L’impression du mois

p_314_54_impression|moisKIA ORA 
Manon, Aotearao — Une année en Nouvelle-Zélande 
En image: la Nouvelle-Zélande vue du ciel

31 août 2012 — Je reçois l’appel de PIE, je pleure toutes les larmes de mon corps. «Non, je ne partirai pas en Amérique. Non, je ne vivrai pas cette expérience magique.» Aucune famille d’accueil ou aucune école ne m’a choisie, c’est triste, mais c’est comme ça. Je fais partie des dix «malchanceux» (dix parmi plus de deux cents étudiants d’échange) à ne pas pouvoir vivre le rêve américain.
Après une longue semaine de réflexion, je me décide enfin à tenter ma chance autre part. La Nouvelle-Zélande? Pourquoi pas après tout! 
Quand je dis à mes amis: «Hey, great news!  Je pars finalement en Nouvelle Zélande! »… les réponses sont souvent les mêmes: «Oh, génial… mais, dis-nous, mis à part les moutons et les All Blacks, il y a quoi là bas?» ou encore: «Oh génial, j’ai toujours rêvé d’aller en Australie.» Bien tenté, mais la Nouvelle-Zélande, pour info, c’est le tout petit truc juste à côté! Passons.
Nous voilà donc, le 9 octobre 2012, à l’aéroport. Des larmes encore… et plus encore en m’éloignant de ma famille. Une fois assise dans l’avion (un A380, s’il vous plaît, car PIE ne fait pas les choses à moitié!), je ne sais plus vraiment quoi penser. Pour dire la vérité, je n’ai qu’une envie: partir en courant rejoindre ma petite maman que j’ai laissée en larmes!
Après deux jours de voyage, quatre avions et de longues heures d’attente, me voilà à Napier. Et bientôt, je découvre ma nouvelle maison et mon «immense-super-huge family»: quatre «host-sisters» (et leurs boy friends), deux «hostparents», deux «Exchange students», deux chiens et cinq chats! Rien que ça. Pour être honnête, la première semaine fut rude, très rude. Je me suis posée toutes les questions possibles et imaginables. Je n’avais qu’une idée en tête: rentrer!
Rentrer en France immédiatement. 
Et puis j’ai commencé le lycée. Et j’ai oublié mon idée. En fait, elle s’est estompée assez rapidement et de plus en plus nettement. Et j’ai commencé alors à profiter vraiment de cette «Amazing adventure». Les trois premiers mois ont été une sacrée étape : devoir me concentrer sur mon anglais, prendre sur moi, devenir complètement autonome, gérer mes petits coup de blues, me faire des amis, prendre mes repères. Mais finalement, je me suis habituée assez vite. Et puis il y a eu Noël, et puis le Jour de l’An —le tout en plein été bien sûr— sans clémentines ni foie gras… mais avec bien d’autres petites merveilles.
Janvier, février, mars… les mois ont défilé… vite, beaucoup trop vite. J’ai trouvé une certaine routine, pris de petites habitudes, tissé des liens très forts avec ma famille d’accueil autant qu’avec mes amis. Maintenant, je me sens chez moi. J’ai ici, ma deuxième maison, ma deuxième famille. J’ai vécu des choses extraordinaires: mon bal de Promo, le «Art déco weekend», les multiples visites de la capitale (non, pas Auckland —voyons—  mais Wellington…). 
Nous voilà en Juin: J-25. J’essaie de profiter un maximum de mes derniers jours au Paradis. J’ai grandi. J’ai appris à mieux me connaître (je parle de mes défauts comme de mes qualités), je suis plus autonome, je vois les choses assez différemment, j’ai surtout moins de complexes. Il me reste encore beaucoup de choses à vivre ici: l’«International Week», mes 18 ans, le «Stage Challenge». J’appréhende mon retour en France, mais je suis impatiente également de retrouver ma famille, mes proches et toutes les personnes qui m’ont soutenue et encouragée tout au long de mon année à l’étranger. Mais dire au revoir à ma famille et à mes amis néo-zélandais ne va pas être une tâche facile! 
Cette expérience m’aura appris énormément de choses, autant sur le monde qui m’entoure que sur ma petite personne. J’ai appris beaucoup sur la Nouvelle Zélande, ses traditions, ses cultures, ses façons de vivre. Il y a, ici, des gens merveilleux, une présence énorme de la culture maori, des hakkas à tous les coins de rue et à toutes les occasions, des paysages à couper le souffle… et j’en passe ! Finalement, ne pas avoir été prise en tant qu’«Exchange Student» aux USA est une des plus belles choses qui me soit jamais arrivée : je ne regrette absolument pas mon changement de destination! «Whoever said childhood is the best time in life, has never been an exchange student.*» E noho ra.
*Quiconque prétend que l’enfance est le plus bel âge de la vie, n’a jamais été étudiant d’échange.