C’est un peu le hasard qui a mené Fanny sur la route de l’université américaine. Au départ un projet avorté… qui s’est vite transformé en une opportunité. Deux ans après avoir emprunté la voie PIE CAMPUS, et plus d’un an après avoir atterri dans l’Utah, Fanny réalise que sa décision —de choisir les États-Unis plutôt que la métropole pour étudier— était certainement la bonne. Le sacrifice financier consenti par ses parents s’avère payant, tant en termes de bien-être que de perspectives.
En images : Fanny… et ses amies
Vidéo de présentation de Southern Utah University
3.14 — Comment t’est venue cette idée de faire tes études supérieures aux États-Unis ?
Fanny — Il se trouve que, sur les réseaux sociaux, j’avais vu pas mal de posts de lycéens qui passaient ou avaient passé une année en “High School” aux USA. Partir dans un lycée américain, ça m’a parlé tout de suite… un petit côté rêve américain. J’ai donc commencé à faire mes recherches sur Internet et là je suis tombée sur PIE (qui était bien placé) et j’ai vite opté pour votre organisme. Mais j’ai réalisé dans le même temps que j’étais trop âgée… de quelques jours seulement, puisque je suis née le 4 mars et qu’il fallait, pour partir, être née après le 15 mars ! Alors, comme j’avais mis le doigt dans l’engrenage, j’avais du mal à lâcher l’affaire. Je me suis donc rabattue sur les deux autres offres : au pair et l’université. PIE était le seul qui proposait ce programme universitaire… et les retours étaient très bons !
J’ai découvert surtout que l’année universitaire offrait au final plus de débouchés. La “High School” après le bac aurait coupé mes études. Là, il y a un processus de continuité.
3.14 — L’université s’est donc présentée plutôt comme un pis-aller, un substitut à la “High School”?
Fanny — Oui si on veut. Disons plutôt que ça s’est fait de fil en aiguille et que j’ai saisi l’opportunité. Si je n’avais été d’abord attirée par la “High School”, je crois que je n’aurais jamais été plus loin, car pour moi l’université était financièrement inabordable.
3.14 — D’où l’hésitation avec le programme au pair ?
Fanny — Exactement. Au pair ne coutait rien. Et même si j’ai été surprise par le coût de l’université (c’était beaucoup moins cher que je ne l’imaginais au départ), c’était un vrai investissement —à côté d’au pair, c’était vraiment beaucoup d’argent. Et ça me pesait d’imposer cela à mes parents. J’étais prête à m’occuper d’enfants, mais ma mère a senti que c’était bien l’université qui m’attirait et me convenait, et elle m’a poussée à faire ce que j’estimais être le meilleur pour moi.
3.14 — Est-ce que, deux ans après, tu regrettes de ne pas être partie en “High School” ?
Fanny — Non. Je ne peux pas dire ça. Je trouve déjà que la première année d’études universitaires est assez facile, alors je pense que le niveau académique de la “High School” ne m’aurait pas convenu. Et j’ai découvert surtout que l’année universitaire offrait au final plus de débouchés. La “High School” après le bac aurait coupé mes études. Là, il y a un processus de continuité.
3.14 — On sent tout de même un petit regret ?
Fanny — Non. C’est plutôt une arrière-pensée qui trotte dans ma tête. J’adore être ici aux États-Unis, mais Je me dis que j’aurais pu faire des études classiques en France et que ça aurait coûté moins cher à mes parents et que je n’aurais pas eu besoin de faire de prêt étudiant.
3.14 — Pourtant, tu es originaire de la Martinique, et le coût pour venir en Métropole aurait été élevé ?
Fanny — C’est vrai, mais j’ai de la famille qui aurait sans doute pu m’héberger. Et dans la mesure où je fais de la littérature, l’université n’aurait pas coûté grand-chose. C’est moins vrai pour d’autres domaines d’études (NDLR : notamment pour les études en Business).
3.14 — Revenons au processus de décision et d’inscription ? On sait que l’inscription universitaire est un processus compliqué, et peut-être plus compliqué encore pour un étudiant américain qu’un étudiant français. Ce process est particulièrement chronophage et incertain : il est source de stress pour les élèves de senior (équivalent de la terminale) ? Une fois que tu as pris ta décision de partir, comment s’est passée ton inscription ? As-tu ressenti ce stress ?
Fanny — Franchement pas du tout. Cela a été très facile. Et pourtant, mes parents ne parlent pas anglais, alors j’ai dû tout faire toute seule : info, dossier, suivi, etc. Mais PIE a été d’une grande aide : Meghan (la responsable du programme) m’a super bien accompagnée. C’était très clair et très transparent, tant au niveau des documents à remplir que des coûts (NDLR : PIE simplifie à l’extrême le processus d’inscription en accompagnant individuellement le candidat et en lui permettant —contrairement à ce qui se passe pour un étudiant américain— de ne présenter qu’un seul dossier pour l’ensemble des campus). Franchement au niveau de l’inscription c’était du 5 sur 5 !
3.14 — Tu es aujourd’hui étudiante à Southern Utah University dans l’Utah ? Pourquoi as-tu choisi cette université ?
Fanny — SUU faisait partie de ma liste finale. Le coût des frais universitaires et le montant de la bourse d’études ont été des critères importants… et un peu aussi pour l’aspect des bâtiments. J’aimais bien la couleur (rires), l’ambiance ! J’ai beaucoup regardé tout ce que j’ai trouvé sur le net et sur le site de PIE. J’ai essayé de faire abstraction de la localisation de SUU (au bord des rocheuses). J’avais peur de l’hiver, de la neige, du froid. Cedar City est une petite ville aussi et sans voiture on est un peu isolée.
3.14 — Tu peux voyager, sortir de l’université ?
Fanny — J’ai visité les parcs nationaux, j’ai fait un road trip. Avec d’autres étudiants on a été à Boston, New-York, Toronto. Il faut trouver les autres personnes avec qui tu peux et tu as envie de bouger, et après c’est bon !
3.14 — Restons dans la notation. Si tu devais mettre une note au niveau de l’accueil sur place et au niveau de la qualité du service universitaire (aide administrative, soutien, etc.) ?
Fanny — Là, sans hésiter : 5 sur 5. Ils sont hyper avenants, ils s’adaptent à ton profil. Les journées d’orientation en première année sont très bien faites et vous aident énormément… Franchement, si on a un souci (de logement, d’inscription, de transport, de cours… en fait, quelque souci que ce soit) ils sont très réactifs !
3.14 — Qu’en est-il du logement ?
Fanny — C’est bien… Pour ma deuxième année, je suis dans un grand appartement avec 10 colocataires. Nous sommes deux par chambre et nous avons cinq salles de bains ! Je vis essentiellement avec des Américaines et aussi une fille du Honduras et une du Turkménistan. On s’entend bien. Les bâtiments ou les chambres ne sont pas toujours super propres, notamment les cuisines dans Cedar Hall, mais c’est plus du fait des étudiants que de l’université !
3.14 — Venons-en aux études ? Quel est ton “Major” (domaine d’études prioritaire) ?
Fanny — L’anglais. J’ai commencé par des cours assez basiques : un cours pour apprendre à écrire un essai, un cours de grammaire portant sur les différents styles d’écritures (scientifique, littéraire, technique, etc.). Puis, je me suis orientée plus spécifiquement vers les la littérature. Mais quand j’ai vu vers quoi cela menait, j’ai évolué vers Emphasis Creative Writing, qui me correspondait mieux et qui m’offrait plus de débouchés.
En suivant un cours de cinéma, j’ai compris que cela pouvait être un sujet d’études à part entière pour moi et que je pouvais combiner ce sujet avec des études littéraires plus classiques… Le tout pouvait déboucher sur quelque chose !
3.14 — Faire évoluer son major est donc assez simple ?
Fanny — Oui, d’autant qu’en on a toute une partie de cours généraux en parallèle de sa “Major”. Pour ma part, au premier semestre, j’avais un cours d’Histoire, un cours de Géographie, un cours d’intégration à la vie américaine et au second un cours d‘Anthropologie, un cours de Nutrition et un autre de Cinéma. C’est ce dernier cours qui m’a particulièrement intéressée et qui m’a poussée à m’orienter plus spécifiquement vers Creative Writing. Dans le cadre de ces cours généraux, certains découvrent carrément une matière (ou se découvrent des compétences) et changent donc totalement de “Major”.
3.14 — Tu avais déjà l’idée de t’orienter vers l’écriture cinématographique en tête ou pas du tout ?
Fanny — Disons que j’aimais ça et que je faisais de la photographie et j’avais déjà créé et monté mes petits films, mais en suivant un cours de cinéma, j’ai compris que cela pouvait être un sujet d’études à part entière pour moi et que je pouvais combiner ce sujet avec des études littéraires plus classiques… Le tout pouvait déboucher sur quelque chose !
3.14 — Sur quoi ?
Fanny — Plus j’avance, plus je vois deux chemins qui se dessinent : un qui mène au secrétariat d’édition et l’autre vers l’adaptation (littérature vers cinéma). L’avantage c’est, qu’ici, je peux mener les deux de front. Cinema et Creative Writing se rejoignent et peuvent se combiner
3.14 — Tu penses que cela aurait été possible en France ?
Fanny — Non, à ce niveau-là, c’est totalement différent. En France, les parcours sont moins individualisés, il y a moins de passerelles et moins d’opportunités de changer de direction et d’orienter son parcours à sa façon. Aux États-Unis, il y a beaucoup moins de cloisons, donc plus d’échange plus de porosité et de ponts entres les sujets d’études. C’est un des gros avantages de l’université américaine et des campus.
3.14 — Quels sont les autres avantages ?
Fanny — Je m’aperçois que l’université américaine offre bien plus de débouchés à un étudiant que ne le fait la fac française. Dans mon cas particulier (domaine Littérature/Cinéma), c’est flagrant. Pour en revenir à l’investissement financier, dont nous parlions tout à l’heure, c’est un point important. Les campus américains vous font profiter de leurs réseaux, de leur soutien. À ce niveau, iI n’y a aucune comparaison possible avec la France, et c’est à prendre en ligne de compte en termes de coût des études.
L’aspect plus transversal du monde universitaire, avec toutes ces passerelles entre les études nous permet d’évoluer facilement dans le cours de notre cycle d’études, de multiplier les contacts, et nous évite de rester cantonné dans un milieu trop étroit.
3.14 — Concrètement, comment cela se manifeste-t-il ?
Fanny — Je viens par exemple de recevoir une offre pour entrer dans le NFLS programme. C’est un programme d’honneur qui me permet d’avoir un accompagnement suivi sur toute la durée de mes études avec un soutien de proximité et une offre de bourse supplémentaire. Je dois discuter de cela aujourd’hui même et j’ai bon espoir d’être admise. L’aspect plus transversal du monde universitaire, avec toutes ces passerelles entre les études —dont nous venons de parler—, nous permet également : premièrement, d’évoluer facilement dans le cours de notre cycle d’études ; deuxièmement, de multiplier les contacts ; et, troisièmement, cela nous évite de rester cantonné dans un milieu trop étroit. En France, j’aurais eu du mal à sortir des études purement littéraires et à combiner Lettres et Cinéma, comme j’ai pu le faire ici.
3.14 — Quelles sont les autres différences notables entre les des deux systèmes ?
Fanny — La capacité de l’université américaine à travailler l’aspect concret des choses. À la fin de mon semestre Cinéma, on nous a invités à faire un mini-film sur le sujet de notre choix. J’ai donc écrit et réalisé ma fiction (l’histoire d’une jeune fille pour qui, en apparence, tout se passe pour le mieux dans le meilleur des mondes, mais qui cache en réalité un mal-être profond). Et dans le cadre de mon d’intégration, j’ai pu réaliser également un petit clip sur mon premier semestre à SUU.
3.14 — Au niveau pédagogie, qu’est-ce qui, selon toi , définit le système américain ?
Fanny — Le principe est de favoriser au maximum la réussite de l’étudiant. Les profs sont totalement à notre disposition, très à l’écoute, attentionnés. Ils veillent à ne pas nous mettre mal à l’aise. Et j’avoue qu’il n’y a qu’aux États-Unis que j’ai vu ça. Ils sont “proches” de nous ; mais… comment dire… pas proches au sens “bizarre” du terme : ils veulent juste qu’on avance et qu’on ne soit pas en échec. Je disais tout à l’heure que les cours étaient assez simples à suivre, mais les profs nous demandent quand même pas mal de travail. Nous avons environ 15 heures de cours hebdomadaires, mais chaque cours équivaut à 2 à 3 heures de travail personnel (surtout si on doit rédiger des “essais”). On effectue en général ce travail avant de se rendre en cours, et pas après !
3.14 — Les étudiants ont-ils à leur disposition des outils particuliers ?
Fanny — À SUU, on dispose d’une application hyper pratique pour coordonner notre travail avec les profs : Canva Base. Mais ce qui est le plus marquant ce sont les bâtiments, les infrastructures du campus et tout ce dont un étudiant dispose pour étudier, s’amuser, pratiquer des activités sociales, sportives ou artistiques
3.14 — Personnellement es-tu investie dans une activité ?
Fanny — Je suis membre des Color Guards. On accompagne le Marching Band (la fanfare) de l’université et, avec le maniement du drapeau, on exécute des danses, des motifs chorégraphiques —afin d’améliorer et de mettre en avant la prestation musicale. On fait partie intégrante de la Fanfare. Ça demande vraiment de la précision et de l’engagement physique. C’est très sportif, croyez-moi : on a beaucoup d’entraînements. C’est aussi très social. On se déplace, on voyage… L’équipe est très sympa.
3.14 — Voilà un peu plus d’un an que tu es arrivée à SUU. As-tu fait de belles rencontres ?
Fanny — Je m’entends très bien avec les filles du Color Guard. — c’est très convivial et on partage beaucoup de choses— et avec mes “roommates” aussi. Et il se trouve qu’en arrivant à Las Vegas, j’ai rencontré une ISA (une conseillère internationale) qui m’a très bien accueillie et avec qui je suis restée en contact. On est vraiment proches maintenant. Je connais sa famille, on se voit régulièrement.
3.14 — Qu’est ce qui reste difficile dans cette aventure de l’exil estudiantin ?
Fanny — L’éloignement de la famille, bien entendu… et l’hiver aussi. Le froid, l’hiver, pour moi c’est dur ! mais tant qu’on reste entouré ça va.
3.14 — Projetons-nous dans l’avenir : que feras-tu l’an prochain ?
Fanny — Je pense que je serai encore à SUU. Je me vois rester jusqu’à ma “Graduation”.
3.14 — Et dans 2 ans ? Et dans 10 ans ?
Fanny — J’espère que l’université m’offrira des opportunités pour travailler quelque part aux États-Unis dans une maison d’édition… J’espère que je saurai saisir la bonne occasion.
Dans dix ans, je ne sais pas encore ! J’aimerais bien vivre ailleurs. Ni en France ni aux USA… je me vois bien dans un pays pas commun…. adapter des œuvres pour le cinéma, en anglais ou en français… plus spécialement en anglais, car il y a plus de “matériel” et plus de débouchés dans cette langue.