J’ai changé de famille. Le conflit avec ma mère a dégénéré. Mes parents et ma déléguée en France ont été d’une grande aide, mais ce dont je suis le plus fière, c’est de ma décision. Pour une fois, je n’ai pas trop pensé aux autres, mais d’abord à mon bien-être. Ça pourrait paraître égoïste, mais ça ne l’est pas. J’étais quelqu’un de trop gentil : toujours prête à aider les autres, à tout faire à la maison’ !
Au début je ne voulais pas changer. Je m’étais attachée à ma ville, à mon lycée, à tout ! Mais un beau jour, ma mère d’accueil a explosé. Elle voulait se débarrasser de moi. Elle m’a déposée devant la maison de ma déléguée, avec mes valises, et basta (je ne pouvais pas imaginer qu’on puisse être si méchant et si mesquin). Elle voulait me planter là ! Je me suis dépêchée d’aller sonner avant qu’elle s’en aille et me laisse en plan. Quand ma déléguée, qui n’était au courant de rien, m’a ouvert, je n’ai pas pu dire un mot. Elle était en pleine réunion de famille. Mais, sans même réfléchir, elle m’a accueillie. J’ai dormi là. Le lendemain, je suis restée, et puis elle a décidé de me garder. On peut dire que j’ai eu beaucoup de chance, car elle accueillait déjà une Québécoise qui, elle, était sur le départ : c’était le parfait « timing ».
Quand je relis tout ça, j’ai l’impression d’avoir vécu un conte. J’étais Cendrillon avec sa marâtre, et j’ai trouvé un « prince » charmant, en l’occurrence une charmante famille. Mes nouveaux « host parents » sont tous les deux divorcés, chacun a ses enfants (deux pour ma mère, trois pour mon père) et, à eux deux, ils ont 11 petits-enfants. J’ai donc hérité d’une charmante et immense famille !
En changeant de lycée, de ville, d’amis, j’ai fait un énorme sacrifice, mais ma nouvelle vie, mes nouveaux amis, ma nouvelle école m’ont accueillie à bras ouverts. Je viens de passer le plus beau des Noëls. Chaque jour est un enchantement. Tout est merveilleux.
Anne-Sophie, Spokane, Washington / Une année scolaire aux USA