Fin août : Rémi, notre fils de 16 ans a rendez-vous dans quelques jours avec les USA. L’atmosphère à la maison est à la limite du normal. Rémi
parle haut, vite et fort, et l’idée du grand saut semble l’exciter. Moi, au lieu de monter le ton, comme je peux le faire d’habitude, j’ai envie de lui montrer tout mon amour. J’ai envie de le toucher, de le prendre dans mes bras, de le câliner comme quand il était bébé. Il se prête volontiers à mes fantaisies subites, des fantaisies qui s’étaient étiolées avec le temps et avec son grand âge. Quant à son père il a choisi, en plein milieu du mois d’août, de jouer les pères Noël, et de –dévaliser” en sa compagnie une de ces boutiques qu’affectionnent nos jeunes (–Quick silver ”, –Rip Curl”…). Bref : le coeur a ses raisons… Quant à la petite dernière (3 ans), elle a bien compris qu’il lui fallait céder pour un temps son statut de princesse, et accepter de voir se déplacer vers son grand frère le pôle d’attraction de la maisonnée. Et son frère de lui répéter à longueur de journée : « Dis, tu m’aimes ? Dis, quand je serai aux pays des Mac-Do, tu ne m’oublieras pas ? » Et, elle, de répondre : « Et moi aussi quand j’aurai 4 ans (comprendre
» Quand je serai grande« ) je pourrai aller au pays des Mac-Do ? ».
J’allais oublier de parler d’Anne-Charlotte et d’Audrey, deux amies de Rémi, affolées à l’idée que leur copain puisse se rendre dans un aéroport, pour prendre un avion d’une compagnie américaine et partir vers un pays auquel les islamistes ont déclaré la guerre !
Le 25 août, la valise est bouclée ; la chambre est vidée et –clean ” ; je suis plutôt contente car je dispose de huit jours pleins pour la transformer en chambre de fille. Cathrine, notre jeune norvégienne, arrive en effet le 3 septembre. C’est du moins ce que je crois. Mais un problème de dernière minute nous amène à l’accueillir plus tôt.
Du 26 août il me reste l’image de Rémi, radieux, avalé par un boyau de verre de l’aérogare. Je t’aime Rémi, éclate-toi ! Laura embrassera tous les matins et tous les soirs ta photo (qui est scotchée à côté de son lit), ton frère t’attendra pour se chamailler avec toi, et ton père pour dévaliser d’autres boutiques. Au revoir et à l’année prochaine. Ma gorge est serrée, mon coeur pleure. Tous ici on t’aime.
Du 26 août je garderai également l’image de Cathrine, tout aussi radieuse… et si jolie. Cathrine et ses 40 kgs de bagages. Cathrine et ses adorables lettres ( celles qui ont précédé son arrivée).
Cette année est pleine de promesses.
La mère de Rémi
Un an aux États-Unis