Le premier mois, c’était le paradis : le camp de langue était facile — ce n’est pas forcément là que j’ai appris à perfectionner mon anglais, mais j’en ai tout de même tiré plein de positif, beaucoup de rires et beaucoup de rencontres — et je garde dans mon coeur le meilleur des souvenirs : ma famille d’accueil. Des gens extraordinaires qui m’ont totalement intégrée comme un membre à part entière de leur famille. Je garde le souvenir des deux petits loups, Ethan et Avery qui m’ont fait rire et qui m’ont attendrie avec leurs jeux et leurs câlins; de Deirdre, toujours présente, attentive et drôle, avec qui j’ai cuisiné mon premier « strawbery-rhubarb pie » et avec qui j’ai escaladé pour la première fois mon rocher (alors que le vide est ma pire frayeur), avec qui j’ai sauté dans un lac ensoleillé, et Jeff qui était le meilleur des papas que j’aie jamais rencontré — c’est avec lui que j’ai découvert la country — Je n’ai passé qu’un mois dans cette merveilleuse famille et pourtant en la quittant, j’ai pleuré tout ce que je pouvais… On s’est promis de rester en contact. Ils m’ont dit que si quelque chose n’allait pas la porte restait grande ouverte.
J’ai repris l’avion. J’ai flippé une fois de plus. Je suis arrivée à Greenbelt, dans ma famille dite « définitive » — qui au final ne sera définitive qu’un mois. On ne sait jamais où l’on tombe et ce qui nous attend, et c’est cela qui fait grandir aussi. Famille exécrable, une mère hurlant « asshole fuck piece of shit » à longueur de temps et qui m’a détestée dès le premier jour, un père raciste et cynique, un frère plutôt charmant mais pas vraiment stable. Je n’ai rien dit à ma famille pour ne pas l’inquiéter, mais après un mois de « torture », j’ai décidé d’appeler la représentante, et dans la foulée, j’ai déménagé. Ce fut le temps de la famille temporaire : adorable, aimant le théâtre, la musique, les films, une famille géniale avec qui j’ai passé de très bons moments. Je vis maintenant dans une famille définitive, avec ma soeur Courtney que j’adore plus que tout avec qui je partage chambre, lit, télé, fringues, fous rires : une personnalité très vivante. On s’entend à merveille, j’adore la mère, j’adore les autres soeurs. Ils ne roulent pas sur l’or, mais tout est tellement génial ici, qu’on s’en fiche. J’apprends à me débrouiller par moi-même. Comme les parents bossent le week-end, on doit s’arranger pour faire des choses : il y a un planning pour ranger la maison et je participe activement aux tâches. Ça ne me dérange pas du tout. Ici je ris, je pleure, je vis tout simplement ; tout n’est pas rose car ma famille me manque et desfois tout m’insupporte, mais c’est très rare.
Marion, Greenbelt, Maryland, Un an aux USA