J’en rêvais depuis au moins cinq ans. Je n’arrêtais pas de harceler mes parents pour qu’ils me donnent leur accord. Un jour, ils ont dit oui. J’ai commencé à faire plein de plans, à m’inventer de fabuleuses histoires sur le Canada, ce grand pays sauvage où les ours rodent en ville. Puis je suis arrivée.. J’ai dû affronter certaines réalités et j’ai soudain réalisé : « Mince, je suis là pour dix mois ». Bien vite les petites difficultés de tous les jours m’ont parues insupportables. Mais dix mois, m’avait-on dit, ça passe vite. J’ai alors saisi chaque jour comme il venait et pris le côté positif de chaque événement (comme mon changement de famille par exemple). Cette vision des choses et cette façon de voir le monde, je ne l’avais pas avant de partir, et je ne savais même pas qu’elle existait en moi. Je me sens grandir et mûrir. Je me sens plus ouverte, plus patiente et plus tolérante.
Maïté, Atikokan, Ontario, Canada – Mai 96