Juin 2002 : je quitte à reculons l’aéroport de Shenyang ; je ne peux me résoudre à l’idée que cette année se termine, ni à celle de laisser derrière moi ces deux personnes qui m’ont tant donné durant ces quelques mois. Ce bout de ma vie… Avant de se lancer dans cette aventure, on n’imagine pas à quel point, finalement, il est facile de se sentir si bien si loin, de créer des liens si forts avec des étrangers, si différents de soi. Et pourtant ! Les larmes ont coulé longtemps sur mes joues, j’ai regardé la silhouette de mes parents chinois et je l’ai vue lentement rétrécir, pour finalement n’être pluqu’un petit int comme un point final à mon adolescence heureuse.
Novembre 2008 : me revoilà à l’aéroport de Shenyang. Je suis régulièrement venue rendre visite à mes parents chinois, depuis la fin de mon année en 2002. Mais cette dernière visite aura été la plus riche en changements : nouvel appartement, nouveau quartier, des travaux plein la ville. Je ne reconnais plus rien !
Cependant, j’ai retrouvé dans ce nouveau logement la même atmosphère chaleureuse que dans le précédent. Les plats de ma mère d’accueil sont toujours délicieux et les conversations avec mon père d’accueil toujours animées.
Je n’ai revu aucun ami du lycée — avec qui, au final, je n’ai pas gardé contact très longtemps. Mes souvenirs, en tant que lycéenne chinoise, n’en sont peut-être que plus forts. Cette année passée ici, il y a plus de 6 ans maintenant, m’a beaucoup changée. Depuis mon retour, savoir qu’une porte me sera toujours ouverte à l’autre bout du monde me rend heureuse, m’aide à me sentir un peu « spéciale », et à me mettre du baume au coeur quand les idées sont noires.
Je quitte toujours à reculons l’aéroport de Shenyang. Au moment de passer la porte d’embarquement, je ne parviens pas à retenir mes larmes. J’ai tenté pourtant de les refouler vaillamment. Mais je n’arriverai jamais à partir d’ici sans pleurs. Et pourtant, je reviendrai, je le sais…
Aude, Un an en Chine en 2001