Tout est tellement nouveau et excitant, même les plus petits détails, ces toutes petites choses qui vous arrivent. Croyez-moi : tout est important. Mais tout n’est pas toujours rose. La première semaine est si difficile. Jamais je n’aurais pu imaginer cela ! Le voyage en avion était pourtant parfait. J’étais super excitée à l’idée de tout refaire : nouvelle vie, nouvelle maison, nouvelle chambre, nouvelle école, etc. Et puis quand tu mets le pied sur la terre américaine, qu’ils parlent et que tu ne comprends rien, que tu te rends compte que t’as atterri, pour de vrai…, alors là, tu te demandes vraiment ce que tu fous là, et ce qui t’as pris de vouloir faire un truc aussi radical et intense que ça. Quand tu te réveilles le premier matin, tu te rends compte que « un an », c’est long…
Ma première journée de lycée a certainement été une des plus horribles de ma vie entière. Quand je suis rentrée chez moi, après les cours, je voulais rentrer en France et retrouver ma vie d’avant. Les gens ne m’ad-ressaient pas la parole. Je suis tombée dans une sorte de quartier où les 3/4 des habitants sont noirs et pauvres.
Et puis la première semaine est passée. J’ai fait quel-ques connaissances. Et j’me suis dit que je pourrais pas tenir un an en tirant la gueule tout le temps. Alors j’ai pris ça du bon côté, en me disant que ça faisait partie de l’expérience, et, comme m’a dit mon « hostfather », que « c’était un challenge » ! Et c’est là que tout a changé !
Aujourd’hui, 4 mois après, tout a tourné. Oui, aujourd’hui, je n’ai qu’une peur : celle de rentrer… Le temps passe si vite. Parfois bien sûr, j’ai des baisses de moral, mais bien moins que ce que j’aurais pensé en arrivant ici.
Tout le monde m’aime bien, mais pour autant je peux affirmer qu’il est dur de se faire des vrais amis. Parfois, quand ça ne va pas, ça me manque de ne pas avoir quelqu’un pour me consoler, de ne pas trouver une épaule pour me réconforter, ou simplement quelqu’un pour me donner des conseils.
J’ai dû changer de famille. Je suis passée d’un couple d’une vingtaine d’années à un couple de retraités, eh ben, je peux vous dire que je ne regrette rien, ils sont tellement gentils et je suis tellement bien avec eux ! Avant de venir, j’me suis posé des tas de questions, je pensais.
que je savais tout sur tout. Eh ben non !
J’ai connu le temps des désillusions. Et maintenant je vis celui des surprises. Il faut faire face à tout ça et s’adapter, il faut se donner à 100% : c’est l’unique secret pour réussir à s’intégrer totalement. En partant, je m’étais dit que je serais ouverte, pas timide, accueillante, etc. Mais c’est pas si facile de devenir tout ça. Parfois on n’a pas envie de parler, parce qu’on les comprend pas et qu’on a l’impression qu’ils font aucun effort. Voilà : je n’ai pas encore vaincu ma timidité, mais je m’améliore.
Parfois, oui, c’est vraiment difficile, et puis juste après, c’est comme si on avait toujours vécu là : les 4×4 ne nous étonnent plus, les 45 fast food côte à côte sur la même rue, non plus, les étudiants qui viennent au lycée en pyjamas, chaussons et peignes dans les cheveux non plus, les « lockers » deviennent faciles à ouvrir, on trouve normal de faire un « hug » à un prof…
Papa, Maman, je sais que je vous manque beaucoup, mais je ne vous remercierai jamais assez de m’avoir donné la chance de partir cette année… Je vous aime fort !
Marjorie, Preoria, Illinois, Un an aux USA