On m’avait prévenue : « Pas d’amoureux en France, ça ne fera que compliquer les choses ! » On écoute, mais en même temps on se dit qu’avec nous ça va être différent, que c’est notre histoire, et on y croit fort, parce que justement, c’est la nôtre. Et on s’implique tellement dans cette histoire qu’on oublie de s’impliquer dans tout le reste, dans notre nouvelle vie. On passe des heures sur MSN ou au téléphone avec la personne aimée, celle qu’on a laissée en France. On en oublie les autres, la famille avec laquelle il faudrait créer des liens. Quand on est amoureux, on n’en fait qu’à sa tête. J’ai vécu trois mois sur MSN, à me remémorer le passé et tous les moments révolus, à imaginer le futur. Au début, c’était cool.
Mais trois mois après, j’avais perdu six kilos, je déprimais, je pleurais tous les soirs. Je ne parlais à personne, j’attendais juste ses appels. Lui a raté son premier semestre d’IUT, a perdu ses amis et sa motivation. Le 21 décembre, on a cassé. Ce n’était plus possible. À notre âge, les choses changent vite, et les relations sont paralysées par la distance. On est le 21 mars, il a retrouvé une copine, et moi… je suis toujours amoureuse.
Après six mois et demi, j’ai des amis, des gens sur qui je peux compter, je suis parfaitement intégrée, mais c’est encore dur tous les jours. Mine de rien, j’ai tout de même hâte de rentrer. Partir un an demande du courage, énormément de courage. Il faut accepter de se retrouver seule, en décalage, sans protection. C’est dur de se retrouver face à soi-même.
Gabrielle, Naples
Un an en Italie