Jean a participé aux deux programmes académiques proposés par PIE (High School d’un côté et Campus de l’autre). 3.14 l’a naturellement contacté pour lui demander d’établir une comparaison entre ces deux programmes et ces deux “formations”, d’en lister à grands traits les avantages et les inconvénients, histoire de bénéficier de son expérience pour aider ceux qui ont bientôt 18 ans et qui hésitent entre les deux options, à se déterminer.
Une année scolaire en 2018 (PIE High School) — Spokane, Washington, USA
Quatre années universitaires de 2020 à 2024 (PIE/GO Campus) — Grand Rapids, Michigan, USA
JEAN — Je vous propose donc de me suivre dans un voyage dans le temps, de 2018, date de mon séjour en “High School”, à 2024, date de la fin de mes études de second cycle.
2018 | LA HIGH SCHOOL
J’avais décidé de partir pour une année d’échange dans un lycée américain avec PIE. Après un premier vol en compagnie d’autres participants et un court séjour à New-York, j’ai pris l’avion, seul, pour la première fois de ma vie, en direction de Spokane, dans l’État de Washington. C’était pour moi le début d’une aventure qui allait changer ma vie.
À chaque fois que je parle de cette année passée en immersion complète, j’ai du mal à croire que je l’ai vraiment vécue. Comme si je n’avais jamais foulé les forêts de pins géants du Pacific Northwest que dans mes rêves. Maintenant que je parle anglais mieux que je ne parle français, il m’est presque impossible de me remémorer la galère absolue dans laquelle je me suis retrouvé les premières semaines, de ces moments passés à gesticuler et à bégayer en essayant de me faire comprendre par des gens qui ne parlaient pas un mot de ma langue.
Avant de partir, je pensais que je parlais bien anglais, mais j’ai vite compris qu’il allait falloir tout réapprendre, pour utiliser la langue dans son contexte, tout naturellement, sans réfléchir à chaque mot qui sortait de ma bouche. J’avais passé un accord avec Marine, une Belge (seule autre francophone du lycée) : nous ne parlerions pas le français durant cette année mais seulement l’anglais (même quand nous nous retrouvions tous les deux), même s’il allait falloir être patient.
Avantages du programme HIGH SCHOOL
- L’anglais, l’anglais et toujours l’anglais : vous le parlerez aussi bien que le français quand vous rentrerez.
- C’est l’expérience d’une vie, elle ouvre tous les champs du possible : vous n’imaginez pas ce que ce voyage d’un an procure, comme toutes les choses que vous pourrez découvrir en tant de temps. Une école et des cours à l’américaine, une ambiance digne d’un sitcom avec popcorn, matchs de baseball… on a l’impression de rêver, le tout sans grande pression.
- C’est une ouverture sur le monde, ou forme des amitiés qui ne faneront jamais. Je suis toujours en contact avec certains camarades de classe de l’époque. Le pays d’accueil devient votre seconde famille.
- On apprend à vivre seul, à voyager seul, à agir seul, et on se sent libre comme l’air. La famille d’accueil est bien sûr avec nous, mais on bénéficie quand même d’un degré d’autonomie propice au gain de maturité.
Inconvénients du programme HIGH SCHOOL
- Le coût de l’année représente quand même une somme conséquente. Mais ça vaut le coup, il faut le voir comme un investissement financier.
- Parfois, c’est dur d’être seul, sans sa famille et ses amis de France. Quand il y a des galères, même si les organismes sur place sont là pour nous, c’est à nous de prendre nos décisions.
- C’est dur aussi pour les parents, qui voient leur enfant partir seul pendant un an. Mais j’ai envie de leur dire : ne vous inquiétez pas, il ou elle va bien se porter.
- La fatigue ; l’année est intense, l’apprentissage de la langue, indispensable et urgent (car il faut comprendre et se faire comprendre) prend beaucoup d’énergie. Il faut s’y préparer… mais en même temps, les Américains sont patients et amicaux.
- Le retour à la vie « normale », au bout de l’année (avec la terminale à effectuer au lycée français) a été, pour moi, très difficile,
Si c’était à refaire, je ne changerais rien. L’apprentissage de l’autonomie, la maturité, la pratique de la langue, la découverte d’une culture très différente de la mienne, sont autant de choses qui ont fait de mon année aux USA la meilleure de ma vie jusque-là. Je suis musicien. J’ai découvert le jazz avec l’orchestre du lycée. je me suis retrouvé en smoking, sur une scène, avec ma guitare, c’était la première fois que je jouais devant de telles audiences. Nous sommes allés à Los Angeles pour jouer dans une université : un périple. J’ai ce souvenir mémorable de la tête de l’hôtesse à l’aéroport, lorsqu’elle a vu la quantité d’instruments à charger dans l’avion. Je n’oublierai jamais ces voyages, ces paysages désertiques qui défilaient pendant des heures, ces moments passés dans le bus, à lire et relire les partitions posées sur mes genoux. Je n’oublierai pas le “Marching Band”, les soirées à jouer de la pop américaine à la trompette, dans un lieu bondé, à encourager les équipes de football américain, de basket ou de volleyball de ma “High School”. Ce sont autant de souvenirs qui me suivront toute ma vie.
2020-2024 | L’UNIVERSITÉ
En 2020, dans le chaos du Covid, j’ai obtenu mon bac. Parcoursup n’a pas marché comme je le voulais — comme c’est le cas pour beaucoup de Français— alors j’ai discuté avec mes parents. Ils ont été d’accord pour que j’essaie de faire mes études aux États-Unis. J’ai eu de la chance, parce qu’ils étaient prêts à réinvestir une somme d’argent conséquente pour mon futur. Alors on a rappelé PIE, candidaté… et dans la liste que l’on m’a proposée, j’ai choisi Aquinas College, dans le Michigan, en me disant que si ça ne marchait pas, je pourrais n’y faire qu’un an et candidater à nouveau en France.
Quatre ans plus tard, en mai 2024, je marchais sur la scène du complexe sportif devant mes parents, mes amis, leurs amis et leurs parents avec un diplôme américain en poche et trois distinctions académiques. J’ai pu faire de la recherche dans le cadre des cours que j’ai pris, obtenant un “Bachelor” in “Business Administration” avec deux autres majors en études internationales et en allemand.
Avantages du programme universitaire
- L’anglais, encore l’anglais. À la fin de vos études, vous parlez et écrivez mieux l’anglais que le français… même si vous n’avez jamais fait une année dans un pays anglophone auparavant… même si vous démarrez vos études post bac avec un petit niveau terminale.
- L’ambiance, la communauté et la cohésion sur le campus sont formidables. Tout le monde se connaît, il y a peu d’élèves dans chaque cours
- La qualité de l’enseignement est excellente, les profs sont disponibles ; ils vous donneront leur numéro personnel, et si vous avez des questions en rapport avec le cours vous pourrez les contacter. Entretenir des relations privilégiées comme celles-ci donne envie de travailler et d’avoir de bonnes notes. Les amitiés que vous allez forger vous accompagneront le reste de votre vie. Les gens dont je suis le plus proche aujourd’hui, je les ai rencontrés durant mes études aux USA.
- La reconnaissance. Vous êtes reconnu pour votre travail académique, pour votre parcours. Au sein même de l’université, vous pourrez gagner des prix, des bourses ou des distinctions. Cela procure une certaine satisfaction. C’est exactement comme l’attitude des profs : cette reconnaissance est un véritable encouragement pour l’élève. Sur le campus, vous êtes respecté, car les gens savent qu’être étudiant d’échange n’est pas anodin.
- Sur place, vous avez le droit de faire un stage et même de travailler au sein de votre université (à temps partiel et en respectant les règles de votre visa). Cela permet d’arrondir les fins de mois.
- Si vous voulez poursuivre vos études en France ou ailleurs, le fait d’être allé étudier aux États-Unis vous distingue vraiment des autres candidats.
Inconvénients du programme universitaire
- Étudier aux USA reste cher : globalement plus cher quand même que d’étudier en France, et bien plus cher que de faire une année dans un lycée américain. Les frais de scolarité et le coût de la vie rendent l’expérience onéreuse… ajoutez à cela les billets d’avion. Le fait d’être soumis aux fluctuations de l’euro ou du dollar complique un peu l’affaire !
- Étudier aux USA, c’est aussi beaucoup de travail. Les examens sont parfois intenses, suivant les cours et les spécialisations choisies. Il faut vite apprendre à très bien parler et à très bien écrire en anglais, car vos notes en dépendent, et il n’y a pas de traitement préférentiel. Vous êtes un étudiant comme les autres, et votre travail sera jugé comme celui d’un Américain.
- Quatre années, c’est long. Quand vous n’avez même pas encore 25 ans, cela représente une bonne portion de votre vie. C’est un engagement sur la durée, il faut donc pouvoir conserver sa motivation, son moral, son ambition. Ça peut paraître plus long qu’en France. C’est aussi un sacré pas en dehors de sa zone de confort.
- Cela peut être dur de rentrer après quatre ans passés à construire sa vie à l’étranger, avec des êtres chers. C’était pour moi le plus difficile : cette impression de quitter une vie entière et devoir la reconstruire ailleurs —un ailleurs qui n’est autre que la France ! Même si on en connaît et on en comprend la nécessité, c’est un arrachement !
Pendant mes quatre ans dans le Michigan, j’ai eu la chance de participer à l’orchestre de jazz de l’université, à deux programmes de simulation de l’ONU et deux autres de simulation de la Ligue Arabe, et à l’organisation de deux programmes similaires, organisés par mon université pour les lycéens de l’état du Michigan en tant que président de session. J’ai été représentant étudiant, directeur du budget du Sénat étudiant, où j’ai pu gérer un budget de 100,000 $, puis élu Vice-président de l’institution. J’ai participé à des conférences d’économie à Creighton University, deux années de suite grâce à mon professeur d’économie qui y organisait des voyages, tous frais payés. En parallèle, j’ai pu travailler en tant que réceptionniste et en tant que tuteur sur le campus d’Aquinas.
Mon parcours, j’ai pu en être l’architecte, en partie grâce à l’autonomie dont bénéficient les étudiants aux États-Unis. Je me suis forcé, durant mes études, à faire le plus possible, en pensant à mes parents qui m’ont donné l’opportunité d’étudier sur un campus américain. J’aimerais en raconter bien plus, mais je sais que je n’arriverai jamais à résumer les quatre années formidables que j’ai passées là-bas dans le Michigan. Je ne peux que recommander cette expérience.
UN CHOIX CORNÉLIEN
Si vous avez 17 ans, et que vous hésitez entre les deux programmes, je ne sais trop quel conseil vous donner. En fait les deux sont bien pour des raisons très différentes.
Si on regarde du côté de l’acquis linguistique, le programme High School offre plusieurs avantages :
– on est plus jeune, alors on intègre plus vite ;
– il y a moins d’enjeux et on a donc tout le temps d’apprendre ; on avance à son rythme et sans subir la pression des notes et des examens ;
– on n’est pas en contact avec des Français ou d’autres étrangers ; l’immersion est totale et l’acquis plus global (on est plongé dans le quotidien de la langue) ;
– pour l’accent, la fluidité, l’oralité, je pense que le programme en famille et à l’école est plus favorable.
En revanche, l’université est plus intéressante quant au rapport à l’apprentissage écrit ou académique. L’université est beaucoup plus exigeante de ce côté-là. Cela nous oblige à structurer nos connaissances et à faire preuve de plus de rigueur.
De façon générale, je crois que le programme High School vous permet de vous plonger dans le pays et la société et de vous y intégrer complètement : en somme vous devenez plus Américain. La force de l’université, c’est le campus, la qualité de l’enseignement, la puissance de tout ce qui est mis à disposition. En schématisant, il y a d’un côté l’apprentissage d’une culture de l’autre de savoirs.
Il y a donc une vraie complémentarité dans les deux programmes. Personnellement, si je devais ne conserver qu’une des deux expériences, je garderais sans hésiter celle en “High School”. Mais pour quelqu’un qui a déjà le bac en poche, ou qui envisagerait de rester sur le moyen ou long terme aux USA, je pense que l’université est plus appropriée. Et ce qui est certain également, —au vu de ce que j’ai pu vivre et de ce que l’on a pu me rapporter—, c’est qu’une des meilleures expériences d’études supérieures que vous puissiez envisager —voire la meilleure—, c’est celle des études sur un campus américain.