de respirer de l’air pur. Mon lycée encourage vivement la créativité et l’initiative. Les élèves sont très épanouis car ils ont le feu vert pour s’investir pleinement dans des matières qui leur conviennent (théatre, écologie, musique, bénévolat).
Quand ils présentent des exposés devant la classe, ils sont incroyablement détendus. Ni tremblement, ni rougeur : aucun symptome de stress. Les élèves
sont eux-mêmes. Ils sont détendus car ils savent que personne ne se moquera d’eux. Le résultat est souvent réussi. C’est de toute façon très agréable d’écouter un élève qui n’a pas la mine de quelqu’un qui monte sur l’échafaud ! Il faut dire aussi que l’on n’est pas oppressé par des règles qu’ils faut absolument respecter. On prend plus d’initiative, on se sent plus libre et on prend plus de plaisir. L’ouverture d’esprit est incontestable. Quelqu’un m’a dit : « Je pense pouvoir vous apprendre quelque chose cette année mais j’espère aussi que vous aurez beaucoup à m’apprendre ». Les professeurs vous encouragent. Ils préfèrent toujours insister sur le positif. C’est plus stimulant pour eux que de se morfondre sur ce qui est raté. En France, j’ai trop entendu les profs nous répéter à longueur de journée que nous ne participions pas assez, que nous ne travaillions pas assez, que nous ne décrocherions jamais le bac, que nos résultats étaient pitoyables. Ici, ils n’attendent qu’une chose de nous : « Do your best ». Ce qui se passe en sport est significatif ; histoire de planter le décor, notre coach de tennis nous a dit, en paraphrasant Kennedy : « Ne vous demandez pas ce que votre équipe peut faire pour vous, mais ce que vous pouvez faire pour votre équipe ». C’est très équilibrant de pratiquer une activité intellectuelle et une activité sportive le même jour. Moi, je fais du football deux fois par semaine. J’y apprends que c’est impossible de marquer un but tout seul. Coopérer : c’est le « mot-clé » en Amérique. La division du travail est très au point. Les qualités de chacun sont exploitées à fond. J’apprécie de ne pas vivre dans un univers hostile ou borné. Pour moi la statue de la liberté reste un symbole. Ma famille est attentionnée, chaleureuse. Mes profs sont compréhensifs, mes amis tolérants. Que demander de plus ?
Je voulais vous remercier pour le stage de départ. Il y avait beaucoup de pression et vous avez réussi à la dissiper en finesse. En relisant ma lettre je me sens contrainte, par souci d’objectivité, de rajouter quelques points négatifs. Je pense à cette tendance qu’ont les Américains à jeter la nourrriture et à cet attrait qu’ils ont pour l’horrible. Ils aiment les choses et les combats sanguinolents, ils adorent « tirailler » les gens qui ont eu des drames dans leur vie (genre viol, accident, désastre…) et ils semblent avoir atteint leur but quand la personne éclate en sanglots.
CHRISTINE. HUNTINGTON VALLEY
PENNSYLVANIE