La chose la plus dure

Au début, je me dis : « Comment peuvent-ils vivre si différemment de nous ? » Je pense même qu’ils sont un peu fous. Et les mois passent.
Neuf mois c’est long. Vous en rencontrez des inconnus, des gens bizarres — bizarres aux yeux d’une adolescente française — mais peu à peu ces gens deviennent vos amis. En neuf mois vous en découvrez et vous en comprenez des choses.
Mes amis français m’appellent souvent. Je m’aperçois que quand je leur raconte mes histoires, ils me méprisent : quand je leur parle de l’achat d’une robe pour le bal de « Prom », ou des trajets au magasin en pyjama, ils se moquent de moi ! Ils trouvent que j’agis bizarrement. Ils me disent : « Dis-nous que t’as envie de rentrer. » ; « Dis-nous que t’en as marre des Ricains. » ; « Et t’as pas trop grossi, j’espère… ».
Si par malheur un mot anglais m’échappe, ils disent que « je me la pète ». Alors j’ai envie de raccrocher.
La chose la plus dure, après neuf mois ici, neuf mois sans avoir vu mes proches. Ce sera bien de les retrouver !

Maylis, Spokane, Washington, Un an aux USA