DU CLICHÉ À LA RÉALITÉ
Marion — Anchorage, Alaska, une année aux USA en 2011
Un reportage de Pauline Arnould
En image — Marion en Alaska
Marion a vécu un an en Alaska, en 2011. Les clichés sur cet état relativement méconnu, elle y a eu droit : vivre dans un igloo avec les Inuits, aller à l’école en chien de traîneau…
Les expériences de son frère et d’une amie, respectivement au Québec et en Alaska, ont convaincu Marion de tenter l’aventure. Le rêve devient réalité lorsque, au retour de son premier séjour en Amérique du Nord, dans le cadre de vacances, elle trouve sa lettre d’acceptation au programme «Découverte USA». L’attente du placement a alors commencé. C’est au dernier moment, fin août, que Marion a su qu’elle partirait pour Anchorage, Alaska. L’inquiétude de cette longue attente est vite effacée par l’excitation du départ : en septembre Marion s’envole pour son pays d’accueil, et fait une escale de quelques jours sur la côte est des États-Unis avec les autres participants au programme.
Elle se souvient de son arrivée à Anchorage: «Je me suis dit : “Mais c’est pas les États-Unis!”»
Cette ville de plus de trois cent mille habitants ressemble, d’après elle, plus à une ville canadienne, avec des espaces verts, la mer d’un côté et la montagne de l’autre, qu’aux grandes métropoles des États-Unis avec leurs immenses buildings. La plupart des habitants pêchent leur propre poisson dans les rivières au printemps et en été, et profitent de la saison ensoleillée pour faire de la randonnée. La station de ski située à une heure de route de la ville leur permet de pratiquer également les sports d’hiver. C’est dans ce cadre naturel que Marion, bien souvent, occupait ses après-midi et ses week-ends, entre promenades, photographie et visites avec sa famille.
La situation géographique de cet état le soumet à des différences d’ensoleillement extrêmes selon la saison. En hiver, il fait nuit très tôt. Marion se souvient s’être retrouvée prête à aller se coucher avant de réaliser qu’il était… 16 heures 30! En revanche, durant l’été, il ne fait jamais vraiment nuit, ce qui favorise les activités extérieures. L’hiver, au contraire, permet aux habitants de cette région de se concentrer sur des activités d’intérieur telles que le théâtre, le cinéma ou tout simplement une soirée en famille à la maison.
Le lycée était là pour rappeler à Marion qu’elle se trouvait bien aux États-Unis: les casiers, les élèves qui s’habillent aux couleurs du lycée, les grands matchs, les bals… Toutes ces choses qui, finalement, n’existent pas qu’à la télé! Elle a tout de suite été intégrée. Arrivée lors de la «Semaine de découvertes d’autres cultures», elle a immédiatement été identifiée en tant que «La Française». Elle a pu choisir des cours aussi variés qu’intéressants : photographie, sciences criminelles, percussions… Elle a même été «Assistante de français»! Le soutien des professeurs, l’ambiance générale, ou encore la possibilité de choisir des cours en fonction de ses intérêts rendent le lycée là-bas plus attractif : «Je m’amusais, j’avais vraiment envie d’aller à l’école.»
Son intégration au sein de sa famille d’accueil s’est très bien déroulée. Dès le lendemain de son arrivée, Marion a été présentée à tous les amis de la famille. Que de noms à retenir! Mais ce qui lui a fait le plus plaisir, c’est qu’«ils ne [la] présentaient pas comme Marion, l’étudiante d’échange, mais comme Marion, leur troisième fille.»
Si la langue a pu poser quelques petits problèmes de compréhension dans les débuts, après quelques mois, Marion pouvait comprendre parfaitement les gens, ou regarder des films sans les sous-titres. Elle se souvient du moment où elle en a pris conscience: «Dans mon cours d’histoire des Etats-Unis, j’étais en train de parler avec quelqu’un, et je me suis rendue compte que je comprenais ce que la prof disait alors que je ne l’écoutais pas spécialement.» Quel bonheur!
Le «Homesick», Marion ne l’a pas vraiment connu. L’excitation de cette nouvelle aventure et son intégration immédiate au sein de la famille et du lycée y ont beaucoup contribué. Elle se rappelle cependant avoir fêté ses 18 ans, au moment de Noël, au Texas, dans une famille de quarante personnes dont elle ne connaissait vraiment que quatre membres… «C’était un peu le coup dur, mais après que je sois remontée en Alaska au mois de janvier, c’était reparti.»
Au fil de l’année, les amitiés tissées se sont renforcées. Le petit groupe d’étudiants d’échange qui s’était constitué en début d’année s’est vite agrandi, avec les amis américains que chacun apportait.
Mais lorsque l’été arrive, synonyme de fin des cours, les au revoir mettent les nerfs de chacun à rude épreuve. L’envie de rentrer en France, de revoir sa famille et ses amis, se mêle à celle de rester, de ne pas voir partir ses amis pour les quatre coins du monde et de ne pas quitter sa famille d’accueil et tous les gens rencontrés durant cette année. Marion a organisé son départ de manière à ne pas être la dernière, pour ne pas voir partir ses amis les uns après les autres et pour ne pas rester seule. «Je suis partie dans les premiers, et maintenant je le regrette un peu parce que j’aurais pu rester un mois supplémentaire.»
Marion a gardé d’excellents contacts avec sa famille d’accueil. Et pour cause: après y être retournée en vacances, ses parents y sont allés, et sa famille d’accueil est venue lui rendre visite en France. Elle est également régulièrement en contact avec des étudiants qu’elle a connus au lycée, essentiellement ceux qui s’intéressaient à la culture et à la langue françaises. Elle attend avec impatience une amie ukrainienne cet été, ainsi qu’un ami américain qui va venir suivre un semestre aux Pays-Bas et qui rêve de visiter la France.
Après son retour, Marion a commencé un BTS tourisme. C’est dans ce cadre qu’elle a effectué un stage dans les bureaux de PIE. Organisation des séjours d’accueil pour les étudiants étrangers, suivi des participants… Que de choses à faire! «On ne se rend pas compte de tout ce qu’il y a à gérer pour une seule personne, » nous confie t-elle.
Dans les prochains mois, Marion va expérimenter un autre aspect des séjours d’échange : l’accueil. Elle a réussi à convaincre sa famille d’accueillir une étudiante pour quelques mois. Et pourquoi pas un jour, l’envisager pour dix mois!
Son avenir, Marion l’imagine de l’autre côté de l’Atlantique. Elle espère pouvoir y faire son Master dans quelques années, et pourquoi pas y rester pour travailler. Quoi qu’il en soit, elle sait déjà qu’elle ne vivra pas en France. De nouvelles aventures en perspective!