Sur fond de ukulele

Ma copine québécoise est tombée folle dingue de votre journal et elle m’a encouragée à vous écrire et à témoigner du choc qui fut le mien à mon arrivée.
Quand j’ai su que j’allais à Hawaï, j’ai sauté au plafond. PIE m’avait avertie que ce ne serait pas forcément facile, mais malgré ces avertissements je m’attendais un peu au paradis. Or, là où je suis (je ne suis pas à Honolulu), les plages ne sont pas très grandes, il y a peu de vagues (et donc peu de beaux surfeurs) et surtout, oui surtout, l’intégration est difficile. Il faut en effet savoir qu’il y a beaucoup de minorités à Hawaï et donc beaucoup de clivages. La mentalité est très particulière. Pour les étrangers, il est très difficile de se faire des amis – et ça l’est encore plus pour une Guyano-française. Les gens prennent votre téléphone mais ne vous rappellent pas. Ils vous disent bonjour dans la salle de cours mais pas dans le couloir. De plus, Hawaï est une île. Il est difficile d’en sortir, les paysages ne changent pas, on voit toujours les mêmes têtes.
Mais j’apprécie beaucoup mon expérience. Elle m’a changée, transformée, mûrie ; elle m’a permis d’être plus objective. Moi qui critiquais beaucoup l’école française, j’admets aujourd’hui que, malgré sa lourdeur, son manque de dynamisme et son côté « bourrage de crâne », elle permet de savoir lire et multiplier. Ce n’est pas toujours le cas ici.
Et puis il y a des choses fortes. J’ai découvert les trois cultures locales : l’hawaïenne (qui consiste à regarder les couchers de soleil en chantant d’une voix puissante et douce sur fond de ukulele – imaginez en plus les parents qui fument le « pakalolo » devant leurs enfants), la mexicaine (qui consiste à manger tacos et fajitas en écoutant une super musique, en dansant et en chantant) et l’américaine (sodas, burgers, technologies, club, sport et « school spirit »). Un dernier point : aujourd’hui, je parle presque aussi bien espagnol qu’anglais.

Audrey, Kailua-Kona, Hawaï / Une année scolaire aux USA.