Dans l’air, je suis Youri Gagarine : je fais ma révolution. « Whaou ! ça y est, j’y suis ! » Je tends désespérément le cou pour tenter d’apercevoir quelque chose à travers le hublot. J’en ai tant rêvé. Et maintenant on va atterrir. En posant le pied au sol, je me transforme en Neil Armstrong. Je sais bien que c’est un petit pas pour l’humanité mais je sens bien que c’est un grand pas pour moi : c’est l’Amérique, c’est la Lune. Je pars à la conquête de ce nouveau monde. Je suis tout excitée. Je suis Christophe Colomb 517 ans après. Les indigènes sont armés de Coca et de hamburgers.
Soudain, quatre énergumènes me sautent au cou. J’ai l’impression de basculer dans une série télé et d’en être l’héroïne. Tout y est : des « lockers » aux « cheerleaders » en passant par la « cafét ». Tout est neuf, tout est à découvrir. Bien sûr, dans ce monde de rêves, il y a le « Calculus », avec ses « Delta x » et ses « Tangente Lines ». Bien sûr il y a les épreuves sportives et la barrière de la langue (pas négligeable croyez-moi), mais à côté de cela, il y a tous ces moments inoubliables qui font que chaque matin je me sens un peu plus américaine, que j’ai de moins en moins envie de rentrer, que je me sens juste heureuse. Aujourd’hui, avec un peu de distance, je réalise que tout cela n’a pas grand chose à voir avec la conquête spatiale ou avec la conquête de l’Ouest et qu’il s’agit plus simplement de la conquête de moi-même. Je réalise qu’un jour je
reviendrai de cette conquête, et que, ce jour-là, je pourrai dire : « Je suis venue, j’ai vu et j’ai vécu ! »
Hélène, Middletown, Maryland, Un an aux USA