Je crois qu’avant de partir, on ne réalise pas vraiment ce que «Partir» veut dire. Moi, je me disais: «Oui, cela va arriver bientôt, mais je serai rentrée avant d’y penser!»
Et puis le grand jour est arrivé! Et là, ce fut une autre affaire.
On ne se rend compte de rien tant qu’on n’est pas sur place. Pour ma part, c’est en atterrissant, à minuit, en voyant deux filles tenir une pancarte avec mon nom écrit dessus que j’ai réalisé que j’étais partie et que l’aventure commençait. En fait, je ne voulais pas y penser avant.
J’ai de la chance. J’ai trouvé une famille aimante, une famille que j’adore vraiment. J’ai des amis, et tout va bien pour moi. J’ai déjà des souvenirs.
Quand on m’a annoncé que j’allais devoir me réveiller tous les dimanches matin pour aller à la messe, j’étais à deux doigts de faire la tête… mais bon, j’ai gardé le sourire. Il faut toujours garder le sourire! Et puis, je m’y suis faite. Ce matin par exemple, sur le chemin de la messe, on a tous chanté —avec la musique à fond dans la voiture—, le père, la mère, mes soeurs et mon frère! Et on a tous rigolé!
Oui, j’ai eu le mal du pays. Non, rien n’est «tout beau tout rose» dans la vie. Mais cette expérience est un vrai rêve. Je fais partie d’une famille américaine, qui m’a acceptée et avec qui je passe des moments géniaux. J’ai trouvé des amis très différents de ceux que j’ai en France. Je me demande parfois si je suis encore la fille que j’étais il y a un ou deux mois.
À l’école les professeurs sont presque des amis. Mon professeur de chimie aime nous démontrer, expérience à l’appui, qu’on nous raconte beaucoup de mensonges. Mon professeur d’art aime nous parler de sa propre expérience.
C’est assez marrant de voir que les Américains agissent parfois un peu comme on imagine qu’ils vont le faire. Les stéréotypes ont donc sans doute un fond de vrai… Parfois, cependant, la réalité les bouscule… Les Américains, sur certains points, nous ressemblent.
En partant, on apprend à gérer la différence. On apprend à apprendre de la différence. Personnellement, je sais que le changement a été dur. J’aimais mon petit confort. Partir aux États Unis, ce fut comme un saut dans le vide. Je n’avais aucune idée de là où j’allais, de l’endroit et du monde où je tomberais. Je ne savais pas plus comment j’allais réagir. J’ai eu très peur. Je me suis imaginée toute sorte de scénarios. Et puis les choses sont arrivées et j’ai fait avec. J’ai dû m’habituer à l’hyper activité de ma famille, à ma situation «d’Exchange Student», au nouvel environnement. C’était un nouveau tout. Mais, croyez-moi, c’est plus effrayant d’y penser que ça ne l’a été de le vivre. Même si je sais que tout le monde n’a pas ma chance, car j’ai eu un bon lycée et une bonne famille. Moi, j’ai trouvé une place ici, alors quelque part mon expérience est déjà réussie.
Oui, faire un échange demande du courage, mais le résultat vaut tous les efforts. Quand ma soeur d’accueil arrive le matin en chantant à tue tête «Barbie Girl», ou que mon autre soeur d’accueil me saute dans les bras pour un câlin, ou que ma mère d’accueil s’assoit à mes côtés pour discuter… Tout cela est fort et indescriptible. Si on ne le vit pas, on ne comprend pas. Je compte bien profiter de chaque minute qui va venir. Chacune vaut de l’or.
Si, comme je l’ai fait, tu lis «Trois Quatorze» pour savoir si oui ou non tu veux t’engager dans cette expérience, je te dis: «Oui, fais-le; tu ne le regretteras pas.»
Merci PIE. Rien ne serait possible sans toi.
MARIE
Boise, Idaho — Une année aux États-Unis