Pour moi tout va bien. Je devrais plutôt dire, tout va mieux.
Quand j’ai débarqué, après 24 heures d’avion ‘ et d’attente ‘ dans les aéroports, je n’étais pas fière. Il a fallu encore aligner 200 kms en voiture, en pleine nuit, sans traverser une seule ville pour finalement se retrouver dans un petit coin paumé. Je savais que j’allais vivre une année à la campagne ‘ je m’y étais préparée, mais quand, à mon réveil, je n’ai vu que des prés, que des arbres et que des animaux, je me suis vraiment demandé où j’avais atterri.
Le lendemain, à l’école, j’ai eu un choc. J’étais loin d’être là où j’avais imaginé tomber. Personne ne se souvenait avoir accepté ma candidature, et personne ne semblait m’attendre, mais tout le monde était sympa ; et tous étaient tout fous autour de moi.
J’ai lentement pris mes marques. Les heures, les jours et les semaines se sont doucement enchaînés. J’ai doucement construit mon petit univers, et maintenant, je commence à apprécier les prés, les arbres et les animaux. Je sais que je vis au milieu de nulle part, mais je trouve ça charmant. Quand je déjeune, je vois des cerfs qui traversent le jardin et des chevaux qui espèrent quelque chose à manger.
Moi qui m’attendais à vivre au pays des bûcherons, des chemises à carreaux et du sirop d’érable, je me suis retrouvée en plein pays cow-boy et en plein rodéo. Quand je fais du cheval, je suis habillée en vraie cow-boy. Je suis sensationnelle. Et je vous assure qu’à la fin de la journée, j’ai sacrément mal aux pieds.
Un professeur m’a demandé récemment si j’étais nostalgique de la France. J’ai répondu qu’à part le fromage, rien ne me manquait vraimenttrop.
Je ne regrette rien de ce que je vis. Je ne regrette ni la neige, ni la température (couramment sous les -20°C), ni les matchs de hockey, ni les rodéos, ni ma famille d’accueil ‘ qui embellit chaque jour mon séjour ‘, et aujourd’hui je sais que j’aime, par-dessus tout, mes prés, mes arbres et mes animaux.
Mathilde, Lacombe, Alberta / Un an au Canada