La veille du départ, ça vous prend d’un seul coup : la peur de tout quitter, de tout perdre. Mais on ne peut pas revenir en arrière et, finalement, on n’en n’a pas envie. Ce n’est pas de l’incertitude, mais plutôt de la confusion. Rien n’est bien clair. La veille, on voit ses amis : on profite, on discute, on rigole. On a le sentiment qu’on les voit pour la dernière fois, et, en même
temps, qu’on les reverra demain. On se pose tellement de questions. On hésite. Mais pourquoi hésiter puisqu’on sait pertinemment qu’on partira, quoiqu’il advienne. Alors on pianote sur l’ordinateur, on finit ses bagages, on mange, on écoute de la musique. Et puis finalement, la fatigue l’emporte, on dort. On se réveille. Plus rien n’est pareil, tout s’enchaîne. On envoie les derniers messages, on appelle une dernière fois, on vérifie que l’on n’a rien oublié. On sait qu’on laisse plein de choses. On part, on flippe d’arriver en retard. Mais, pour l’instant, tout va bien. Tous ces gens sur le départ, c’est énorme. Il est temps de se déconnecter. On abrège les « au revoir ». En sortant son passeport et sa carte d’embarquement, on a peur à nouveau. De quoi ? On ne sait pas bien. Dernière ligne droite. C’est parti pour neuf heures. 16 h 42 à Paris, 9 h 42 à Minneapolis et nous on plane au-dessus du Groënland. Ça devient long, mais la journée ne fait que recommencer. C’est juste que le moral est en mode yoyo. Une chanson, une photo vous ramènent en arrière. On est à 5000 kilomètres de chez soi. On ne reviendra que l’année prochaine. Mais le pire dans tout ça, c’est qu’on va bien. Je m’y perds. Et pourtant, il n’y a rien à comprendre.
Megan, Winsted, Minnesota, Un an aux USA