Il y a très exactement un an, Romain revenait en France, après 10 mois passés dans le Michigan, à Traverse City, USA (voir l’article paru dans le le n° 43 de Trois-Quatorze). Ce n’est que progressivement, au cours de l’année qui vient de s’écouler, que nous nous sommes rendus compte combien cette expérience l’avait marqué. La lettre de présentation qu’il a jointe à son dossier d’inscription en « classe prépa » et qu’il m’a autorisée à diffuser ici est significative des transformations qui se sont opérées en lui et qu’il est le mieux à même d’exprimer.
Madame, Monsieur,
Je suis heureux de pouvoir présenter ma candidature dans votre école et que vous preniez la peine de lire ma lettre. Celle-ci n’est en effet pas un élément habituel des dossiers d’inscription en classes préparatoires, mais il me semblait important de l’y joindre, à cause de mon dossier un peu particulier. En effet, vous aurez probablement remarqué qu’entre mon année de première et celle de terminale, j’ai arrêté un an le lycée pour aller aux Etats-Unis ce qui est, je pense, peu courant. De plus, mon année de première est loin d’avoir été extraordinaire, tandis que mon année de terminale est plutôt assez réussie. En réalité, en première, je ne savais pas vraiment où j’allais, ni même où j’avais envie d’aller. Il faut admettre que je ne travaillais absolument pas à cette époque, et que je profitais souvent des cours pour finir mes nuits. Quant à la raison de ma réussite en terminale, je pense qu’elle est avant tout due à une prise de conscience de ma part. Avant de décider de partir aux Etats-Unis, je pensais qu’il y avait des personnes qui pouvaient aller loin et d’autres qui ne le pouvaient pas. Le monde était pour moi divisé en ces deux catégories et le futur de chacun était donc décidé à la naissance. J’étais, bien sûr, persuadé de faire partie de la première catégorie, même si j’étais loin d’être excellent à l’école, et j’en restais convaincu malgré mes résultats moyens en première puis au bac de français. C’est aux Etats-Unis, sur un terrain de rugby, que je me suis rendu compte de la bêtise de ces idées. Là-bas en effet le travail était valorisé, et pas seulement pour les sports. Je compris que c’était en s’entraînant, en travaillant, que les résultats venaient. Et ce que j’avais compris pour le rugby, je le mis en application dès ma rentrée en France, et je me mis à travailler pour essayer tout simplement de réussir au mieux mon année. De plus, les cours ont commencé à m’intéresser de plus en plus ; les matières n’avaient évidemment pas changé, mais mon état d’esprit si. Mon année aux USA m’a permis de m’ouvrir l’esprit et de découvrir de nombreuses choses dont je n’avais jamais entendu parler. C’est d’ailleurs grâce à elle que j’ai envie d’al-ler en prépa aujourd’hui, alors que cette voie ne me semblait même pas envisageable en première. Cette expérience m’a permis de comprendre comment réussir, ou du moins comment s’en donner les moyens, et à ce titre, elle a sans doute été l’une des expériences les plus importantes que j’ai vécue. On dit que les voyages forment la jeunesse, c’est faux, ils la laissent s’épanouir […].
Mère de Romain, Un an aux USA en 2005-2006