JE REPARS
Sotto, Neosho, Missouri
Une année scolaire aux USA en 2012-2013
Aujourd’hui, j’ai 17 ans. J’en avais 14, lorsque j’ai pris cette décision qui a changé ma vie: partir aux États-Unis. À ce moment-là, je ne connaissais ni PIE ni aucune organisation du même type. J’étais juste une jeune gamine solitaire, qui passait son temps dans sa bulle, à regarder des séries américaines, tout en dessinant ou écrivant des histoires. Durant la majeure partie de ma préadolescence, je ne me sentais pas bien dans mon corps. Ou plutôt —et pour être précise— je dirais que je ne me sentais pas bien là où j’étais. Voilà, c’est cela: je n’étais pas à la bonne place. Je ressentais le besoin de changer quelque chose pour être heureuse. Je m’étais toujours sentie proche des États-Unis: j’avais l’intuition que j’appartenais à ce pays et que j’y trouverais enfin ma place. Pourtant je n’y avais jamais mis les pieds auparavant, et je n’avais a priori pas d’attaches ou de parents là-bas: c’était juste un sentiment. Je ne peux toujours pas me l’expliquer.
Au nouvel an 2014, j’ai compris plein de choses, j’ai choisi de regarder ma solitude en face (pas d’amis… et ma mère comme seule famille!), et j’ai décidé de me confronter à mes rêves et à mes désirs. J’ai pris mon courage à deux mains et j’ai commencé à faire des recherches pour réaliser le premier de ces désirs: «Partir aux USA». C’est en veillant sur le net, vers 3h du matin, que je suis tombée sur PIE, et c’est là que mon aventure a commencé. Que d’efforts ensuite et que de paperasses… Je ne peux pas tout vous raconter, mais je me dois de vous dire que PIE m’a fait un cadeau inestimable en m’offrant une bourse intégrale. Comment expliquer qu’ils m’aient choisie? Je ne pense pas que j’étais la plus intelligente ou la plus prometteuse, mais ce dont je suis sûre, c’est que j’avais une immense motivation, et que c’est cette motivation, à n’en pas douter, qui a fini par payer.
Le 16 août 2014, je me suis envolée en direction de ce pays qui me faisait tant rêver. Je me souviens du départ ; je m’en souviens comme si c’était hier. Nous étions tous regroupés à l’aéroport, et je me souviens des pleurs de tous ceux qui quittaient leur famille, et de moi qui, de mon côté, avais
l’impression d’avoir gagné à la loterie. Et puis j’ai vécu mon année dans le Missouri. J’ai appris à me connaître, à profiter de la vie, je me suis enfin sentie acceptée quelque part. J’ai rencontré tellement de gens qui pensaient et vivaient comme moi. Pour une fois, j’étais heureuse d’aller à l’école tous les matins et de fréquenter les autres. J’avais enfin l’opportunité de pratiquer ce qui m’avait fascinée toute mon enfance : le cinéma et le théâtre. Je rencontrais enfin des gens simples avec qui parler de mes passions, qui désormais ne rimaient plus avec «stupide», ou «ridicule», ou
encore avec «impossible». J’ai fait des rencontres humaines exceptionnelles. J’ai appris et grandi, j’ai ouvert grand les volets de mon avenir. Et soudain, mes perspectives sur le monde et sur la vie et sur ses priorités ont pour moi totalement changé. Cerise sur le gâteau : j’ai été amenée durant cette année à prendre contact avec mon père biologique (qui s’est révélé être un résident américain). Alors j’ai donc non seulement retrouvé un père, mais également eu l’opportunité de devenir Américaine ! Je n’ai même pas réfléchi: j’ai saisi directement cette opportunité. Il était hors de question pour moi de retourner définitivement en France. La solution m’était offerte, comme sur un plateau.
Depuis deux ans, j’ai l’impression de vivre un véritable conte de fée. Ce conte a commencé grâce à l’extrême générosité de PIE, cette association sans qui, pour moi aujourd’hui, tout serait bien différent, cette association qui a orienté positivement ma vie et qui m’a ouvert un chemin a priori inconnu et caché.
Voilà. Je suis aujourd’hui revenue en France pour trois mois, pour dire au revoir à mes proches et pour récupérer ma chienne —avec laquelle je vais entamer mon voyage vers la Californie—, un voyage vers la vie que secrètement je souhaitais vivre.